Say cheese ! Zakopane et Tarnów. Pologne (3)

Après la visite de Cracovie, je vous emmène aujourd’hui dans le sud de la Pologne, à la frontière avec la Slovénie, ses montagnes, ses lacs et ses fromages. C’est donc une région montagneuse, les Tatras, qui constitue le nord des Carpates, à cheval donc entre la Pologne et la Slovaquie.
Je suis allé à Zakopane, l’équivalent de Chamonix pour les Polonais, considéré aujourd’hui comme la capitale des sports d’hiver, et pendant l’été, c’est un peu la capitale de la randonnée. J’arrive ici à la fin du mois d’octobre, il commence à faire froid, les montagnes sont enneigées tandis que les forêts autour de Zakopane affichent leurs couleurs automnales.
Campagne en allant à Zakopane
Zakopane est seulement à 110 km au sud de Cracovie, mais le trajet en train prend 3h30. Cela me laisse le temps de contempler le paysage et j’ai également un très bon livre d’Alain Damasio pour me tenir compagnie. Quelques kilomètres après la sortie de Cracovie, le train s’arrête en pleine cambrousse, et deux individus, avec qui je vais partager le wagon pour les trois prochaines heures, s’installent un peu plus loin. L’un d’eux porte un sac contenant une brique de jus d’orange et une grosse bouteille de vodka. La bouteille est pleine, elle est bourrée, dans le sens excessivement rempli, et c’est sans doute la raison pour laquelle les deux acolytes se sont donné pour objectif de remédier à ce problème : alléger la bouteille. A la fin du voyage, la bouteille était vide et c’est eux qui étaient bourrés, rendant ainsi plus complexe leur descente du train que leur descente de la dite bouteille.
L’auberge que j’ai choisie est excentrée, à quelques kilomètres de la ville. Je choisi donc de rester me trimballer au cœur de Zakopane pendant la journée et de rejoindre l’auberge dans la soirée. Au centre ville, je marche sur la rue piétonne Krupowki, c’est vivant et je suis content de me dégourdir les jambes. Tout le long de la rue, il y a de nombreux vendeurs avec leurs étales d’un objet comestible non identifié qui ressemble à un genre de pain avec de drôle de formes, ou bien une pâtisserie. Je découvrirai plus tard qu’il s’agit de fromage. La rue est bordée de boutiques, de cafés et de restaurants et j’en profite pour m’engouffrer dans l’un d’eux. Entièrement en bois, dans le style chalet, l’endroit est plutôt chaleureux. Je déguste des pierogi et une bonne soupe qui me réchauffe.
Cheese ! Les fromages de Zakopane
Tout en bas de la rue Krupowki, il y a une grande place avec le marché, on y vend toutes sortes de souvenir et d’objets artisanaux, mais surtout, de nombreux fromages, c’est incroyable, il y en a des milliers. L’Oscypek, c’est son nom, est un fromage au lait de brebis des Tatras, généralement fumé au feu de bois. Il y avait de nombreuses sortes, celui que j’ai choisi était un peu trop salé. J’achète aussi du pain et des tomates ce qui me fera des provisions pour la randonnée de demain.
En haut, la vieille église
Non loin de là, il y a une vieille église, c’est son nom, stary kosciol, entièrement en bois de pin, à l’extérieur comme à l’intérieur. J’ai aimé la belle architecture en bois des maisons aux toits pointus, le style zakopane qui est inspiré de l’habitat traditionnel des Carpates, revues et corrigées par l’Art nouveau. Certaines maisons sont anciennes tandis que les maisons récentes respectent également le style, donnant une atmosphère rustique à la ville.
Les maisons de Zakopane
Après un bon dîner accompagner d’un vin chaud, je suis parti en quête de l’auberge. En cours de route, je décide de me tromper de chemin et j’ai erré un moment à la nuit tombée pendant que le froid commençait à se faire sentir. L’auberge est un chalet en bois, au pied de la montagne, entouré d’une forêt de sapin. L’ambiance est chaleureuse, tous les autres hôtes sont des filles. J’ai sociabilisé avec une Russe et deux Espagnols mais elles ne voulaient pas partir faire une longue randonnée le lendemain. Après le petit déjeuner, simple mais appréciable, de l’auberge, je suis fin prêt pour démarrer les hostilités. De bon matin, il y a un minibus qui s’arrête prêt de l’auberge et qui nous emmène plus haut dans la montagne, à l’orée des bois et au début des sentiers.
A partir d’ici, il est possible de rejoindre le lac Morskie Oko en 1 heure de marche, mais en faisant un détour par un autre chemin, je choisi de rejoindre ce lac en une journée, en montant dans la montagne. Le froid est mordant à cette altitude de bon matin, il y a un peu de neige, parfois verglacé, je dois être un peu attentif lors de la montée. Le chemin serpente à travers la vallée des cinq lacs (Dolina Pięciu Stawów), au début dans les sous-bois, puis la vue devient plus ouverte au fur et à mesure de la montée. En plus, il fait tellement beau, je suis vraiment chanceux.
Point de vue sur les Tatras
Au bout d’un moment, j’arrive au bord d’un lac, il y a aussi un refuge tout proche. Je continue un peu plus loin, et c’est merveilleux, il y a un autre lac, enchâssé dans un écrin de montagnes blanches. C’est tellement beau que je m’installe ici pour manger mon sandwich au fromage de brebis fumé. Le fromage, pas la brebis. Je sais, c’est une blague un peu fumeuse. D’ailleurs, savez-vous combien y a-t-il de gares d'ici jusqu'à la ville de Vannes ? Il y en a six. Vous ne connaissez pas les « six gares de là à Vannes » ?
Une fois repu, et après avoir profité du soleil au bord du lac, je dois poursuivre encore la montée. Les points de vue sur les deux lacs et le panorama sur les sommets sont magnifiques. J’ai l’impression de voler.
Vallée des Cinq Lacs
Je dois franchir un col avant de redescendre l’autre versant de la montagne. Cette fois, c’est le lac Morskie Oko qui s’offre à mes yeux. L’œil de la mer, c’est sa traduction en français. Lui aussi est dans son écrin de montagnes. Elles se reflètent dans les eaux du lac donnant une atmosphère magique au lieu. Je descends en appréciant le paysage, je prends plein de photos mais la nuit commence déjà à tomber. Je continue la randonnée à la noirceur et je terminerai la marche dans la nuit noire, mais les yeux pleins d’étoiles.
Morskie Oko
La nuit tombe...
Après une nuit reposante à l’auberge, je retourne le lendemain à Cracovie pour profiter de mes derniers jours en Pologne.
Je voulais aller à Zalipie, un petit village un peu connu pour ses maisons peintes. Finalement, le site n’est pas exceptionnel, mais c’était un prétexte pour aller à la campagne et aussi un espèce de défi, car, selon les informations disponibles sur Internet, il n’était pas possible de rejoindre Zalipie en transport en commun.
Tout d’abord, je prends le train pour rejoindre la ville de Tarnów, à une centaine de kilomètres de Cracovie, et je passerai ici la matinée. La ville a un passé prestigieux, elle était un fief de la famille Tarnowski, ainsi qu’un important centre culturel et artistique au XVIe siècle. Ainsi, la vieille ville à du charme, je passe un peu de temps de la matinée à me balader dans les ruelles piétonnes. Au centre, il y a une belle place de style renaissance au milieu de laquelle se dresse l’hôtel de ville (Ratusz) gothique et renaissance. Avant 1939, la moitié de la population était juive mais ils ont presque tous été exterminé.
Tarnów avec en haut des têtes sculptées sur l’hôtel de ville
Je me renseigne à l’office de tourisme sur les possibilités de rejoindre Zalipie à partir de Tarnów. Il faut prendre un mini bus qui va à un autre village dont j’ai oublié le nom et je dois demander au chauffeur qu’il me pose à Zalipie au passage. Finalement c’est un peu comme la Chine, je dois d’abord trouver la bonne place où prendre le bus, le bon côté de la route, et le bon bus. Celui que j’ai pris n’était pas de la même couleur que ce que m’avait indiqué la dame de l’office de tourisme mais il m’emmène toutefois à bon port. La plupart des autres passagers sont des lycéens qui rentrent chez eux, dans le village dont j’ai oublié le nom.
Maison de la dame de Zalipie
La tradition de Zalipie remonte à la fin du XIXe siècle, une dame a eu l’idée de décorer sa maison en peignant des motifs floraux, puis ses voisins ont du l’imiter. Aujourd’hui, quelques familles maintiennent la tradition en peignant leur maison de ces mêmes motifs. Il y a plusieurs genres de fleurs, et le rouge, le jaune et le bleu sont les couleurs dominantes. Mais seulement quelques maisons du village sont décorées ce qui peut être assez décevant. J’ai néanmoins apprécié flâner dans le village. L’église n’est pas très belle de l’extérieur, mais l’intérieur est décoré des mêmes dessins de fleurs. La maison de la dame qui a initié le style, originale, en bois, avec son côté bucolique, est ma préférée.
Le soir, avant la tombée de la nuit, je retourne sur la route principale et fait signe aux chauffeurs des bus de passage. L’un d’entre eux me ramène à Tarnów où je pourrai reprendre le train en direction de Cracovie.
A l'intérieur de la halle aux draps de Cracovie, il y a de nombreux objets artisanaux, des souvenirs et de très belles boîtes.
Mon voyage en Pologne est maintenant terminé. En cliquant sur les photos, vous pouvez en avoir une vision agrandie et si vous cliquez ici, il y a toutes mes photos de Pologne.
A bientôt.

Commentaires

mamie a dit…
as tu déjà gouté aux ""cigares de la Havanne""???