Presqu'en Chine à Mae Salong


Après Chiang Raï, je voulais aller voir comment c’était plus haut. Je peux rejoindre des villages en Sŏrng-tǎa-ou, qui sont des sortes de pick-up avec deux banquettes à l’arrière et qui servent de bus d’un village à l’autre. Après environ 1 heure 30 de routes en lacet dans les montagnes, j’atteins le village de Mae Salong. Je rencontre en route un française qui voyage également seul et avec qui je passerai un peu de temps et nous irons manger ensemble. L’originalité de Mae Salong : c’est un village de chinois. Ici, les indications sont écrites en Thaï et en chinois, mais les habitants préfèrent parler chinois et regarde la télé en chinois. Ce sont des membres d’un parti politique chinois, le Kuomintang (KMT), qui se sont réfugiés ici suite à la prise du pouvoir par les communistes en 1949. Le village a longtemps été impliqué dans le trafic d’opium, c'était un lieu peu sûr jusqu'à encore récemment, avec des confrontations entre le KMT et Khun Sa, un seigneur de la guerre Birman. Le gouvernement thaïlandais a maintenant introduit des cultures de substitution afin d’éradiquer le trafic d'opium. C’est maintenant la culture du thé qui domine le paysage et c’était pour moi la première fois que je voyais des plantations de thé ! Plusieurs magasins vendent du thé local mais aussi divers produits chinois et offrent des dégustations. Bref, c’est dépaysant dans le sens ou on peut s’imaginer être dans un village du Yunnan, mais sans être réellement en Chine. Parmi les autres particularités du lieu, en plus du temple bouddhiste, il y a ici également une mosquée et une église.
Le village de Mae Salong
Dans les alentours de Mae Song, on trouve une multitude de village des tribus montagnardes à distance de marche. Comme souvent, les chinois sont ici les commerçants et les maîtres du business. Ils sont les propriétaires des terres et sont les villageois des tribus alentours qui travaillent dans les champs.

J’ai beaucoup aimé le marché du matin à Mae Salong. Il faut se lever tôt, celui-ci ayant lieu entre 6h et 8h. Des membres des tribus environnantes viennent y vendre leurs légumes, certaines dames portent leurs tenues et coiffes traditionnelles, et pas seulement pour les touristes. Des moines bouddhistes viennent aussi y faire l’aumône. Tous les matins j’y allais pour mon petit déjeuner. Une des spécialités (chinoise) du lieu, des beignets sucrés (qui ressemble à des bugnes) et du lait de soja chaud. C’était plutôt bon. Je faisais également ma provision de vivre pour le piquenique du midi, même si parfois je ne savais finalement pas trop ce que je mangeais !


Autour de Mae Salong, nous avons donc le choix de nous promener en forêt, dans les plantations de thé ou de traverser des villages des ethnies. Autour de Mae Salong, les villages des ethnies appartiennent au groupe des Akha et des Lisu. Mais il existerait une vingtaine d’ethnies différentes dans le nord de la Thaïlande, chacune possédant sa langue, ses coutumes, son style vestimentaire et ses croyances. En plus des Akhas et des Lisus, il y a les Lahus, les Yaos, les Hmongs et les Karens. Je ne suis pas allé voir les femmes girafes afin d’éviter un côté voyeurisme. Si certains groupes ont conservé une religion animiste avec le culte des ancêtres et des esprits, d’autres se sont converti au bouddhisme ou au christianisme. Le mode de vie traditionnel est en partie conservé, mais le contact avec la population thaïlandaise et le tourisme peut entraîner une certaine assimilation. Beaucoup de ces peuples viennent du Tibet ou de la Chine, aussi le gouvernement refuse la nationalité thaïlandaise à au moins la moité d'entre eux. Les malheureux se retrouvent ainsi sans aucune nationalité, ils n’ont pas droit au salaire minimal et n’ont pas accès au soin de santé. Ils n’ont même pas le droit de se déplacer librement à l’intérieur de la Thaïlande, aussi lorsque j’étais dans le nord, j’étais surpris d’être régulièrement arrêté à de nombreux check point à l’intérieur même du pays. Les occidentaux ne sont d’ailleurs pas dérangés, seuls les asiatiques sont contrôlés afin de vérifier s’ils sont en règle. Le tourisme peut avoir sa part négative en modifiant des coutumes des villages et sa part positive en apportant des revenus grâce à l’artisanat par exemple.
Pour ceux qui aiment les video, voici un petit reportage amateur par des gens que je ne connais pas sur la route pour rejoindre Mae Salong.

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