Peintures et ville d’eau

Fengjing, ville d'eau
Aujourd’hui, je vous ai préparé un petit article sur un lieu que j’ai visité il y a deux ans, alors voici ce que je me souviens de l’endroit, agrémenté de quelques photos retrouvées au fond du disque dur.
Fengjing 枫泾 est une ville au sud ouest de Shanghai. C’est une ancienne ville d’eau, comme il y en a beaucoup autour de Shanghai, au bord d’un canal qui remonte à la dynastie Yuan. En fait, il y a de nombreuses villes d’eau autour de Shanghai, toute sillonnée de canaux et infiltrée de cours d’eau. Souvenez-vous, je vous en avais parlé avec la visite de Wuzhen qui remonte déjà à 2016 aussi.
Cette année là, j’étais allé deux fois à Fengjing, un jour de septembre où il y avait de l’animation dans un temple taôiste, puis dans la froideur d’un jour embrumé de décembre.
Fengjing, ville d'eau
J’ai parcouru par deux fois les ruelles cernées de maisons blanches-grises aux toits de tuiles grises caractéristiques. Des lampions rouges apportent une touche de couleur à la palette du paysage. Certaines maisons sont ornées de jolis panneaux en bois. Des vieux ponts en pierre jalonnent mon chemin et me permettent de franchir un ruisseau ou un canal et rejoindre un autre quartier de la ville. Mon regard scrute le panorama et les perspectives. Les reflets sur la surface de l’eau, les variations de la lumière ambiante, sont comme une allégorie à la peinture.
Un plat de grenouilles
Le canal principal qui traverse le centre ville est cerné de restaurants bien fréquentés par les chinois qui mangent en terrasse sous une grande allée couverte. Des cuisses de grenouilles ou de crapauds s’étalaient sur les échoppes. Toutefois, au mois de décembre, lors de ma seconde visite, le quartier était calme et triste, la grisaille envahissant l’espace.
Les maisons au bord de l’eau ont une architecture typique de l’époque des dynasties Ming et Qing. J’ai pu visiter l’une d’entre elle qui était la maison ancestrale d’un peintre et calligraphe du XXe siècle. L’intérieur est décoré de meubles anciens et de peintures traditionnelles représentant des paysages.
Ruelles et maisons de Fengjing
Les vieux ponts de pierres et les ruelles longeant les canaux donnent un côté romantique au lieu, aussi, il y a un petit musée dédié à l’amour et au mariage, à l’entré duquel trône un énorme cadenas en forme de cœur devant lequel les couples se font photographier. A l’intérieur, il y a un vieux palanquin, une chaise à porteur en bois dans laquelle la mariée était placée lors de la procession du mariage pour rejoindre la maison des mariés. La chaise est sculptée avec de petits personnages, peints de rouge et de doré.
Un peu plus loin, c’est l’ancienne commune du village, dans son jus. Je ne sais pas si on peut assimiler cela à la mairie, c’est la place où les dirigeants communistes devaient diriger la vie du village, la planification des productions agricoles, les trucs administratifs, dans un passé révolu mais pas si ancien. Je pénètre dans l’ancienne salle de réunion, sous le regard du buste et des portraits de Mao. Il y a une longue table et des bancs en bois ; des photos en noir et blanc, des inscriptions que je ne peux pas lire, doivent fournir des informations sur l’histoire du lieu. Il y a aussi une énorme collection de badges de Mao et quelques livres rouges, sous une vitrine en verre.
Des restes de l'administration communiste
Je me souviens également de cet autre échoppe, était-ce une librairie, une bibliothèque ou la boutique du coiffeur ou du barbier ? Devant son miroir, assis sur sa chaise, le coiffeur lisait un livre, tout un tas de cheveux fraîchement coupés à ses pieds. Tout autour de lui, contre les murs, des amas de livres, des piles de bouquins s’entassent telle une bibliothèque désordonnée qui serait à explorer. Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté du miroir? La bibliothèque est le miroir de l’âme, le reflet de la pensée.
De la lecture à la peinture, il n’y a qu’un pas, et un pont de pierre me transporte d’un univers à l’autre. Dispersées dans quelques endroits de la ville, des peintures ornent les murs en briques, en jouant avec les perspectives, souvent des couples d’enfants, à la manière street art. Elles ont en fait été réalisées il y a quelques années par un artiste français. Des exemples de son travail sur ce site.
Fengjing est aussi connu pour ses peintres en art naïf, en « chinese folk painting ». Cela me permet de faire la transition avec le dernier article sur le village de peintre de Shenzhen. Mais à Fengjing, les artistes peignent des scènes de la vie quotidienne de la campagne des anciens temps, les récoltes au champs, la pêche, la fête au village, les repas en famille. J’aime bien ces peintures paysannes, très colorées, vives, avec un côté enfantin, celui de l’innocence et de l’émerveillement. J’ai rencontré une dame peintre, dans son atelier et salle d’exposition. Mais comme il s’agit d’œuvres originales, je n’ai pu photographier l’intérieur, alors voici les peintures que j’ai ramené à la maison.

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