Un savoyard chez les p’tits suisses

Je poursuis ma route en Suisse, je traverse le canton du Valais d’ouest en est, par la vallée, dans le sens inverse du courant du Rhône. La vallée est encaissée par les montagnes, de part et d’autre. Ce qui est rigolo, c’est que le versant exposé au sud est totalement colonisé par des vignes. Dans le creux de la vallée, c’est étonnant, il y a plein d’arbres fruitiers. Tout le long de la route, je peux voir « vente d’abricots », puis après quelques kilomètres, les panneaux se transforment en « aprikosen ». J’ai franchi la frontière entre les francophones et les germanophones ! Je n’ai malheureusement pas de photos, je n’ai fait que traverser la région, je voulais aller plus loin, en montagne, pour m’approcher du Mont Cervin (Cervino en italien ou Matterhorn en allemand).

Pour cela, il faut se rendre à Zermatt, ou plutôt s’arrêter quelque kilomètre avant, à Täsch, car la circulation en voiture est interdite à Zermatt. J’installe donc mon bivouac à Täsch, il est ensuite possible de se rendre à Zermatt à pied (1h30 de marche) ou en train. Zermatt est à 1620 m d’altitude, au pied du Cervin. Bien sûr, c’est un endroit très touristique mais c’est surtout le point de départ de randonnées fabuleuses. On peut aussi voir des raccards qui ont été conservé du village originel. Ce sont des greniers construits en bois sur pilotis et de grosses pierres plates, afin d’éviter que les rongeurs puissent y entrer.
Au début, j’étais un peu inquiet, car le Cervin, je ne le voyais point. Même que le lendemain j’ai fait une randonnée quasiment à l’aveugle, avec une visibilité de quelques mètres. Le paysage était entièrement blanc, c’était la brume, la brouillasse, et même une petite bruine. Bref, je pouvais suivre seulement le chemin à mes pieds… A côté de moi, il y avait peut être une paroi rocheuse escarpé, un ravin abrupte… Je ne pouvais pas le savoir. Et je continuais à monter en me disant qu’au bout d’un moment je serai tellement au-dessus des nuages que je pourrai toucher le ciel, enfin surtout voir du paysage. Mais j’étais trop optimiste, il n’y avait rien, que du blanc laiteux. C’était tellement triste d’être ici, d’avoir marché toutes ces heures pour ne voir aucune montagne… C’est plus tard dans l’après-midi, c’est arrivé d’un coup, le brouillard s’est levé, les nuages se dissipant, laissant entrevoir la belle beauté… Je suis rassuré, je suis effectivement en montagne, je profite un moment du paysage, je fais des photos, je vois un lac superbe, le lac Riffelsee que j’avais certainement longé à l’aller sans me douter qu’il y avait un lac ici. Plus loin, il y a le glacier du Corner. Je regarde en direction du Mont Cervin… Rien… Une grosse couche de nuage qui ne partira jamais. Je me disais que le Mont Cervin allait me faire le syndrome du Denali, alors je suis redescendu à la tente (courage plus que quatre heures de marche) et au lit après un gros plat de pâte à l’huile !
Le lendemain, c’est grandiose, le ciel est d’un bleu azur, pas un nuage à l’horizon. Je me lève à six heures du mat tellement je suis enthousiaste et aussi parce que j’avais planifié une rando de 12h aller-retour. Je voulais aller à Rothorn, à 3103 m d’altitude, ce qui fait déjà un beau dénivelé (Zermatt étant à 1620 m). Je ne regrette pas le choix, c’est la plus belle rando que j’ai fait pendant ce voyage en Suisse. Je suis au cœur du monde alpestre, les paysages sont variés, après l’étage subalpin, je quitte les derniers arbres, et me voilà dans les prairies de l’étage alpin, les alpages, au-dessus des forêts. J’ai rencontré de nombreuses marmottes mais aussi une profusion d’edelweiss, je n’en avais jamais vu autant au même endroit. Parmi les clous du spectacle, il y a le lac Stellisee dans lequel se reflète le Cervin. C’est grandiose. Puis j’arrive à l’étage plus rocheux ou seulement des mousses et des lichens sont capables de pousser. Ce mélange de vert avec les différentes couleurs des roches donnent un côté un peu surréaliste, ou l’impression d’une autre planète.
Il y a des gens qui arrivent au sommet en téléphérique. C’est de la triche ! Mais dans tous les cas, le panorama est superbe : bien sûr le Mont Cervin est tout en majesté avec ses 4478 m d’altitude, mais il y a aussi la dent blanche qui culmine à 4327 m, le Mont Rose avec la pointe Dufour et ses 4634 m qui en fait le deuxième plus haut sommet des alpes, le Weisshorn avec ses 4505 m. Normalement, on peut apercevoir 29 sommets de plus de 4000 mètres dans le coin ! Bien sûr, ce n’est pas le Ladakh, mais c’est déjà pas mal ! Puis l’Inde fera l’objet d’un prochain message après tout ! A bientôt.
Si les photos vous plaisent, vous pouvez toujours aller ici en attendant.

Commentaires

Anonyme a dit…
hello boy
je profite de ma permission pour me mettre à jour sur tes nouveaux billets et te faire des gros bisous.