Le bonheur est dans la nature : quelques jours dans le Jiangxi

Village du Jiangxi
On dit que le bien être est accru par le fait de se trouver en plain air. Pendant l’été, j’ai eu la possibilité de prendre une semaine de congé et j’ai saisi cette opportunité pour aller me rafraîchir les idées. J’avais un surdosage d’urbanisation, de construction en béton, de bruit de klaxons, de pot d’échappement et autres fumeurs peu recommandables. Ainsi, j’ai pris le train pour me rendre dans la province du Jiangxi (江西). Pour être plus précis, j’étais à l’est du Jiangxi, proche de la province de l’Anhui, vous pouvez explorer la carte par ici.
Malgré la présence de gisements de différents minerais et la culture du riz, le Jiangxi reste une province pauvre de la Chine. Au XXe siècle, après la chute de la dynastie Qing, le Jiangxi est devenu l'une des premières bases pour les communistes, tout comme l’Anhui voisin, et de nombreux paysans ont été recrutés pour se joindre à la révolution du peuple. De 1931 à 1937, il y a même eu une république soviétique du Jiangxi.
Je suis allé dans le comté de Wuyuan, une belle région de campagne, de verdure, de collines boisées, de champs de riz et de culture maraîchère. Le paysage est vallonné et très vert, je me croirais presque à la maison, dans l’avant pays savoyard. Je suis arrivé ici presque à l’improviste, sans rien préparer à l’avance, j’avais juste lu qu’il y avait de charmants villages dans la région.
En descendant du train, j’ai pris un bus au hasard, enfin pas tout à fait au hasard, parce qu’il n’y avait qu’un seul bus, alors je l’ai pris. Puis, sans être dédaigneux, les autres voyageurs avaient l’air ruraux, et je me disais que je pourrais descendre du bus à mi trajet et me retrouver pleinement dans la cambrousse. Finalement, le bus nous a transporté dans une petite ville, mais ce n’était pas vraiment un coup pour rien, je me suis trouvé un endroit pour manger et il s’est mis à pleuvoir des cordes. Pendant ce temps, en réfléchissant sur la théorie des cordes, j’ai compris que j’étais dans la ville de Wuyan et que les villages étaient un peu plus loin. J’ai pris un minibus qui ma transporté vers d’autre bus mais je ne me suis toujours pas retrouvé au bon endroit. Un chauffeur de bus me fait signe pour m’emmener à la gare routière et là bas j’ai tenté d’expliquer à une dame que je voulais aller voir les villages aux alentours. Je lui montre un point au hasard sur une carte et la dame m’a installé dans un bus, serré entre des papis et des mamies.
Je suis descendu à Qinghua où j’ai eu le temps de marcher un peu, traverser un joli pont de pierre de 800 ans d’âge, de la dynastie Song, puis monter à un temple. Lors de la monté, j’ai eu l’occasion de rencontrer des insectes que je n’avais encore jamais vu, le genre de vers plutôt long et épais, à première vue je m’étais dit que c’était des câbles électriques un peu dégueulasse le long du chemin et je m’apprêtais à maudire l’absence de conscientisation de la protection environnementale et les problèmes de pollution. En fait, les câbles électriques étaient bien vivant, c'était de gros diplopodes, je veux dire des mille pattes.
Naïvement, je pensais gambader d’un village à l’autre à pied, mais j’ai appris qu’ils étaient distant d’une vingtaine de km chacun, ce qui rendrait la quête un peu ardue. C’est en redescendant de ma colline avec le temple, pour arriver au village, que je me fait alpaguer par un chinois en mobylette, d’ailleurs peut être bien qu’il m’attendait. Nous discutons, lui en chinois, moi en français, en glissant par moment un mot de chinois mal prononcé dans la conversation. Et il est fort probable qu’il ne parle pas le chinois standard de toute façon. Qu’importe, cela sera notre mode de communication lors des deux prochains jours. Il me fait comprendre qu’il veut m’emmener quelque part pour aller dormir. J’accepte donc une chambre au confort rudimentaire, mais avec un lit propre et tout à fait confortable pour passer la nuit.
Le lendemain, mon nouvel ami chinois est rentré dans ma chambre sans avoir eu l’idée de frapper pendant que j’étais en train de me débarbouiller, me savonner le visage et me rincer les mains. En fait, j’étais à poil. Le but de l’opération était de me convaincre de me trimbaler d’un village à un autre sur sa mobylette. Mais bon, rien ne sert de courir, il faut partir à poil.
A point. C’était le moment de faire le point. Une fois le marché conclu et le petit déjeuné avalé, nous voilà tous les deux à califourchon sur la mobylette, et nous partons explorer les routes de campagne, le nez au vent, à fond, en faisant des pointes à 25 km/h. J’ai ainsi visité plusieurs villages dans la journée dont j’ai oublié le nom, mais c’était vers Da Likeng. Et le lendemain, c’était vers Xiao Likeng. Les villages Huizhou de la région ont une architecture caractéristique, bien préservé, commune avec la région du sud de l’Anhui. Ils sont pittoresques à souhait, planté au milieu de la verdure, comme si le temps s’était arrêté dans la Chine ancienne. Certains sont touristiques, mais sans marée humaine que l’on rencontre parfois en Chine, tandis que d’autres, plus éloignés, sont délaissés des touristes. Certain(e)s chinois(e)s m’ont demandé de poser sur la photo en leur compagnie, tandis que d’autres tentaient de me prendre en photo discrètement, ou pas, sans me demander mon avis. D’ailleurs cela ne me dérange pas, je l’ai aussi fait souvent, photographier des gens à l’improviste, sans leur demander leur avis. Me voilà l’arroseur arrosé. J’étais le seul étranger au long nez dans la région, mais j’ai également eu l’impression d’être le seul touriste à dormir sur place pendant la nuit.
Le blanc des murs et le noir des tuiles sont les couleurs dominantes du village, avec de petites rues pavées, de vieux petits ponts en pierre, ils sont souvent entourés ou traversés par un ruisseau, une rivière, peut être pour être en accord avec le Feng Shui. Les maisons anciennes datent des dynasties des Ming et des Qing. J’ai pu rentrer à l’intérieur de cours de certaines maisons, elles sont richement décorées, avec souvent des sculptures sur bois. J’ai été surpris de constater qu’au milieu de la pièce accessible à la visite, quelqu’un pouvait habiter, ici un enfant qui s’amuse sur son lit, là la mamie qui regarde le Drucker chinois à la télé et là bas le coin cuisine. 
Les villages sont comme enchâssés dans un écrin de verdure, tout autour, de l’agriculture, essentiellement du riz, mais j’ai aussi vu des champs de thé, des parcelles pour le maraîchage, des genres de bocage, des fleurs, des haricots, du maïs. Les habitants font aussi sécher ce que je crois être des fleurs de pissenlits, peut être pour en faire du thé, ou bien un ingrédient de la médecine chinoise. Je n’ai pas eu le temps d’aller dans tous les villages de la région, ce qui est un bon prétexte pour y retourner une autre fois.
Mais l’intérêt de la région n’est pas seulement les villages, j’ai aussi exploré une grotte, grimper sur une montagne, contemplé des cascades à la beauté féérique. Du grand air, et pur si possible. Bref j’étais bien loin de la catastrophe de Tianjin qui a eu lieu au même moment et j’ai saisi ce moment de bonheur à chaque instant. Je suis enfin retourné dans les jardins autour des villages pour voir ce qui pousse par là bas. C’est le Bouddha qui aurait dit « le plaisir se ramasse la joie se cueille et le bonheur se cultive ».
L'intérieur d'un vieux temple et les plaques des ancêtres
A l'intérieur de la grotte
Allez hop, par ici les photos de mon périple dans le Jiangxi. Avec le lien ci-dessous, vous pouvez les appréciez en musique, c'est encore plus beau.
A bientôt, dans une nouvelle province.

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