Vous en rêviez, et bien je l’ai fait, j’ai arpenté la
Grande Muraille de Chine ! En chinois, c’est 长城 Chángchéng, surnommé la longue muraille de dix mille li (万里长城 ou Wànlǐ Chángchéng). C’est longue muraille qui s’étire et serpente interminablement de la Mer Jaune jusqu’au désert de Gobi en traversant sept provinces est en effet la plus grande construction de l’Homme en terme de volume et de longueur. Il y a aujourd’hui plusieurs tronçons mais la longueur totale des murs serait de 6700 km !
Le Mur sépare ainsi, non pas le royaume des Sept Couronnes, mais l’Empire Chinois agricole, des terres des sauvageons d'au-delà du Mur, je veux dire les nomades Mongoles. Pour continuer l’analogie que seuls les geeks pourront comprendre, des soldats, tel la Garde de Nuit, étaient chargés d’entretenir et de protéger le Mur. Des paysans, des nobles disgraciés, des détenus, ont permis la construction de ces remparts. Étant donné la difficulté du projet, beaucoup d'entre eux ont trouvé la mort pendant la construction.
Tel un dragon gigantesque, la Grande Muraille serpente le long des crêtes, dans la verdure de l'été.
Tout au long de la muraille, il y a des tours de guet, des tours d’alarme, des bastions dans lesquels se trouvaient des gardes, tout cela afin de renforcer les défenses. Des cavaliers pouvaient chevaucher côte à côte sur la muraille mais au final, cette fortification n’a jamais réellement repoussé la moindre invasion des sauvageons d’au-delà du mur... J’imagine qu’il y a aujourd’hui plus de touristes qui vont voir la muraille, qu’il y avait de soldats à l’époque pour la défendre !
C’est vers 220 avant notre ère que Qin Shin Huang, premier empereur de Chine (celui qui est enterré à Xi-an avec son armée de terre cuite) a entreprit la construction d’un système de défense contre les invasions venues du nord. Au fil des siècles, la muraille est maintes fois réparée, reconstruite, son tracée évolue en fonction de l’évolution des frontières de la Chine avec le temps. Ce processus de construction a lieu jusque sous les Ming (1368-1644) et la plupart des vestiges encore debout aujourd’hui datent en fait de cette période.
Tout le long de cette longue muraille, il existe probablement de nombreuses possibilités d’exploration, certaines parties sont toutefois difficilement accessible, dans des massifs montagneux, ou trop délabrés. Le site de Badaling est le tronçon le plus proche et le plus accessible de Beijing mais il est envahit par des hordes de touristes. Je voulais explorer quelque chose d’un peu plus authentique et sauvage.
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Muraille non rénovée |
J’ai choisi d’aller sur le site de Jiankou, à une centaine de km de Pékin. Pour aller là bas, il faut d’abord prendre le bus pour Huairou. Il n’y a ensuite malheureusement pas de bus pour Jiankou, et comme je n’avais aucune idée de la direction pour y aller en stop, quelqu’un m’a proposé de m’y emmener, mais en échange de quelques yuans. Il me dépose dans un petit village, Xizhazi, c’est là où je pourrai passer la nuit. Du village, je peux voir au loin des parties du mur et des tours au sommet des crêtes de la montagne; c’est joli et je suis un peu excité car c’est tout de même la première fois que je la contemple cette grande muraille !
Il faut ensuite entreprendre une marche dans la forêt afin d’atteindre le mur. Je démarre ma quête, il fait chaud en ce mois de juillet, mais le soleil est au rendez-vous, il semble que je suis chanceux. Je me suis toutefois perdu deux fois la forêt avant de rejoindre le mur, mais au bout d’un moment, j’aperçois enfin des blocs de pierre qui me mettent sur la bonne voie.
La vue sur la montagne et les méandres des fortifications est fabuleuse. L’architecture sinueuse s’intègre parfaitement à la topographie du paysage, c’est grandiose !
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Jiankou et la muraille qui ondule sur les crêtes |
Il y a peu de monde qui viennent ici, c’est un plaisir de se balader sur le Mur ! J’ai rencontré trois américains qui installent leur tente pour passer la nuit sur le site ce qui est plutôt une bonne idée.
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La pluie arrive |
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Tronçon rénovée |
Après une nuit au petit village de Xizhazi, je remonte sur la muraille et je prends la direction de l’ouest pour rejoindre à pied le site de Mutianyu. Il faut environ 4 heures de marche tranquille à contempler le paysage pour rejoindre Mutianyu. Il s’agit d’une section restaurée de la muraille, mais également plus touristique. La marche y est du coup moins périlleuse, et c’est aussi intéressant de pouvoir imaginer comment était la muraille à l’époque de sa grandeur. Un autre avantage, c’est qu’en arrivant par le côté sauvage, je n’ai pas besoin de m’acquitter du droit d’entrée.
Commentaires
ça, c'est du reportage de Goski 20/20