Les canaux de Wuzhen

Aujourd’hui, je vous propose de m’accompagner pour une visite touristique. Autour de Shanghai, il y a beaucoup d’eau. Shanghai se traduit mot à mot par « sur la mer », et la ville est construite sur un delta de marécages, de plaines alluviales et de lacs, et c’est la même chose pour les provinces du Zhejiang et Jiangsu qui entourent la ville. Les villes sont reliées par des réseaux de canaux. Ainsi, dans la région, un peu partout, il y a de nombreuses villes d’eau. En générale d’origine ancienne, elles ont su conserver un bourg ancien, et rivalisent d’attrait pour attirer les touristes. Construites autour de cours d’eau, et traversées de canaux, elles peuvent être surnommées Venise de l’Orient.
Canal à Wuzhen
Ces villes sont également situées à proximité du Grand Canal qui relie Hangzhou à Pékin, tout le long de ses 1800 km. Ce projet titanesque reliant le sud et le nord de la Chine a été initié 500 ans avant notre ère ! Ainsi, durant la longue histoire de la Chine, les villes qui pouvaient être situées sur des hubs commerciaux se sont donc enrichies.
Mais aujourd’hui, j’ai choisi de vous emmener à Wuzhen (乌镇), à 140 km de Shanghai, dans la province du Zhejiang. Après un trajet un peu laborieux en train puis en bus, me voilà sur le site. C’est une ville touristique, mais la quantité de visiteurs est toutefois raisonnable pour la Chine, aussi parce que le site est étendu, et relativement éloigné de Shanghai.
Me voilà sur des routes pavées, piétonnières, bordées de maisons à l’architecture traditionnelle. Je peux flâner dans les ruelles, explorer les recoins de la cité, traverser les canaux grâce à des ponts de pierre. Les maisons sont en bois, les tuiles marrons-grises, de la même couleur que le bois. Si la ville trouve son origine lors de la dynastie Tang (618-907), les bâtiments actuels sont plutôt du style de la dynastie Qing (1644-1911), bien plus tard.
En plus du tourisme, c’est l’artisanat qui fait vivre le site, comme le tissage, la teinture, la sculpture sur bois, des fabricants de peignes, de la sauce soja ou la distillation d’alcool de riz.
Il y a de nombreux petits musées, disséminés un peu partout dans la bourgade. Ils permettent de mieux comprendre l’histoire et la vie quotidienne de la Chine du Sud. Certains peuvent être singuliers, j’ai ainsi visité le musée des pieds bandés, un musée dédié aux lits, richement décorés en bois sculpté, le musée des costumes et traditions, mais aussi une ancienne pharmacie. Le musée du bois sculpté présente quelques pièces remarquables représentant des scènes de la vie quotidienne ou bien de la vie imaginaire, en figurant des mythes.
Musée du bois sculpté
Musée des Cent Lits
J’ai également pénétré dans quelques maisons traditionnelles, tel que l’ancienne résidence de Mao Dun. C’était un écrivain révolutionnaire et l’un des fondateurs du Parti communiste chinois.
Un musée est dédié à l’une des spécialités locales, la teinturerie bleue indigo, où l’on peut en apprendre un peu plus sur les techniques de réalisation. Où plutôt, je dois déduire le fonctionnement de mes observations, car toutes les informations sont en chinois. Ensuite, les tissus sont étendus pour sécher à l’extérieur. Tous les visiteurs se prennent en photo en famille, ou en selfie, devant les tissus bleus, et c’est un peu rigolo. Juste à côté, il y a le magasin qui propose toutes sortes d’ouvrages, avec différents motifs de blanc sur fond bleu, des sacs, des robes, des nappes, des rideaux, des taies d'oreiller.
Fabrique de tissu teint à l'indigo
Non loin de là, j’ai visité la fameuse fabrique d’alcool, le sanbaijiu, à base de riz et de farine, afin de mieux comprendre son processus de fabrication, le chauffage, le pressage, le stockage pour la fermentation. C’est là où il y a toutes ces jarres d’alcool alignées, pour les assoiffés. Je ne suis pas un grand amateur de cet alcool de riz, trop fort, je préfère le rhum.
Il est également possible de voguer sur les canaux grâce à des barques propulsés à la godille, en groupe ou en amoureux, un peu comme les gondoles à Venise, mais je n’ai pas testé cette approche pour parcourir la ville.
Par ailleurs, j’ai parcouru quelques temples, parfois, il y a des Bouddhas, et parfois il n’y en a pas, comme c’est le cas des temples taoïstes. Le temple de la bonne fortune, pour devenir plus chanceux. Il y a aussi le temple du général Wu, en l’honneur d’un général de la dynastie Tang, pour le remercier de quelques exploits je suppose.
avec bouddha
sans bouddha
En dehors de l’artisanat, il y a bien sûr des maisons de thé et des restaurants, car à un moment, il faut bien que je pense à mon estomac. Et puis ils font des pâtes faites maison. Je peux ensuite poursuivre la visite, échanger quelques mots avec des chinois curieux, ou accepter de poser pour une photo avec quelqu’un, ce qui me donne, l’espace d’un instant, l’impression d’être célèbre, mais je sais que cela est éphémère !
L’excursion, le temps d’un weekend est terminée, et je dois rentrer à Shanghai, pour une nouvelle semaine studieuse, laborieuse, banale, ordinaire, ou peut être, pourquoi pas, plus inhabituelle, étonnante, fantastique. Je ne sais pas, allez savoir.
A bientôt.

Commentaires

mamie a dit…
les beaux tissus bleus j'adore tu m'en rapportes??
Il faut venir les chercher !