La petite maison dans la prairie, en Roumanie

Depuis Lviv, je prends un train de nuit en direction de Solotvyno à la frontière avec la Roumanie. Je partage le compartiment avec une dame, elle me fait la conversation en ukrainien. Je n’y comprends rien, mais je crois que ça lui faisait plaisir de discuter. Elle fini par m'expliquer comment préparer le lit. Parce que moi, comme un gros beta, la grosse couette, je pensais m'en servir comme couverture. Mais non, c'est le matelas ! Ensuite, elle borde mes draps et tout, tout cela en papotant en ukrainien. Oui c'était très rigolo, je ne comprenais rien du tout, mais je m'en fou car j'avais un lit impeccable au final !
Au petit matin, j’arrive à destination, la dame est descendue dans une autre gare. Alors Solotvyno, c’est vraiment la campagne, au milieu de nulle part, il y a quelques maisons au cœur du village… des grands-mères regardent passer l’étranger… Je demande, « où est la Roumanie ? » et on me montre du doigt la direction opposée dans laquelle je me dirigeais. Après 30 minutes de marche, j’arrive au pont permettant de franchir la rivière Tisza qui sépare ici l’Ukraine de la Roumanie. Je peux avoir un dernier tampon sur mon passeport d’un côté de la frontière, puis de l’autre côté, il faut montrer patte blanche, me voilà maintenant en Union Européenne. Après une petite marche, j’arrive au village de Sighetu Marmației. C’est la première fois depuis huit mois que j’arrive à lire ce qu’il y a dans mon environnement. Les roumains utilisent en effet l’alphabet romain et leur langue est dérivée du latin, elle ressemble un peu à l’italien.
Je rencontre des Français et des Allemands à l'auberge, un peu comme dans le reste du monde ! Il y a un jardin agréable pour discuter. La Roumanie, c’est un peu comme la France. Le soir, il y a un festival de musique, tout le village est sur la place, me voilà vraiment en Europe, d’ailleurs, j'ai pris une bière, et mangé une saucisse !
Je suis resté trois jours dans ce village, j’ai loué un vélo pour parcourir la campagne. Je suis donc au nord de la Roumanie, dans le pays de Maramurès. Alors il faut oublier les clichés de la misère en Roumanie, c'est un pays moderne et dynamique. Toutefois Maramurès reste une région très pittoresque et bucolique. Ça ressemble un peu à l'avant pays savoyard, avec des campagnes verdoyantes et vallonnées, des maisons aux toits à quatre pans, des meules de foin et même des charrettes tirées par des chevaux. Les hauteurs des collines sont couvertes de forêts. C’est possible de trouver du fromage, c’est le caşcaval rucar. En apparence, il ressemble à du fromage sans goût du genre gouda, mais dans la réalité il est très parfumé.
Une des caractéristiques du pays de Maramures, ce sont les églises en bois, il y en a plein dans la région, mais je n’ai pu visiter que celles qui étaient accessible pour moi en vélo comme celles de Bârsana et de Valea Stejarului. A l’intérieur, il y a des peintures naïves.
Place Sfatului, Brasov
Après ce séjour campagnard, je prends de nouveau un train de nuit en direction de Brasov en Transylvanie. C’est une jolie ville avec un centre historique médiéval et des fortifications. Dans la région se sont affrontés les chevaliers de l’ordre Teutonique, contre les invasions mongols des Tatars. C’est bien plus tard, en 1989, que la ville s’est aussi soulevée contre le communisme. Il reste des traces de l’histoire médiévale à Brasov, comme la tour blanche (Turnul Alb), la tour noir (Turnul Negru) du XVe siècle, l’église noire (biserica Neagră) du XIVe siècle, la Poarta Ecaterinei, le Bastionul ţesătorilor (bastion des tisseurs). Au cœur de la ville, c’est la Place Sfatului, avec la maison du Conseil qui date d’environ 1420.
Brasov
La Transylvanie a été plus ou moins autonome au cours des siècles, une principauté qui faisait partie du Royaume d’Hongrie, puis un vassal de l’Empire Ottoman, puis un archiduché de l’Empire Austro-Hongrois. C’est suite à la seconde guerre mondiale, en 1918 que la région est intégrée à la Roumanie contemporaine. Mais la Transylvanie, c’est aussi une terre un peu mythique n’est-ce pas ?
« Je viens de Transylvanie ». Cela vous fait penser à une histoire de vampire. C’est vrai que le vampire fait partie du folklore de l’Europe de l’Est et en particulier de la Roumanie. Dracula est un personnage imaginaire qui a été associé à Vlad Țepeș, l’empaleur. Celui-ci était un prince de Valachie au XVe siècle, considéré comme cruel. Il était un adversaire redoutable, et avec le temps, le mythe l’a transformé en celui qui se nourrit du sang de ses ennemis. Alors, je suis allé visiter le château de Bran, associé, à tort, au conte Dracula. En effet, les données historiques ne confirment pas qu'il ait séjourné longuement au château de Bran. Vlad aurait plutôt habité la Citadelle de Poenari, aujourd’hui en ruine, et que je n’ai pas visité car elle n’est pas facilement accessible en transport en commun. Mais même sans la légende de Dracula, le château de Bran est une jolie citadelle à visiter avec enthousiasme, au milieu des autres touristes. Il date du XIVe siècle, mais a été amélioré dans les siècles suivants. A la fin de la visite, je peux prendre une glace au pied du château en profitant du soleil roumain !
Château de Bran, pile ou face
Dans la région, je suis également allé visiter la forteresse de Râșnov. Elle a été construite par les chevaliers teutoniques pour se protéger contre les Tatars, puis, plus tard, contre les Turcs. Elle se situe au sommet d’une colline, à partir de laquelle il y a un point de vue sur le village de Râșnov et les campagnes alentours.
Forteresse de Rasnov
Une autre particularité architecturale de la Transylvanie médiévale, ce sont les églises fortifiées par les Saxons. Malheureusement, c’était là aussi un peu difficile d’y aller en transport en commun… J’ai raté cette excursion. Cela vaudra le coup de faire une nouvelle visite de la Roumanie, une prochaine fois, avec une tente pour bivouaquer et continuer ce périple dans les campagnes… Mais d’ici là, je vous emmènerai visiter une autre ville de la Roumanie lors du prochain article.

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