Le jour où j'ai cuisiné des crêpes en Chine

C’est bientôt la chandeleur, alors aujourd’hui, je vais vous conter une soirée mémorable : avec deux amies, nous avons fait des crêpes. Je leur ai donné un petit cours introductif sur la Bretagne et puis nous avons confectionné ensemble la pâte.
Nous avons bien respecté le protocole mais comme je n’ai pas de balance pour mesurer la quantité de farine, je fais un calcul de densité avec la masse volumique de la farine. Cela fait rire mes amies, car je reste scientifique à l’extérieur du labo. Ensuite il y avait quelques grumeaux récalcitrants, vous savez, ces morceaux de farine qui s’entourent d’une couche imperméable, mais nous sommes finalement parvenu à homogénéiser le grand tout !
Nous avons pris plaisir à cuir nos crêpes, cette alchimie qui allie la dénaturation d’une protéine par la chaleur, l’albumine de l’œuf, à la modification physico-chimique de l’amidon de la farine. Puis il y a le plaisir de l’odeur du beurre fondu qui change de la cuisine à l’huile chinoise.
Mais le plus rigolo c’est de faire sauter les crêpes. L'exercice est périlleux, mais aucune crêpe n’a atterri sur le lustre au plafond. Mais l’air de rien, les baguettes sont super pratiques aussi dans la confection des crêpes dans le cas où la crêpe se casse ou se plie en huit au moment du retournement.
Les filles ont aussi testé pour la première fois de leur vie une crêpe au nutella. Il faut dire ici c’est vraiment la rareté. Je suis resté plusieurs mois sans en trouver nulle part et c’était vraiment triste. Une fois j’en ai trouvé un pot, mais il n’y en avait qu’un seul, au rayon des produits importés au supermarché carrefour, coincé entre une boîte de conserve de petits pois carottes et un paquet de gâteaux coréens. Le prix était multiplié au moins par deux par rapport à la France et cela ne m’a même pas arrêté. Je suis sûr qu’ils mettent une drogue dans le nutella, un genre de truc addictif.
En Chine, lorsqu’on est invité chez quelqu’un, il faut apporter un petit quelque chose. Elles ont apporté un Peking duck bien sûr et quelques petits gâteaux, certains en forme de cochon. Alors cela les fait beaucoup rire et je vais vous expliquer pourquoi. Parce que en chinois, le cochon c’est 猪 zhū, ça se prononce djou. Et ça ressemble à mon prénom. Parce que les chinois ne savent pas prononcer le j tout seul, c’est dj. Et en fait, en chinois, je m’appelle djoulien (ou djouline). Voilà le calembour.
Mais en Chine, ils connaissent aussi une forme de crêpe. Elles sont préparées le plus souvent par des vendeurs ambulants que l’on rencontre dans les rues de Beijing là où se promènent les badauds. Ils ont tous leurs matériels sur leurs chariots à pédales, afin de pouvoir déguerpir rapidement s’ils se font chasser par la police. La spécialité s’appelle le Jidan baobing (鸡蛋薄饼). Alors bien sûr la pâte est un peu différente de nos crêpes bretonnes du phare ouest, elle est plus épaisse, il n’y a pas de lait ni de beurre. La pâte est cuite sur une plaque chauffante, parfois tournante, parfois non. Puis elle est recouverte d’un œuf, de quelques herbes et quelques épices, une feuille de salade. Puis, d’une ou plusieurs sauces inconnues, badigeonnées à l’aide d’un pinceau de peinture, au goût plus ou moins épicé pour les amateurs de sensations fortes. Enfin, ils ajoutent un élément croustillant indéterminé, mais que je suspecte être fait à base de riz, avant de faire un joli pliage. C’est tout chaud, tout bon, prêt à être mangé, et c’est vraiment bon. Ici une petite vidéo qui n’est pas de moi, mais vous montre comment c’est fait, comme si vous y étiez. Il ne manque que l’odeur.
La prochaine fois, on fera des bugnes ! D’ici là, à bientôt, et bon appétit bien sûr.

Commentaires

Anonyme a dit…
Merci Djoulien pour tes cours de cuisine... mais tu es en avance pour les crêpes, nous ne sommes pas encore le 2 février !
Comment fais-tu pour être toujours entouré de jolies filles ?
Nous t'embrassons chandeleureusement de Montpellier,
Elena PINTON & Jacques DUFAYET