Du voyage éprouvant entre Bikaner et Janshi à la sérénité d'Orchha...


Bikaner sera ma dernière étape au Rajasthan, je veux ensuite rejoindre Orchha dans le Madhya Pradesh, c'est un long trajet. Je dois prendre le train de nuit pour Agra, puis changer de train à Agra pour aller à la gare de Janshi, à partir de laquelle je pourrai rejoindre Orchha, 20 km plus loin, en transport. Mais déjà à Bikaner c'est compliqué, je dois faire la queue à la billetterie un long moment, les indiens sont insupportables, ils ne savent pas faire la queue, se faufilent et font tous leurs possibles pour me passer devant. A un moment, il faut faire semblant de se fâcher pour dire que cette fois, c'est peut être à mon tour ! Quand j'arrive enfin au vendeur de billets, celui-ci ne comprend rien de ce que je lui demande, il me dit d'aller faire la queue au niveau d'une autre file ! Finalement, l'autre vendeur m'apprends qu'il n'y a plus de places disponibles dans le train que je veux prendre... Pas de places non plus dans le train du lendemain, ni dans celui du surlendemain... J'essaie de lui expliquer que je peux y aller en passant par un autre trajet et s'il peut regarder des possibilités dans son ordinateur, ce qui à l'air de l'emmerder terriblement... Il n'y a finalement pas d'autres choix. J'achète donc un billet en waiting list pour Agra, cela veux dire que je dois attendre le soir si mon nom est affiché sur la liste des passagers admissibles dans le train (dans le cas ou d'autres passagers ont annulés leur départ par exemple). Le soir, je ne suis évidemment pas sur la liste, je fais donc le choix de prendre tout de même le train avec mon « unconforme ticket » comme me dira plus tard le contrôleur. Le train est plein, et je passerai 12 h assis de façon particulièrement inconfortable sur mon sac au milieu du couloir, coincé entre une porte et un indien dans la même situation que moi.
Arrivé à Agra, je dois marchander ferme pour que le conducteur de rickshaw m'emmène dans l'autre gare d'Agra (Agra, c'est très touristique, donc c'est un peu des voleurs là bas). J'achète mon billet pour Janshi et je demande au enquiry office, quel train je peux prendre avec mon billet. La dame m'indique un numéro de train et l'heure de départ. C'est toujours un peu compliqué dans les gares indiennes. Il y a l'endroit où l'on achète un billet avec le départ dans la journée, un autre endroit où l'on fait des réservations, un autre endroit où l'on demande des informations, et souvent, ils nous baladent d'un bureau à l'autre. La SNCF est un jeu d'enfants en comparaison ! Je prends le train qu'on m'a indiqué, sauf que ce n'est pas le bon train, il est trop confortable par rapport au prix que j'ai payé ! Le contrôleur veut me faire payer une amende mais je lui dit que je n'ai pas l'argent, alors il me dit de descendre à la prochaine gare puis de prendre le train suivant. Ensuite, je rencontre un faux contrôleur, qui lui veut me faire payer une amende par pure perfidie. Il était vraiment collant celui-là, je suis content de descendre de ce train pernicieux pour me retrouver à Morena, petite ville au milieu de nulle part ! Les gens me regardent d'un drôle d’œil, du genre c'est la première fois qu'ils voient un occidental par ici ! Tout est en caractère hindi et j'ai du mal à comprendre où et quand je dois prendre le prochain train. Je monterai finalement deux heures plus tard dans un train bondé et lent pour Janshi.
A Janshi, je n'arrive pas à trouver l'endroit où prendre le transport collectif pour Orchha car une vingtaine de conducteurs de rickshaw sont agglutinés sur moi... Je crois que je suis le seul touriste étranger qu'ils ont à se mettre sous la main aujourd'hui... Finalement, quand je dis oui à un, voilà que les autres se mettent à se battre comme des enfants... Toute cette agitation attire une foule de curieux qui viennent juste pour regarder, c'est l'effet boson de Higgs. A partir d'une certaine masse critique, un policier arrive, mais ça le fait un peu rigoler ! Ce n'est vraiment pas une bonne journée, et je fuis cette cohue avec mon rickshaw finalement.
Avec tout ce tumulte, je perds mon "lonely planet", je me retrouve vraiment seul en Inde à présent... Est-ce le début du voyage ?
Après une bonne nuit de repos, je peux prendre le temps de découvrir Orchha. C'est vraiment chouette, c'est une petite ville de 9000 habitants, il n'y a pas beaucoup de circulation, et ici les gens sont cools. Je loue un vélo pour deux jours et je peux me balader tranquillement. Il y a des chouettes sites archéologiques plaisants à découvrir, des temples et des palais. Autour, c'est la campagne avec des villages, et il y a une forêt avec pas mal de singes. Je rencontre deux français, qui ne se connaissaient pas non plus avant cette journée, et avec qui nous partagerons quelques moments.
C'est le Rajâ Rûdra Pratâp qui entame la construction du palais Raj Mahal au XVIe siècle, tandis que le Jahangir Mahal sera édifié le siècle suivant par l'empereur Jahangir. Comme les autres palais que j'ai visité en Inde, ils présentent une architecture raffinée. Je vous passe les détails sur l'histoire de la région qui est aussi riche de péripéties qu'ailleurs en Inde.
Par ailleurs, j'ai aussi beaucoup aimé les Chhattrî, qui sont un alignement de plusieurs cénotaphes, des monuments élevés à la mémoire d'une personne. Édifiés sur les berges de la rivière Batwa, leurs reflets apportent quelque chose de plaisant au regard et de particulièrement photogénique.
Le temple de Chaturbhuj, dédié à Vishnou date du IXe siècle, tandis que le temple de Lakshmi, particulièrement imposant, date du XVIIe siècle. Lakshmi (ou Laxmi), c'est l'épouse de Vishnou, c'est la déesse de la santé, de la prospérité et de la beauté.
Très souvent, quand il y a une rivière, les indiens vont se baigner dedans. Ce qui est très surprenant, c'est qu'ils ont toutefois souvent peur de l'eau, et la plupart ne savent pas nager ! Très souvent, ils en profitent aussi pour faire une lessive.
Ici, c'est le monsieur qui me préparait de bons petits plats pour seulement 10 roupies ! J'y allais chaque midi : un genre de beignet de pomme de terre qu'il écrasait ensuite pour le mélanger avec des légumes, des oignons, des pois chiches et diverses épices : succulent et certainement le meilleure repas à 10 roupies de tout le voyage !
 
Moins intéressant sur le plan architectural, mais très intéressant sur le plan spirituel, il faut passer du temps dans le Ram Raja Temple. C'est un lieux sacré, les occidentaux ont le droit de se mêler aux pèlerins, mais il est interdit de prendre des photos à l'intérieur du temple. L'atmosphère est très pieuse à l'intérieur, et même si je reste profondément athée, je ne reste pas insensible à l'ambiance du lieu, il se passe quelque chose. Une cérémonie à lieu chaque matin et chaque soir. A l'intérieur, il y a un prêtre, un gourou où je ne sais quel saint homme, il est très charismatique, il arrose l'assemblée avec une eau sacrée en psalmodiant des prières, et il semble que c'est très important. Le plus rigolo, c'est qu'il a un assistant, un peu comme un enfant de cœur. Mais là, c'est un vrai miliaire. Il est là à la fois pour assurer l'ordre parmi la foule de pèlerins qui veut s'approcher au plus près de l'homme saint, et en même temps, il chante les prières, range les offrandes et apporte l'eau sacré à l'homme saint. Drôle de mélange... C'est un peu ce que j’appellerai la douce folie de l'Inde... Voilà ce qui résumerai bien ces trois derniers jours de péripéties...

Commentaires

mamie a dit…
la sncf et la France ce n'est quand même pas trop mal tiens le coup
Anonyme a dit…
Bravo Julien.
Continue et tiens le coup.
Sur les photos, tu ressembles de plus en plus à un indien !
C'est le même réflexion que nous nous étions faite... lorsque notre fils Camille était allé en Inde.
Bisous d'Elena et Jacques de Montpellier
Le voyageur hypothetique a dit…
« Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi même. » écrivait D.H. THOREAU.
Voila pourquoi il était peut-être nécessaire que tu perde ton "Lonely Planet"