Le thé de Longjing décryp’thé

D’après Jorge Luis Borges, « Il n’y a pas un seul homme qui ne soit un découvreur. On commence par découvrir l’amer, le salé, le concave, le lisse, le rêche, les sept couleurs de l’arc en-ciel et les vingt-six lettres de l’alphabet ; puis on passe aux visages, aux cartes géographiques, aux animaux et aux astres ; on termine par le doute ou par la foi et par la certitude presque totale de sa propre ignorance ».
Mais l’essentiel est de rester curieux.
A l’ouest du Lac de l’Ouest de Hangzhou, il y a des montagnes, et je suis allé voir ce qu’il y avait derrière ces montagnes. Derrière, il y a un village entourée de montagnes, Longjing 龙井, c’est le puits du dragon. Dans les temps ancien, un type a rencontré un dragon près d’une source. Après avoir envisagé de le chevaucher pour aller envahir Westeros et mettre le feu à l’armée Lannister, il s’est dit qu’il avait mieux à faire. Et puis les dragons chinois n’ont pas d’aile et ils sont plutôt associés à l’eau, un peu comme les Naga en Inde. Comme il y avait un problème de sécheresse, il a demandé au dragon que cela serait sympa de faire pleuvoir sur le village. Le dragon répondit favorablement à sa requête et c’est la raison pour laquelle le village s’appelle Longjing.
Les plantations de thé de Longjing
Aujourd’hui, les versants des montagnes entourant le village sont tapissés de plantation de thé, cultivée en terrasse. Certains arbustes sont sous formes de longues rangées, tandis que d’autres ressemblent à de petites boules vertes. Les habitants cultivent le thé ici depuis 1000 ans.
C’est donc le 龙井茶 lóngjǐngchá, 龙 le dragon, 井 le puits et 茶 c’est le thé. Le thé de Longjing est l’un des thés verts les plus célèbres de Chine, c’est aussi le plus cher, il s’agit d’une appellation contrôlée. S’il est récolté par de jolies jeunes filles, je veux dire des beau’thé, il est encore plus cher, en tout cas, c’est ce que m’a racon’thé mon collègue. Il existe également des faux thés de Longjing, qui proviennent bien de Chine, mais pas de Longjing.
Le thé de Longjing est récol’thé à la main, avec délicatesse. La récolte ayant eu lieu en mars, cela explique que quand je suis passé, au mois de mai, certains arbustes paraissaient un peu dépouillés.
Puis, le thé est séché dans de grands récipients, un peu comme des woks, légèrement chauffé, afin d’éviter des processus d’oxydation ou de fermentation. Dans ce processus, les feuilles deviennent aplaties.
Dans le village, il y a bien sûr de nombreuses maisons de thé où l’on peut faire des dégustations. Le thé est servi dans un verre transparent, afin de bien voir le processus d’ouverture des feuilles au contact de l’eau chaude, de la dispersion des arômes, le volup’thé. Les chinois n’utilisent pas de sac ou de boule à thé, les feuilles sont directement mises au contact de l’eau. Il y a aussi tout un art de la dégustation, un peu à la manière du vin français, mais que je ne maîtrise absolument pas.
Moi j’y vais décontrac’thé, en plus c’est l’é’thé. C’est une balade assez sympa d’aller se trimballer entre les plantations de thé. C’est verdoyant et bucolique, un jolie contraste avec la ville de Hangzhou pourtant toute proche. Une belle découverte.
Les feuilles de thé c'est comme ça
A Longjing, il y a aussi des restaurants, les plats traditionnels sont parfumés avec des feuilles de thé. Le thé est également utilisé dans des produits cosmétiques ou pharmacologiques.
D’après une légende l’empereur de Chine Qianlong a visité les lieux. Comme sa maman était malade, il lui prépara une infusion de thé, et hop, exal’thé, celle-ci s’est remise sur pied.
Le thé c’est tout plein de théanine, de épigallocatéchine-3-gallate, des antioxydants et autres substances, c’est à la fois stimulant et relaxant. Bref, c’est bon pour la san’thé.
Voilà, peut être que je vous aurais donné envie de vous concoc’thé du thé. Une tasse de thé c’est comme prendre un bain de l’intérieur dit un proverbe japonais. C’est vrai que moi si je bois un verre de thé, j’en ai deux qui ressortent ensuite sous forme d’urine.
Mais pendant qu’on parle de voyage et de découverte, il y a des chercheurs qui travaillent sur le recyclage de l’urine et autres excréments, pour des explorations spatiales en autonomie, on appelle cela l’univers-selle.

Commentaires

mamie a dit…
plein d'humour et de bon'thé