Au détour des tours de Kaiping Diaolou

Zili village, Kaiping Diaolou
Diaolou au village de Zili
Le temps d’un weekend de trois jours, nous sommes allés à Kaiping, à l'ouest de Shenzhen dans le Guangdong.

Les diaolous, qu'est ce que c'est?

Les diaolou de Kaiping 开平雕镂, ce sont des tours de plusieurs étages qui servaient de tours d’habitations mais aussi de tours de guets et de protection, des espèces de résidences fortifiées. Ce sont des émigrés chinois d’Amérique du Nord et d’Asie du Sud Est qui, rentrés au pays entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, ce sont mis à construire ce type de bâtiments en s’inspirant de ce qu’ils avaient vus loin de chez eux, afin de protéger leur famille mais aussi peut être pour en mettre plein la vue des voisins. Le design est donc un mélange d’architecture chinoise et européenne, empruntant au rococo et au style roman, et l’apogée des constructions a eu lieu entre 1920 et 1930. Ces tours servaient à l’époque de protection contre les pillards et les voleurs et également un peu plus tard contre l’invasion japonaise.
Depuis Shenzhen, nous avons pris le bus pour rejoindre la ville de Kaiping car les dialous sont en fait dispersés dans plusieurs villages et dans la campagne autour de Kaiping. Il faut ensuite prendre d’autres bus pour aller se perdre dans la campagne, faire un peu de marche à pied, et nous repérons rapidement de ci delà les tours qui émergent du paysage. Etonnamment, les touristes chinois ne semblent pas connaître les lieux et nous avons trouvé très agréable de nous balader dans ces différents villages. Je vais maintenant vous raconter ces moments passés ensemble à découvrir la région.

L'étrange ville de Kaiping

Kaiping est caractéristique des villes de province chinoises, grises et sans charmes esthétiques. Selon little miss tiny, c’est une petite ville et ça lui rappelle sa ville natale. Mais nous n’avons pas les mêmes références, car pour une chinoise, une ville de moins de un million d’habitant est une petite ville. A Kaiping, il y a donc ces nombreux bâtiments d’habitation que l’on rencontre ailleurs, recouvert de carrelage et avec des barreaux aux fenêtres. C’est une ville qui peut aussi paraître plus pauvres que les grandes agglomérations, en tout cas, tout y est moins cher qu’à Shenzhen, du prix des fruits et légumes au loyer des appartements. Mais c’est toutefois une ville industrielle, la spécialité est le robinet !
L'étrange ville de Kaiping
En marchant dans la ville nous tombons toutefois sur une rue piétonne et commerçante. C’est le marché, on y trouve un peu de tout et little miss tiny négocie des fruits et un nouveau chapeau. La rue est bordée d’immeubles de trois étages dans un style vaguement européen avec des préaux au rez-de chaussé. Le ciel est gris mais il fait très chaud. Nous pénétrons dans un café et nous nous désaltérons avec un jus de fruit en discutant de tout et de rien.
C’est la saison des mangues et les arbres qui longent les rues sont recouverts de ces fruits. Quelques fruits trop mûrs jonchent le sol et nous nous disons qu’il faudrait mieux éviter de s’en prendre un sur la tête. Puis, en marchant le long de la rivière qui traverse Kaiping, j’observe des péniches en ruine mais qui semblent habiter. Certains hommes, en barque, ramasse des algues ou des plantes qui tapissent le fond de la rivière.

Flânerie dans les villages

Le lendemain matin, nous nous levons de bonne heure et de bonne humeur afin de prendre un bus qui nous déposera en pleine campagne. Nous nous enfonçons dans un petit chemin et nous prenons la direction d’une tour qui émerge des champs de riz au loin. Le panorama est bucolique, quelques maisons sont dispersées au milieu du vert, des habitants jardinent dans leur potager, puis nous longeons des arbres fruitiers et même quelques vignes. Les premières tours que nous voyons, faites de béton gris, ne sont pas les plus belles, mais elles s’élancent fièrement au dessus des autres maisons du coin.
Les diaolous du village Zili
C’est en continuant de marcher un moment que nous arrivons au village de Zili 自力村. Le site est bien entretenu, il est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007. Nous cheminons entre les habitations traditionnelles en briques grises, les villas et les tours de guet. Certaines d’entres-elles sont accessibles à la visite et nous empruntons des escaliers pour accéder au sommet et contempler la vue.
L’intérieur des maisons est meublé avec du mobilier et des ustensiles du début du siècle dernier. Un lit à baldaquin et un vieux phonographe décorent la chambre. Une chaise dans le style européen se tient devant une peinture chinoise avec des lotus. A côté, il y a une vieille photo de famille en noir et blanc délavé.
A l'intérieur de ces fameuses tours
Du sommet d’un diaolou, nous voyons d’autres diaolou qui surgissent au milieu des rizières tandis que quelques collines se dégagent au loin. Nous restons un moment planté là, à contempler le paysage, avant de redescendre. Au pied du diaolou, un bel étang à nénuphar s’offre à nos yeux. Nous posons devant les fleurs roses et je me pose un problème mathématique en me demandant en combien de temps le nénuphar à recouvert la surface de l’étang en estimant qu’il double de surface chaque jour.
Nous trouvons ensuite un autre bus pour nous rendre au village de Majianglong 马降龙村. C’est un beau village qui a son origine au 18e siècle, mais on y trouve également les diaolous du 20e siècle. Le village est joliment placé entre une colline d’un côté et la rivière Tanjiang de l’autre. Nous nous promenons dans une forêt de bambous puis au milieu d’arbres fruitiers. Je n’avais jamais vue cet arbre auparavant, il répond au nom scientifique de Clausena lansium et il est aujourd’hui couvert de petits fruits jaunes et ovales, les wampi. Nous pouvons en acheter aux habitants, ils ont un goût à la fois sucré et acidulé. C’est une découverte, je n’en avais jamais mangé, pas plus que little miss tiny, une fille du nord où l’arbre ne pousse pas.
Le village de Majianglong
Au sommet d'un Diaolou de Majianglong
Les fruits inconnus : les wampi
Nous faisons encore plusieurs kilomètres en bus pour rejoindre le Jardin Li. C’est un chinois américain qui, après s’être enrichis au début du siècle dernier, a fait construire ici cinq maisons pour ses cinq fils. Les maisons, jaunes aux toits verts, sont au milieu d’un immense jardin dans lequel il est agréable de se balader. Il fait très chaud et nous profitons de l’ombre des arbres et de l’ambiance calme et relaxante pour nous reposer. Il y a de nombreux petits chemins, des fleurs, des pavillons, des portes, des ponts, un étang, c’est romantique et little miss tiny est contente.
L'une des maisons du Jardin Li
Le soir, nous trouvons un restaurant où nous nous remplissons la pense pour les trois prochains jours et nous parvenons même à faire une vidéo conférence avec la famille en France.
Le lendemain, nous allons à Chikan 赤坎镇 . Il s’agit aussi d’un ancien village avec de nombreux bâtiments dans le style Qilou, les maisons à arcades sont serrées les unes contre les autres, le rez-de-chaussée servant au commerce tandis que les étages servaient à l’habitation. Avec des rues étroites, l’architecture rappelle vraiment le centre d’une petite ville européenne et le site a servi de décors à de nombreux films. Les bâtiments étant en mauvais états, l’Etat chinois a racheté l’ensemble du village et vidé le lieu de ces habitants pour soi disant rénover le site. Il s’agit aujourd’hui d’une ville morte, quand nous errons dans les ruelles, je m’imagine seul au monde avec little miss tiny, rescapée d’un cataclysme écologique ou aux aguets au cas où un zombie arriverait à l’improviste.
Seul au monde à Chikan
Enfin, nous parvenons, après quelques difficultés pour comprendre le fonctionnement des bus locaux, au village de Sanmenli 三门里村. Sanmenli est un ancien village paisible, habité par de vrais habitants. Au milieu du village se dresse un énorme bâtiment en brique, le Yinglong Lou qui se dit le plus ancien dialou de la région. Il s’agit en effet d’une forteresse construite entre 1522 et 1566, sous la dynastie Ming, et c’est très rare de retrouver des bâtiments originaux si anciens en chine. Le fort ressemble presque à un château du moyen-âge européen. Le village est un labyrinthe de petites ruelles dans lesquelles on ne peut se faufiler qu’à pied. Des habitants discutent et épluchent des légumes assis au perron de leur maison. Les enfants me montrent du doigt en disant weiguoren, ce qui veut dire étranger. En sortant à l’arrière du village, nous débouchons sur des rizières, puis nous y gambadons un moment pour faire quelques photos champêtres.
Enfin, nous devons retourner à Kaiping pour rejoindre Shenzhen pendant la nuit. Trouver le bon endroit et le bon bus pour rejoindre Kaiping a été une tâche difficile. Le chinois de little miss tiny était incompréhensible pour les habitants de la région. Ici, les habitants parlent cantonais, mais ce n’est pas le même que celui de Hong Kong. Moi j’ai trouvé leur langue chantante avec des intonations rigolotes. Mais miss little tiny y perdait son latin car même les plus jeunes refusaient de répondre après quelques mots alors qu’ils doivent apprendre le mandarin à l’école (ce sont les mots de little miss tiny).
Voilà, c’est en juin 2018 que nous avons bourlingué autour de Kaiping. A bientôt, quelque part dans le Guangdong ou même ailleurs.

Commentaires

Unknown a dit…
C est beau et vous 2 aussi