Avant de passer du coq à l'âne, le jour où l'on passe du singe au coq

Ces jours, si vous regardez le ciel en début de soirée, et s’il n’y a ni nuages ni pollution, vous verrez une étoile qui devient de plus en plus brillante : c’est l’éclat de la planète Vénus qui augmente. En effet, la Terre et Vénus se rapprochent de 1,1 million de kilomètres par jour en ce moment. Au même moment, la Lune entre dans sa période d’ombre, le 28 janvier, c’est la Nouvelle Lune, toute noire, vous ne la verrez pas dans le ciel. Ne confondez donc pas la Lune et Vénus ce jour là !

En fait, c’est la position relative de la Lune par rapport au Soleil, son éclairement, qui est responsable des phases lunaires. L’observation de ces phases de la Lune dans le ciel permet de se repérer dans le temps, et cela aboutit à la mise au point de calendriers, dans différentes populations de par le monde.

Dans les temps anciens, les Hommes regardaient le ciel avec curiosité, la position et les mouvements de la Lune, des planètes et des étoiles devaient les fasciner ou leur inspirer de la crainte. Pour expliquer ces phénomènes, ils se racontaient des histoires, des mythes. Il essayait de donner un sens à tout ça, et pour ce faire, ils ont inventé des divinités, la mythologie et la religion. Ils ont inventé le sacré, un rapport entre l’Homme et le Cosmos. Aussi, certaines de leurs observations pouvaient être des signes annonciateurs de bons ou de mauvais présages. Observer le ciel permettait d’une part de mettre au point des calendriers fiables, par exemple de prévoir le début des saisons et d’optimiser les récoltes pour l’agriculture, et d’autre part de lire les présages et en quelque sorte de prédire l’avenir. Interpréter les phénomènes astronomiques permettait de prendre de bonnes décisions. Ainsi, pendant longtemps, astronomie et astrologie étaient liés.

La science est probablement née avec l’astronomie. Pour faire des prédictions, il a fallu inventer les mathématiques, pour mesurer, il a fallu inventer des observatoires et pour conserver la trace de ces observations, il a fallu inventer l’écriture.

Zhang Heng, né en 78, astronome, mathématicien, géographe et poète chinois.
Ici, il met au point un sismomètre.

La plus ancienne carte d’étoiles connues est chinoise. Pendant les temps anciens, les astronomes qui étaient donc aussi astrologues faisaient des prédictions pour conseiller l’Empereur.

Selon la tradition, le calendrier chinois fut créé par l'Empereur jaune en 2637 avant notre ère, mais il semble que le calendrier lunaire actuel date de la dynastie des Han, entre -209 av. notre ère et 220 de notre ère. Il est divisé en 12 mois lunaires. Il y aussi 12 animaux, qui eux, correspondent chacun à une année, donc il y a un cycle de 12 ans. Selon la légende, c’est le Bouddha qui invita tous ces animaux au réveillon du Nouvel An. La première année est celle du rat, qui débute lors du règne de l’Empereur Jaune, il y a donc plus de 4600 ans. Le calendrier grégorien fut officiellement adopté par la République de Chine en 1912, mais c’est toujours le calendrier lunaire qui est utilisé pour les dates des fêtes.

Da Yu et ses compagnons luttant contre le déluge

C’est année, le nouvel an chinois, le festival du printemps, aura donc lieu le 28 janvier, lors de la Nouvelle Lune. Et cette année, nous entrons dans l’année du coq (鸡 jī) !

Ensuite, le 15e jour du 1er mois lunaire, c’est la fête des lanternes 元宵节 (Yuánxiāo jié) qui annonce la fin des festivités. C’est une fête qui existe en Chine depuis la dynastie des Hans elle aussi. Dans la Chine traditionnelle, les enfants sortaient la nuit pour se rendre au temple, en portant des lanternes en papier et pour résoudre des énigmes. De nos jours, l’activité consiste à visiter des parcs de la ville, ornés de lanternes lumineuses. C’est un peu la fête de la lumière.

A Shanghai, le quartier Yu Yuan est décoré bien avant la fête des lanternes, et même avant le nouvel an chinois. C’est un peu comme les décorations de Noël en Occident, c’est pour créer une certaine magie et se mettre dans l’ambiance des festivités qui approchent.

Ainsi, il y a des lanternes illuminées de partout, certaines posées sur le sol, d’autres accrochées en l’air, certaines sont gigantesques et d’autres sont animées. Il y a des fleurs de lotus, des poissons qui symbolisent la chance, des dragons, des pandas, toute une ménagerie symbolisant la Chine. Il y a aussi des mises en scènes avec des personnages de la mythologie ou des personnages ayant vraiment existé, il y a même Da Yu, sur lequel j’avais écrit un billet il y a quelques semaines.

Au milieu de la grande place, il y a un coq, immense, et de temps en temps, il dit cocorico en chinois. Tout autour, pour donner un aspect un peu plus kitsch, il y a un globe terrestre et ses satellites, des trains, des avions, des fusées, à la gloire de la Chine pour l’année à venir. Ils sont fiers comme des coqs ces chinois !

Fier comme un coq

D'ailleurs, c’est vraiment génial, mais je m’en rends compte maintenant, après toute mon introduction sur l’astronomie, mais l'année du coq est orientée vers l'astronomie et les découvertes spatiales. Merci wikipedia. En 1957, c’est le lancement du premier satellite artificiel, le spoutnik 1 ; l’année 1969 est celle du premier homme sur la Lune ; en 1981, c’est le premier lancement d'une Navette spatiale américaine ; en 1993, le satellite Hubble est réparé (oui c’est un peu tiré par les cheveux comme argument, car Hubble a été lancé trois ans plus tôt, mais sans cette réparation il ne fonctionnait pas bien) ; en 2005, le premier objet céleste humain atterri sur une planète au-delà de Mars, c’est la sonde Huygens sur Titan. Quelle surprise nous révélera la Chine cette année ?

« Difficile à voir. Toujours en mouvement est l'avenir » disait Yoda. « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » lui répondait Pierre Dac.