A la découverte de Guangzhou

Un jour, je demandais à little miss tiny, « qu’est-ce que tu fais ? » et elle me répondit « I am in the chicken », parce que parfois little miss tiny confond les mots. « You would not rather go to Guangzhou ?, chicken is speciality ».

Guangzhou, the Southern Gateway to China 

Guangzhou 广州, en français Canton, c’est au nord de Shenzhen, et c’est la capital du Guangdong. C’est une grande ville, en fait la troisième du pays après Shanghai et Pékin, et contrairement à Shenzhen, elle a une longue histoire.
Selon une légende, Guangzhou est en fait la ville des chèvres, aucun rapport avec le poulet. Il y a très longtemps, il y avait la famine. Cinq immortels sont descendus du Ciel, à califourchon sur des chèvres de différentes couleurs, tenant dans leurs bouches des épis de blé, ils ont offert le blé aux habitants, ainsi, ceux-ci ne mourraient plus de faim.
Dans la réalité, Guangzhou a été fondé au IIe siècle avant note ère, et plus tard, au VIIe siècle, sous l’époque Tang, c’était une cité marchande et un port internationale qui accueillait des étrangers venus d’Asie et de Perse. Ceux-ci introduisirent de nouvelles traditions culinaires et artistiques. Des Portugais arrivent en 1514, ils sont expulsés après quelques années mais ils s’installent à Macao.
Plus tard, en 1644, les Mings sont renversés par les Mandchous ce qui entraîne une colère et un sentiment nationaliste dans la région.
Toutefois, des Britanniques en profitent pour s’établir à Canton, puis des Français à partir de 1685. Le commerce international prospère et les anglais en profitent pour écouler leur opium. Mais en 1839, les chinois confisquent 20 000 caisses d’opium et prennent des marchands étrangers en otage, ce qui provoquera l’intervention des troupes britanniques. La première guerre de l’opium se termine avec le traité de Nankin en 1842 et Canton, comme Shanghai, fut l'un des cinq ports ouverts au commerce international. Souvenez-vous, je vous en avais parlé dans un précédent article. Après la seconde guerre de l’opium, des Occidentaux s’installent encore un peu plus et nous pouvons voir encore aujourd’hui des bâtiments coloniaux à l’architecture européenne dans la ville.
En 1911, les Qing sont renversé, c’est le début de la révolution, est Guangzhou devient le siège du mouvement de Sun Yatsen et du Guomindang. Sun Yat-sen est considéré comme « le père de la Chine moderne », il a été le premier président de la république de Chine en 1912. Au début, le Guomindang et les communistes vont collaborer avant de s’entretuer dans la guerre civile, mais c’est une autre histoire.
Il y a donc des disparités, des différences culturelles entre Guangzhou et le nord de la Chine. La présence de l’autorité gouvernementale et de l’imposition de l’ordre est ici moins visible qu’à Pékin, c’est plutôt le désordre qui règne. Les habitants de Guangzhou parlent le Cantonais, qui est incompréhensible pour les chinois du nord, mais de nombreux habitants sont maintenant bilingues. Les chinois du Sud sont aussi capables de manger tout est n'importe quoi, tout ce qui est comestible, des reptiles aux insectes alors que pour little miss tiny, qui vient du nord, c'est quelque chose de dégoutant.
Aujourd’hui, Guangzou est le centre de l’industrie et du commerce extérieur le plus important au sud de la Chine. Une grande foire y a lieu chaque année. Peut être que maintenant Shenzhen lui fait de l’ombre, mais on peut parler de la région comme usine du monde.
Guanzhou s’est donc considérablement enrichie au cours des 20 dernières années. Toutefois, Guanzhou est une ville contrastée, des disparités sont visibles dans le tissu urbain.
Le trajet en train à grande vitesse entre Shenzhen et Guanzhou dure 30 minutes et nous arrivons dans les sous-sols d’une gare moderne en verre et en béton. En sortant, les immeubles immenses, sans âmes, serrés les uns contre les autres ne nous surprennent pas, ils sont similaires à ceux de Shenzhen.

Les marchés

Toutefois, en nous engouffrant dans la ville, entre ces barres de logements et les autoroutes qui balafrent la ville, il y a des rues plus étroites avec des maisons ou des immeubles de faible étage, à taille humaine. Ces quartiers sont plus traditionnels et animés. Il y a du monde de partout, et nous devons nous frayer notre chemin sur les trottoirs étroits, de part et d’autre de la rue, entre les échoppes des marchands, les baraques de restaurants, les étals de fruits et légumes qui débordent sur le trottoir, les vélos, les brouettes et les scooters électriques. Des chinois bavardent, mangent et d’autres jouent aux cartes.
C’est un milieu vivant et remuant, agrémenté aussi d’odeurs de cuisine, d’humidité, mélangées à celle du gazoile des autobus et qui donnent une saveur à l’air ambiant. Ces rues commerçantes contrastent avec les buildings énormes et impassibles mais ces disparités architecturales reflètent aussi des inégalités sociales, les habitations bordant ces petites rues étant dégradées, insalubres ou peu confortables. Mais ces quartiers populaires disparaîtront peut être avec le temps, avalés par l’urbanisation de masse.
Au milieu de cette effervescence, nous continuons à déambuler entre les étalages. Guangzou est un marché géant. Nous avons de bonnes chaussures et nous regardons avec nonchalance les baskets avec une virgule sur le côté. Avec le copy market, Guangzhou est en effet un centre important de la contrefaçon.
Nous longeons des boutiques de bijoux, de jade et d’autres babioles. En continuant, il y a le marché de légumes, le marché aux épices et nous arrivons au marché de la médecine traditionnelle, le marché Qingping. 
Au marché de la pharmacopée chinoise traditionnelle
Tout autour de nous s’étalent des herbes, des graines, des plantes médicinales, des champignons séchés, des cornes de cerfs, des os, des pattes d’ours, des insectes séchés. Certains de ces produits sont courants et bon marchés, d’autres rares et chers, ils sont utilisés en tant qu’ingrédients de la pharmacie chinoise. Un jour, j’écrirais un article sur la médecine traditionnelle chinoise pour approfondir un peu le sujet.

Le vieux Guangzhou

Après toute cette agitation et ses stimulations visuelles et sonores, nous sommes allés sur l’île de Shamian au bord de la rivière des Perles.
Après les guerres de l’opium, à partir de 1859, l’île qui était en fait un banc de sable, a été divisée en plusieurs concessions étrangères, les deux plus importantes étant britannique et française, est elle conserve encore aujourd’hui l’empreinte de cette époque. L’île mesure 1 km de long et l’avenue principale qui la traverse et bordée d’arbres majestueux et de bâtiment de style architecturale européen, victorien ou second empire. Le lieu est photogénique et romantique, little miss tiny qui n’était jamais allé en Europe est aux anges. L’île est une enclave de tranquillité au milieu de la monstrueuse démesure de Guangzhou. Il y a des parcs, verts et ombragés, ou nous prenons plaisir à nous rafraichir. Tout comme à Shenzhen, il fait très chaud à Guangzhou. Plusieurs statues en bronze sont disséminées autour de l’île. Une fille qui introduit une carte dans une boîte aux lettres, un garçon qui lit, une femme qui joue du violon, suivie de cinq enfants.
Aujourd’hui, ces bâtiments abritent des cafés et de nombreux consulats. Il y a également un restaurant français mais que nous n’avons pas essayé car les tarifs sont plutôt élevés.
Nous flânons dans les ruelles piétonnières et je recherche des bons plans pour pauser et faire des photos. Des couples en robe de marié profitent également du décor pour se faire photographier.
Sur l’île de Shamian
Nous sommes allés visiter le temple de la famille Chen. Il a été construit en 1894 et financé par les familles de la province portant le nom de Chen qui est en fait le plus courant dans la région. C’était donc un sanctuaire pour vénérer leurs ancêtres mais aussi un lieu pour étudier les classiques de Confucius.
Le contraste intervient ici entre les murs en briques gris et tristes et les frises, les fresques, colorées et animées, les portes sculptées, qui ornent le temple. Il y a aussi un musée qui m’a émerveillé grâce aux sculptures sur bois ou sur ivoire et la délicatesse des personnages représentés. Ce temple est un bel et grand endroit à visiter, nous flânons dans les nombreux bâtiments et halls, les pavillons, les cours, dans les jardins, au bord du lac. Nous trouvons une petite table en pierre ronde et nous nous installons sur les petits tabourets pour nous reposer à l’ombre des arbres et discuter des prochains sites à visiter.
Le temple de la famille Chen
Nous trouvons un autre temple, bouddhiste cette fois, avec une grande pagode typiquement chinoise, puis nous allons encore déambuler dans de petites ruelles, des marchés colorés et des restaurants appétissants.
Nous traversons un grand parc, des dames dansent avec des ombrelles, elles s’entraînent et je m’amuse à regarder celle qui est en retard sur la chorégraphie par rapport aux autres. En tout cas, elles ont l'air de bien s'amuser.
Un peu plus loin, c’est un groupe de chanteurs, assis à l’ombre d’un kiosque à musique. Ils suivent attentivement le chef de chorale. Les paroles des chansons et les notes sont indiquées sur une grande feuille blanche, mais je ne sais pas déchiffrer ce système.
lalala
C’est par le métro, propre et moderne, que nous pouvons aller dans le district de Tianhe, avec les nouveaux quartiers et le centre d’affaire de Guangzhou. Le contraste est saisissant, ici, la Chine ancienne n’existe pas, les gratte ciel pousse comme des champignons au bord de la rivière de Perles, il y a le centre financier, des centres commerciaux, des bâtiments modernes aux formes étranges tel que l’opéra, et il y a la célèbre Canton Tower, une aiguille de structure hyperboloïde dont l’antenne atteint 600 mètres de hauteur. C’est le symbole de la région, un peu comme la tour Eiffel à Paris.
Nous sommes restés deux jours à Guangzhou, c’était en juillet 2018, et bien sûr nous avons testé plusieurs restaurants et nous avons mangé du poulet.
A bientôt dans une nouvelle place.

Commentaires

mamounette a dit…
Je crois bien que les baskets de little miss tiny portent une virgule ! Hi hi !