La longue marche, toute en marche ! Le Sichuan

Chengdu est une grosse ville moderne de 9 millions d'habitants, c'est la capitale du Sichuan. J'y suis resté deux jours toutefois, on peut y magasiner, je suis même allé à Decathlon et à Carrefour ! Toutefois, il n'y avait pas de taboulé... A Chengdu il y a des rues piétonnes avec essentiellement des magasins de vêtements, c'est un peu le même problème qu'en France... Mais il y a toujours des hôtesses qui dansent ou qui agitent des panneaux pour vanter la dernière promotion ! A Chengdu, j'ai aussi découvert un nouveau métier de rue : les nettoyeurs d'oreilles ! Avec des genres de cotons tiges, une lampe frontale et tout ! A la fin, ils peuvent montrer fièrement leur prise au patient !
A environ deux heures de route au sud de Chengdu, il y a le Mont Emei, une montagne sacrée qui est devenue une attraction touristique. La région est le premier lieu où s'est établi le bouddhisme en Chine, au 1er siècle de notre ère. Le temps semble humide ici, la végétation en montagne est luxuriante et particulièrement verte, c'est aussi un haut lieu pour la biodiversité. Le bas de la montagne est presque tropicale, il fait chaud, lourd, et l'air est moite, alors qu'il y a des forêts de conifères au sommet. Le sommet de la montagne est à 3099 m, de nombreux groupes de chinois montent en bus jusqu'à 2500 m, puis prennent un téléphérique pour accéder au sommet. Mais comme je suis incapable de faire ce genre de chose, je veux gravir la montagne au début du chemin, à 700 m d'altitude, tout en escalier jusqu'à 3000 m ! Même s'ils sont moins nombreux, il y a aussi des chinois qui ont le courage de faire l'ascension par eux-mêmes !
Non loin du début du chemin, je me faits alpaguer par quatre chinoises avec qui je ferai deux jours de rando finalement ! Mais elles étaient vraiment attachantes et très attentionnées. Tout au long du chemin, ou plutôt des marches, il est possible de faire des pauses ou de prendre un en cas comme des noodles ou du riz aux légumes. Pour la nuit, il y a des dortoirs dans l'enceinte des monastères.
Le long du chemin, nous pouvons rencontré des singes. Le problème, c'est qu'avec le flot de randonneurs, ces derniers ont complètement perdu leur peur de l'Homme. En fait ce sont des singes voleurs : arachage de sac à dos, vols d'appareils photos, fouillage de poches, tous ce qui leurs passent sous la main, mais c'est surtout la nourriture qui les intéresse. En plus d'être voleurs, ils peuvent être agressifs, grogner et montrer des dents. Étant donné ma grande taille et ma carrure impressionnante, je dois m'interposer pour protéger les filles ! Par contre, j'ai appris comment réagir en cas de rencontre avec un ours, un rhinocéros ou même un tigre, mais le singe, je l'avoue, je ne sais pas quoi faire... Garder son calme, quoi qu'il arrive, c'est un peu ma philosophie, normalement ça fonctionne toujours !
C'est au péril de ma vie que j'ai pris cette photo ! Mais comme je suis un peu Nicolas Hulot...
Le soir, après le repas (noodles pour tout le monde!), voilà toutes mes chinoises qui demandent une bassine d'eau chaude pour un bain de pied ! C'est traditionnel, mais elles m'ont convaincu de faire la même chose. Ah ah, c'est vraiment très chaud !
Le lendemain matin, nous nous levons à 4h30 du matin pour grimper les derniers km nous séparant du sommet, à la lampe de poche, afin d'assister au lever du soleil. Il fait froid, et le temps est trop couvert, nous ne verrons rien du tout, mais nous sommes heureux d'être monté jusqu'ici par nous même ! Pour le coup, c'est ici un bel exemple que ce qui compte c'est le chemin parcouru et non le but ! Au sommet, il y a toutefois une statue monumentale du bodhisattva Samantabhadra. Nous pouvons ensuite redescendre la montagne par un autre chemin, tout en escalier, c'est encore une longue journée !
A une heure de route d'Emei Shan, le Grand Bouddha de Leshan a été sculpté à flanc de montagne, taillé dans la roche, en face d'une rivière, entre les années 713 et 803, sous la dynastie Tang. Il mesure 71 mètres. Cent personnes pourraient s’asseoir sur son pied de 11 mètres de long ! Que fait ce géant colossal au milieu de la végétation. Que regarde-t-il ? Est-ce qu'il sourit à la manière de la Joconde ? N'a-t-il pas un sourire narquois ? Est-il en train de méditer, dans cette position inhabituelle pour un Bouddha ? N'est-il pas un peu étrange ce bouddha malgré tout...
A 18 km de Chengdu, il y a un centre de recherche et parc dédié aux pandas géants. Si la condition animale dans les zoos chinois a parfois été critiquées, ce n'est pas le cas ici, la réserve est grande, couverte de bambous et les animaux y sont bien traités. Il faut dire que le panda est un peu un emblème national, il a de plus les couleurs du ying et du yang ; mais c'est aussi le symbole de la préservation de la biodiversité dans le monde. L'espèce est en effet menacé d'extinction, il n'existe en effet plus que 1500 pandas à l'état naturel, dans les forêts de bambous chinoises. La réserve de Chengdu est aussi le seul endroit au monde où l'on arrive à faire se reproduire des pandas en captivité (en fait par insémination artificielle). Les pandas que l'on retrouve dans des zoos de part le monde sont nés ici.
Plusieurs problèmes sont posés pour la survie des pandas. Tout d'abord, celui-ci se nourrit à 95% de bambous, il lui en faut 20 kg par jour. Il faut donc de belles forêts, mais son habitat est fragmenté en raison du développement de l'agriculture par l'Homme. De plus, le bambou présente un cycle biologique, il se met à fleurir tous les 10 à 100 ans puis meurent. Dans ces conditions, les pandas doivent migrer pour trouver de nouvelles forêts de bambou... Ce n'est pas tout, sur le plan nutritif, le bambou, c'est pas terrible, et notre pauvre panda n'est pas une vache, il est très mal adapté pour digérer la cellulose ! Il doit passer la moitié de sa vie à manger, et l'autre moitié à dormir pour ne pas trop dépenser d'énergie. Flegmatique, le panda est ainsi particulièrement paresseux, il ne fait pas beaucoup d'effort pour chercher à se reproduire... Dans le cas ou deux pandas se sont rencontrés et se sont plu, la femelle peut mettre au monde entre un et trois petits, mais elle finira par s'occuper que d'un seul. Enfin, le faible nombre de pandas fait qu'ils peuvent se reproduire entre souche proche ; cela entraîne une diminution de la diversité génétique qui est pourtant essentielle pour l'adaptation au changement. C'est pourtant cette adaptation au changement aléatoire de l'environnement qui caractérise le vivant, qui nous permet de continuer à être là où on est. Mais en cas de problème, il y a aussi l'entraide. Pour Darwin, c'est l'empathie qui caractérise l'émergence de l'Homme et son succès. C'est le fait de partager les émotions de l'autre, se soucier de l'autre, qui entraîne la coopérativité. Je suis resté longtemps à observer ces pandas de Chengdu, ils sont tellement mignons et émouvants. Lorsque le bébé panda, encore maladroit, a du mal à grimper sur son promontoire, sa maman vient l'aider en le hissant grâce à coup de tête. N'est ce pas le début de l'empathie ?

Commentaires

Anonyme a dit…
Pour être complet il ne manque que le nombre de marches... c'est vrai quoi!

Le voyageur hypothétique
Anonyme a dit…
Chengdu et Montpellier sont jumelles !
Le jumelage a eu lieu en 1981 !
Et il existe même, depuis 2005, « La maison de Montpellier à Chengdu » pour promouvoir les produits de Montpellier et de sa région.
Donc, Julien, sans le savoir… tu as respiré un peu de notre air à Chengdu.
Bisous et bonne continuation avec les chinoises,
Elena et Jacques de Montpellier