Vue sur Pudong depuis le Bund |
À la différences de nombreuses autres villes chinoises, Shanghai n’a pas une longue histoire. Jusqu’au XVIIIe siècle, ce n’était qu’un village de pêcheur au bord de la rivière Huangpu. Mais après les guerres de l’opium du XIXe siècle, l’empereur est contraint de signer le traité de Nankin, en 1842, qui met fin à la guerre et ouvre cinq ports aux étrangers, dont Canton et Shanghai. Ainsi, des marchands britanniques, puis des Français et des Américains vont venir s’installer à Shanghai. Shanghai est ensuite divisé en trois parties, la vieille ville chinoise, la concession internationale et la concession française, car ceux-ci voulaient faire bande à part !
La nuit tombe sur le Bund |
Les concessions étaient ouvertes aux chinois, mais les étrangers contrôlaient l’administration, les douanes et la police. Grâce au commerce et au trafic de drogue, les occidents vont s’enrichir aux détriments des chinois. Toutefois la ville se développe, s’agrandit. Shanghai attire ceux qui souhaitent échapper à la surveillance des autorités chinoises, des bandits, des opposants politiques, mais aussi des habitants de toutes les provinces chinoises qui ont l’espoir d’une vie meilleure. Ils acceptent des salaires misérables, mais ce prolétariat se regroupera en syndicats. Des Japonais s’installent également et participent à l’industrialisation de la ville. Ville de la finance, mais aussi ville des plaisirs, c’était aussi l’époque des fumeries d’opium, des bordels, des casinos, mais aussi l’essor des arts, du cinéma, du théâtre.
Taureau similaire à celui de New York, sur le Bund, il symbolise le dynamisme de la ville |
Mais que reste-il du Shanghai des années 20 ? L’ambiance n’est probablement plus la même. Le Bund, c’est le quartier qui longe la rivière Huangpu. C’est sur la rive gauche que reste de nombreux bâtiments historiques de l’époque. La Shanghai Pudong & Development Bank a conservé ses activités d’origine, ainsi que la maison des Douanes, avec son horloge qui carillonne la même mélodie que Big Ben à Londres, la Bank of China, le siège d’HSBC (Hong Kong & Shanghai Banking Corporation), les anciens locaux du North China Daily News, et de nombreux hôtels de luxe.
Zhongshan DongLu sur le Bund |
Je vais me trimbaler sur le pont de Waibaidu, il date de 1908. C’est un pont métallique toutefois moins impressionnant que celui de New York, mais qui offre l’intérêt de se trouver au milieu des immeubles de la Belle époque tout en contemplant les gratte-ciel moderne de Pudong.
Derrière le pont, le bâtiment en brique à l’architecture américaine date des années 1930, c’est le Broadway Mansions. Il a été pendant longtemps le plus haut bâtiment de Shanghai, du haut de ces 78 mètres. Ce n’est plus le cas maintenant. Avec le temps, il est devenu plus petit, à moins que les autres buildings autour aient grandi.
Pont de Waibaidu et le Broadway Mansions |
Sur les berges du bund, je marche dans le passé, tandis que sur l’autre rive, en face, mon regard se tourne vers l’avenir, le Shanghai moderne, avec la skyline de Pudong. Il paraît qu’autrefois il y avait des cultures, des champs et des jardins maraîchers. Mais c’est maintenant une forêt de béton et de verre, de tours encore en construction. Parmi ces géants, la tour de télévision Perle d’Orient, avec ses boules, mesure 468 mètres et la tour Jinmao qui ne mesure que 420 mètres (elle dépasse toutefois de 100 mètres la tour Eiffel). Une amie m’a emmené au sommet du Shanghai World Financial Center (SWFC) qui culmine à 492 mètres et compte 101 étages. Mais comme nous sommes un peu paresseux, nous avons pris l’ascenseur... Vous pouvez la reconnaître sur les photos, elle a une forme de décapsuleur ! Cela dit, c’est un peu impressionnant, au niveau de l’observatoire, une partie du sol est en verre. C’est vertigineux ! Il y avait des nuages, ou de la brume, et avec le vent, nous pouvions voir la brume passer à travers le trou du décapsuleur. À côté, la nouvelle tour en train de s’ériger culmine à 632 mètres.
côté nouveau district de Pudong |
Au sommet de la SWFC Tower |
Je me suis fait de nouvelles amies. Pour le prix d'un ticket de métro, nous pouvons traverser la rivière Huangpu en bateau, et ainsi voyager dans le temps. Dans les galeries marchandes, ont peut même se faire prendre en photo par les affiches publicitaires. L'autre raison, c'est que nous sommes allés au cinéma.
Si je veux comprendre quelque chose au cinéma en Chine, je dois oublier les films d’art et d’essai mais aller voir des blockbuster américain en version original sous titré en chinois. Ainsi, nous sommes allés voir Jurrasic World avec de gros dinosaures et tout et tout.
Mais au-delà du film hollywodien à faire de l’argent, j’avais lu dernièrement une critique du film assez fine. Certes, le film n’apporte rien de plus au précédent film Jurrasic Park de 1993, il n’en est qu’une pâle copie. Dans le film de 1993, un chercheur parvient, par clonage, à redonner vie à des dinosaures et souhaite les utiliser dans le cadre d’un parc d’attraction. Mais à cause d’une histoire de corruption, les dinosaures vont lui échapper ce qui va entraîner quelques ennuis aux visiteurs. Le film de 1993, en plus d’avoir Spielberg pour réalisateur et la musique de John Williams, à une importance considérable dans l’histoire du cinéma : c’est le début de l’utilisation des images de synthèse.
Dans le nouveau film de 2015, les dinosaures qui faisaient rêver le public il y a 20 ans ne suffisent plus. Aussi le gestionnaire du parc ne semble être intéressé que par les coûts d’exploitation et le nombre de visiteurs. Il propose un nouveau specimen de dinosaure, l’Indominus rex, manipulé génétiquement, plus gros, plus fort, plus intelligent, plus monstrueux
Paradoxalement, ce que veut faire ce film, faire de l’argent, et aussi ce qu’il dénonce et souhaite nous montrer. Certains techniciens du parc se rebellent contre cette logique mercantile, mais tout en y participant pleinement. Ils se souviennent avec nostalgie du bon vieux temps, de l’époque ou c’était de vrais dinosaures. Le film dénonce aussi un public blasé, qui ne s'émerveille plus, ne s'étonne plus. Qui n’a même plus peur. D’où la surenchère. On y voit une scène ou un gros requin sert de proie à un immense dinosaure. Bref, nos peurs d’autrefois, les dents de la mer, sont devenu ridiculement petite. Mais comme dans le film de 1993, l’Indominus rex va échapper à tout contrôle et semer la pagaille dans le parc. À la fin du film, lors du combat final entre le T rex et l’Indominus rex, c’est finalement le véritable dinosaure qui l'emporte sur le clone de laboratoire, il rétablit l’ordre naturel des choses : rien ne vaudra jamais l’original !
Dans le nouveau film de 2015, les dinosaures qui faisaient rêver le public il y a 20 ans ne suffisent plus. Aussi le gestionnaire du parc ne semble être intéressé que par les coûts d’exploitation et le nombre de visiteurs. Il propose un nouveau specimen de dinosaure, l’Indominus rex, manipulé génétiquement, plus gros, plus fort, plus intelligent, plus monstrueux
Paradoxalement, ce que veut faire ce film, faire de l’argent, et aussi ce qu’il dénonce et souhaite nous montrer. Certains techniciens du parc se rebellent contre cette logique mercantile, mais tout en y participant pleinement. Ils se souviennent avec nostalgie du bon vieux temps, de l’époque ou c’était de vrais dinosaures. Le film dénonce aussi un public blasé, qui ne s'émerveille plus, ne s'étonne plus. Qui n’a même plus peur. D’où la surenchère. On y voit une scène ou un gros requin sert de proie à un immense dinosaure. Bref, nos peurs d’autrefois, les dents de la mer, sont devenu ridiculement petite. Mais comme dans le film de 1993, l’Indominus rex va échapper à tout contrôle et semer la pagaille dans le parc. À la fin du film, lors du combat final entre le T rex et l’Indominus rex, c’est finalement le véritable dinosaure qui l'emporte sur le clone de laboratoire, il rétablit l’ordre naturel des choses : rien ne vaudra jamais l’original !
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