Aujourd'hui, je vais vous conter une de mes périodes préférées lors de mon passage au Népal : la randonnée dans le parc national du Langtang. J'ai traversée des villages Tamang, gambader dans les pâturages, longé des glaciers et des lacs d'altitude et approcher de près la frontière avec le Tibet. Moins touristique que le trek du tour des Annapurnas, je peux avoir plus souvent l'occasion d'avoir l'impression d'être seul au monde dans ces montagnes. Indépendance totale, sans guide ni porteur, mais la partie la plus difficile du trek est probablement le trajet en bus jusqu'à Syabru besi, le point de départ du Trek.
J0 Trajet entre Katmandou et Syabru besi
Il y a 120 km entre Katmandou et Syabru besi, mais il faut entre 7 et 8 heures de temps avec le bus « super express » pour parcourir cette distance. C'est toujours un peu spécial et éprouvant le bus au Népal, des routes en lacet en montagne, ça monte puis ça redescend, ça tangue dans tous les sens, les routes ne sont goudronnées qu'en partie, et parfois je me demande si le bus n'emprunte pas directement un sentier de randonnée ! Le chauffeur a un assistant, il se tient près de la porte et il sifflote de différente façon. Il s'agit d'un sifflement codé ! J'ai pu reconnaître. « ça passe à l'aise », « t'es trop près du précipice » ou « fais gaffes à la chèvre ». Les bus sont bondés et il y a autant de monde à l'intérieur que sur le toit ! Mais officiellement, c'est interdit. Il y a parfois des contrôles de police fixe le long de la route. Le chauffeur le sait. Le bus s'arrête, les gens sur le toit descende, le bus passe le contrôle, suivie de tout un groupe de personnes qui passe à pied, puis un peu plus loin, tout le monde remonte sur le toit du bus. C'est un peu absurde mais vraiment rigolo quand même !
Au départ, j'avais rencontré un compagnon de trek, un québécois à Katmandou, grâce à l'association KeepNepal (c'est une superbe place pour avoir toutes les informations sur les trecks et éventuellement rencontrer des partenaires). Puis j'ai décidé d'être malade à Syabru besi et je suis resté deux jours cloué au lit. J'ai dit à mon compagnon de partir sans moi car j'hésitais à redescendre à Katmandou. Finalement, après trois jours de repos, je suis parti à mon tour. Mais c'est assez facile, il n'y a pas 36 000 chemins, et on traverse régulièrement des petits villages, et les habitants locaux ont compris qu'ils pouvaient gagner un peu d'argent soit en préparant à manger, soit en offrant un lit aux randonneurs de passage ! Donc pas besoin de se charger de nourriture et d'une tente pour l'expédition !
C'est parti pour le carnet de route, pour information, le J1 correspond au 23 mars 2013.
J1 Syabru besi 1460 m → Rimche 2455 m
J2 Rimche 2455 m → Gumpa 3230 m
Je poursuis l’ascension à travers une forêt de sapins et de rhododendrons, je croise des hommes et des femmes portant des charges énormes sur le dos, de la nourriture, du bois pour le feu, du matériel de construction. Je trouve mon sac à dos bien assez lourd, mais je n'ai pas à me plaindre en comparaison !
Je passerai la nuit et la soirée tout seul chez une famille Tamang, je passerai un bon moment à m'amuser avec la petite fille, elle me présente ces jouets, des cailloux ramassés autour de la maison et une roue avec un bâton. Elle aime beaucoup mon lonely planet, surtout la page avec la photo des momos ! Le soir nous partageons le repas au coin du feu, les nuits commencent à être fraîches, bien sûr, il y a le dal bhat, mais je goûte également mon premier thé au beurre de Yak. Le voisinage vient partager un moment avec nous et se réchauffer à proximité du four en terre. Moments chaleureux, je n'ai pas osé prendre de photos, je regrette un peu maintenant...
Le soir j'ai aussi visité un vieux monastères. C'est très très vieux, c'est ce que me dise les habitants sans plus de précisions. A l'intérieur, il y a des peintures magnifiques, très vieilles également, représentant le bouddha et ses amis, mais il fait malheureusement trop sombre pour prendre de belles photos. Il y a aussi des manuscrits tibétains dans une bibliothèque qui tapisse entièrement le mur du fond.
Le soir j'ai aussi visité un vieux monastères. C'est très très vieux, c'est ce que me dise les habitants sans plus de précisions. A l'intérieur, il y a des peintures magnifiques, très vieilles également, représentant le bouddha et ses amis, mais il fait malheureusement trop sombre pour prendre de belles photos. Il y a aussi des manuscrits tibétains dans une bibliothèque qui tapisse entièrement le mur du fond.
J3 Gumpa 3230 m → Kyanjin Gumpa 3830 m
Peu après Gumpa, je traverse le charmant village de Langtang, à 3430 m d'altitude, avec des maisons en pierre. La végétation est maintenant plus rase et il y a beaucoup de yaks qui broutent tranquillement dans les environs.
A Langtang, il y a une fabrique fabuleuse : une fromagerie ! Je m'approche du bâtiment et je demande à un népalais qui vagabonde aux alentours : « I'm here for the cheese ! » Sa réponse est cinglante : « Are you french ? ». Pour mon plus grand bonheur, il confectionne également quelque chose qui ressemble à du pain comme chez nous. Un peu plus tard, à l'approche de midi, mes trouvailles permettront de préparer le meilleur déjeuner de toute la randonnée !
J'arriverai à Kyanjin Gumpa dans le début d'après-midi, le ciel s'ennuage et il fait soudainement nettement plus froid, quelques flocons de neige commencent à tomber. Dans cette atmosphère de chalet savoyard, je retrouve le soir un couple de portugais déjà rencontré à Rimche et nous nous enfournons dans la salle commune de l'auberge pour nous réchauffer autour du poil à bois. Il fait beaucoup trop froid pour oser prendre une douche maintenant ! Mais je resterai finalement trois jours à Kyanjin Gumpa, afin de profiter de la beauté des paysages.
Voici madame Lama qui m'a accueilli pendant ces trois jours et préparé de bons repas. Ici c'est la tarte aux pommes version tibétaine. Elle a 5 enfants, de 7 à 15 ans, mais tous sont scolarisés à Kathmandu. Ils reviennent au village pendant les vacances ; il leur faut tout de même un jour de bus et trois jours de marche pour rentrer à la maison.
A Langtang, il y a une fabrique fabuleuse : une fromagerie ! Je m'approche du bâtiment et je demande à un népalais qui vagabonde aux alentours : « I'm here for the cheese ! » Sa réponse est cinglante : « Are you french ? ». Pour mon plus grand bonheur, il confectionne également quelque chose qui ressemble à du pain comme chez nous. Un peu plus tard, à l'approche de midi, mes trouvailles permettront de préparer le meilleur déjeuner de toute la randonnée !
J'arriverai à Kyanjin Gumpa dans le début d'après-midi, le ciel s'ennuage et il fait soudainement nettement plus froid, quelques flocons de neige commencent à tomber. Dans cette atmosphère de chalet savoyard, je retrouve le soir un couple de portugais déjà rencontré à Rimche et nous nous enfournons dans la salle commune de l'auberge pour nous réchauffer autour du poil à bois. Il fait beaucoup trop froid pour oser prendre une douche maintenant ! Mais je resterai finalement trois jours à Kyanjin Gumpa, afin de profiter de la beauté des paysages.
J4 Kyanjin Gumpa, le Kianji Ri 4773 m
Par cette journée ensoleillée, j'ai fait l'ascension du Kianjin Ri qui culmine à 4773 m, et je bat ainsi mon record d'altitude (je n'avais pas encore fait le tour des Annapurnas et le col du Thorung La à cette époque). Au fur et à mesure de la montée, la taille apparente du village diminue, là bas au loin, dans le creux de la vallée. La vue sur la chaîne de montagnes en face est fabuleuse, puis j'arrive tranquillement au sommet ; la vue sur la vallée et les pics enneigés, est grandiose, on voit également la coulée du glacier. Ici est un de mes plus beaux souvenirs de panoramas du Népal. Je redescend ensuite tranquillement, tout joyeux, le cœur rempli de cette belle beauté et je fais une pause pour déguster le sandwich à la tibétaine que m'a préparé Madame Lama.
Kyanjin gumpa |
Langtang lirung, 7227 m |
Au sommet du Kianji Ri |
Vue en redescendant du Kianjin Ri sur la vallée du Langtang |
J5 Kyanjin Gumpa, le glacier
J6 Kyanjin Gumpa3830 m → Rimche 2455 m
J7 Rimche 2455 m → Thyalo Sabru 2210 m
J8 Thyalo Sabru 2210 m → Cholangpati 3585 m
Un dénivelé important m'attend pour cette étape à travers la forêt. A un moment, je dois affronter une pente presque à la verticale, je croise un porteur qui en bave vraiment avec ses lourdes charges. Je profite toutefois du panorama sur la chaîne de montagne du Ganesh Himal. Je pénètre ensuite dans une drôle de forêt un peu sordide, avec d'immenses sapins, mais aussi des rhododendrons aux branches tordues qui apportent un côté féerique, un peu comme dans un film de Tim Burton. Je ne croise plus personne pendant plusieurs heures, ce qui accroît encore l'atmosphère étrange du lieux.
J9 Cholabgpati 3585 m → Gosaikunda 4380 m
Ça monte dur jusqu'à Laurebina yak à 3900 m, puis toujours plus haut afin de franchir un col : j'arrive au sommet un peu essoufflé à cause de l'ascension mais il y aussi une vue à couper le souffle sur les différentes chaînes de montagne ! Après le col, le sentier prend la forme d'un balcon à flanc de montagne jusqu'aux lacs de Gosainkund. Le lac est sacré pour les hindous.
Peut être connaissez-vous la légende du barattage de la mer de lait : une lutte entre les dieux et les démons pour la conquête du monde, c'était il y a fort longtemps. Je ne résumerai pas le mythe ici, il faut aller par exemple observer les fresques des temples d'Angkor Vat au Cambodge pour visualiser l'histoire. Mais à un moment donné, il y a une histoire avec un poison, et Shiva le boit pour éviter, juste à temps, que celui-ci ne se répande et détruise le monde. Notez toutefois que quelques gouttes sont tombés au sol, ou alors il a bavé je ne sais pas, mais c'est pour cette raison que les serpents et les scorpions produisent du venin. Quand au malheureux Shiva, pour se soulager de la chaleur du poisson, il avait besoin d'eau froide. Il a gratté par ici avec son trident, et cela a abouti à la formation du lac. En tout cas, le lac était encore bien gelé quand je suis passé.
Sur ces divagations, le temps devient moins clément et c'est une véritable tempête de neige qui se déclenche, elle durera toute l'après midi. Je retrouve une nouvelle fois le couple de portugais à l'auberge, il fait terriblement froid et nous sommes tous frigorifiés autour du poêle. Nous partageons le repas avec toutes les générations de la famille des aubergistes.
Peut être connaissez-vous la légende du barattage de la mer de lait : une lutte entre les dieux et les démons pour la conquête du monde, c'était il y a fort longtemps. Je ne résumerai pas le mythe ici, il faut aller par exemple observer les fresques des temples d'Angkor Vat au Cambodge pour visualiser l'histoire. Mais à un moment donné, il y a une histoire avec un poison, et Shiva le boit pour éviter, juste à temps, que celui-ci ne se répande et détruise le monde. Notez toutefois que quelques gouttes sont tombés au sol, ou alors il a bavé je ne sais pas, mais c'est pour cette raison que les serpents et les scorpions produisent du venin. Quand au malheureux Shiva, pour se soulager de la chaleur du poisson, il avait besoin d'eau froide. Il a gratté par ici avec son trident, et cela a abouti à la formation du lac. En tout cas, le lac était encore bien gelé quand je suis passé.
Sur ces divagations, le temps devient moins clément et c'est une véritable tempête de neige qui se déclenche, elle durera toute l'après midi. Je retrouve une nouvelle fois le couple de portugais à l'auberge, il fait terriblement froid et nous sommes tous frigorifiés autour du poêle. Nous partageons le repas avec toutes les générations de la famille des aubergistes.
Au petit matin, il fait -5°C à l'intérieur de la chambre, mais le soleil est de retour ce qui apporte un blanc éclatant aux paysages enneigés. Le ciel est parfaitement dégagé, lors de la descente, j'apprécie la contemplation des différents sommets, la fameuse vue à couper le souffle, même dans le sens de la descente ! Je peux contempler les Annapurnas, les sommets du Ganesh Himal et le Menaslu qui culmine 8156 m.
Je passerai la nuit à Sing Gompa, avec ses lodges et son monastère bouddhique. Je goûte pour la première fois le seabuck thorn juice local par curiosité, en fait, c'est de l'argousier. Le soir, je me retrouve pour mon plus grand bonheur au milieu de toute une bande d'étudiantes népalaises, en sortie botanique et ornithologie, à la découverte des étages alpins.
Je passerai la nuit à Sing Gompa, avec ses lodges et son monastère bouddhique. Je goûte pour la première fois le seabuck thorn juice local par curiosité, en fait, c'est de l'argousier. Le soir, je me retrouve pour mon plus grand bonheur au milieu de toute une bande d'étudiantes népalaises, en sortie botanique et ornithologie, à la découverte des étages alpins.
J11 Sing gompa 3250 m → Dunche 1950 m
J12 Retour à Katmandou
Voici ici toutes mes photos du Langtang.
Voici ici toutes mes photos du Langtang.
Commentaires
En hommage à cet album de Mano Solo qui commence par "Des Pays" et se poursuit par " Je taille ma route".
Tiens un petit bout, pour la route!
Bises .
Le voyageur hypothetique
Il y a sûrement des pays qui valent le coup
Il y a sûrement des routes qui mènent un peu partout
Il y a sûrement des enfants rebondissant sur le ventre des éléphants
Il y a sûrement des moutons que lèon compte à reculons
Des océans pour serrer la pince aux crabes géants
Il y a sûrement des pandas pour ne dépendre de rien
Et des pourquoi pas qui durent jusqu'à demain
Il y a sûrement des serpents charmeurs à qui faire confiance
Militants pour l'abolition de la souffrance
Et des lions qui ronronnent en canon
Il y a sûrement du vent qui te rentre entre les dents
Petit à petit mon appétit grandit de découvrir la vie
Mais oui, le voyage en vaut la chandelle, les gens y sont si accueillants. Et ont trouvent et village bien moins de touristes qu 'ailleurs.
Nous y revenions après 15 ans ! Peu de routes et de villages ont changés ! Juste un peu plus de déchets. À nous de faire attention de ne pas leur laisser les nôtres.
Bonne continuation sur les chemins.
Petra