Le jour où j’ai visité la capitale la plus calme du monde : Vientiane - Laos (1)

Des Bouddhas au temple Vat Sisakhet.
A l’occasion des vacances du Nouvel An Chinois, je suis allé 10 jours au Laos, un pays moins bien connu que ses voisins. J’ai été plutôt surpris pas ce pays. J’imaginais un pays plutôt pauvre, comme le Cambodge, mais j’y ai vu une certaine prospérité, même si le contraste entre les villes et la campagne est important. Autre surprise, le pays est beaucoup plus calme que ses voisins. Certes, le Laos est le pays le moins peuplé d’Asie, mais j’ai découvert la nonchalacence de ses habitants, et même dans les villes, il n’y a pas ce bruit infernal de la circulation et des klaxons.
Avec une superficie comparable à celle de la Grande Bretagne, la Laos a seulement 6,5 millions d’habitants. A l’inverse des autres pays de l’Asie, le pays n’a pas d’accès à la mer, ce qui est un inconvénient pour les échanges économiques internationaux. Depuis 1975, le Parti révolutionnaire populaire lao est le parti unique dirigeant le pays, mais en 2009, l’administration Obama a déclaré que le Laos n'était plus un État marxiste-léniniste. En 2011, c’est l’ouverture sur le libre échange avec la création d’une bourse à Ventiane, puis le Laos devient membre de l’OMC en 2013.
Pour les curieux, je vous invite à jeter un œil sur l’excellente émission du dessous des cartes sur le Laos.
La population et l’agriculture se concentre autour de la vallée du Mékong. Il y a de la place et de nombreux espaces naturels au Laos, ce qui est sympa pour la randonnée, j’en reparlerai lors d’un prochain billet. Tout en relief, environ 80% du pays est formé de plateaux et de montagnes, et la forêt tropicale couvre 40% du territoire, même si l’exploitation du bois et la déforestation commence à être un problème.
Il n’y a pas de trains au Laos, mais la Chine, qui investit actuellement dans les infrastructures du pays devrait ouvrir une ligne en 2020 entre Kunming au Yunnan et Vientiane, la capitale du Laos. Ainsi, le Laos passera directement de rien du tout au TGV !
Je commencerai donc ce carnet de route par Vientiane.
Vientiane est au bord du Mékong, et sur l’autre rive, c’est la Thaïlande. Elle est devenue la capitale du Laos, le royaume de Lan Xang (du « million d’éléphants ») vers 1560. L’ancienne capitale était Luang Prabang, mais j’en parlerai lors du prochain billet. Carrefour commercial, Vientiane bénéficie d’un essor économique au XVIIe et XVIIIe siècle, mais la ville est plusieurs fois ravagées par les Birmans puis les armées du Siam. Elle passe ensuite sous influence française à partir de 1893. En 1899, le Lan Xang (Laos) est intégré à l’Union indochinoise française. Des révoltes ont lieu dès le début de la colonisation, mais c’est à partir de 1939 que le mouvement indépendantiste voit le jour. Le Laos accède à l’indépendance à la fin de la guerre d’Indochine en 1954.
L'arc de triomphe à l'indépendance.
Quand je suis arrivé à Vientiane, j’ai vraiment était surpris par le calme, je crois que c’est la capitale d’un pays la plus calme que j’ai jamais visité !
Les joueuses de pétanque
En me baladant dans les rues, je remarque des restes de la présence française, notamment l’architecture, des maisons avec des volets qui rappellent la France. Beaucoup de maisons à Vientiane, il y a 700 000 habitants, mais pas de grands buildings, les bâtiments les plus hauts doivent avoir au moins trois étages ! C’est presque un gros village. Les grosses bagnoles laissent penser que le Laos est un pays riche, mais ce qui n’est peut être pas représentatif de tout le pays. Il y a aussi des scooters et des vélos, qui se trimballent dans le calme. Les bâtiments administratifs, ainsi que les noms des rues, sont écrits en Lao avec des sous-titres en Français. Dans la cours d’une école, un petit groupe est en train de jouer à la pétanque. Au coin d’une rue, ça sent vachement bon, c’est une boulangerie française avec du bon pain, des croissants, et même des croissants aux amandes. L’art de vivre laotien me plait bien. Il y a aussi de nombreux restaurants dans le coin. Ville cosmopolite, je peux rencontrer des chinois, des indiens et des expats occidentaux.
Je continue à sillonner la ville, il y a de nombreux temples, des monuments, des parcs. La ville est propre, l’air est sain, le ciel d’un bleu magnifique. Il fait près de 30°C aujourd’hui mais l’atmosphère n’est pas étouffante.
Je suis allé visiter le musée national du Laos. J’y ai rencontré quelques os de dinosaures, puis des hommes préhistoriques, une collection de silex, des vieux bouddhas en pierre et en bois, mais le musée est ensuite essentiellement consacré à l’histoire et l’évolution du pays. Une grande partie du musée démontre, peintures, photos et témoignages à l’appuie, les massacres et tortures infligés au peuple laotien par les français durant la colonisation. Ensuite, c’est l’histoire de la guerre secrète des Américains au Laos. Bien que resté neutre pendant la guerre du Vietnam, le Laos a subit des bombardements préventifs de la part des américain, alors que les habitants n’avaient rien demandé à personne (des combattants vietnamiens passaient en fait par le Laos). Pays paisible, entre 1965 et 1973, le Laos est aussi le pays qui a été le plus bombardé au monde ! La plupart des victimes de ces bombardements étaient des civiles, et des milliers de ces bombes n’ont pas explosées en arrivant au sol. Ainsi, encore aujourd’hui, il y aurait une centaine de laotiens qui meurent chaque année en marchant par mégarde sur un de ces engins, ou en labourant leurs champs. Les États-Unis ont reconnu ces ravages l’an dernier et financent des opérations de déminage.
Musée d'histoire du Laos
Tout le long de mes déambulations, je suis rentré dans plusieurs temples. Vientiane ayant été ravagée en 1838 par les Siamois, la plupart des temples ont été reconstruits plus tard et ne sont donc pas très vieux. C’est le Vat Sisakhet qui est un paradoxe historique, à la fois le plus ancien et le plus récent temple de la ville ! Le plus récent car fondée en 1819, mais le plus ancien car c’est le seul qui ait échappé aux destructions de l’armée du Siam. Il y a une grande cour carrée, une place, un cloître, appelez-la comme vous voulez, et tout autour, sous des préaux, s’abritent des bouddhas. Pléthore, pleins, des bouddhas en abondance. Il y en a des petits, disposés deux par deux dans des petites niches, puis des plus grands, qui montent la garde. Quelques uns sont abîmés ou décapités. Au centre de la cour, un espèce de temple avec des peintures murales plutôt jolies, mais elles s’effritent tandis que trois bonhommes tentent de les restaurer dans le calme et la sérénité. Le bâtiment abrite un long nâga en bois qui sert à arroser les bouddhas pendant le nouvel an lao. Le nouvel an ici, c’est en avril, le Laos utilise le même calendrier bouddhiste que la Thaïlande.
Des Bouddhas au temple Vat Sisakhet.
Le deuxième temple qui a suscité mon intérêt, c’est le temple Vat Ho Phra Kèo. Construit à l’origine au XVIe siècle, en ruine, le temple visible aujourd’hui a en fait été reconstruit en 1936. C’était un temple important, en effet il abritait le fameux Bouddha d’émeraude, celui qui est maintenant à Bangkok. Aujourd’hui, ce sont des bouddhas de bronze, en train de méditer dans diverses positions, mais aucun rapport avec le kamasutra.
Au Vat Ho Phra Kèo
Pour continuer l’inventaire (c’est mon côté scientifique qui ressort !), il y a le Vat Simuong qui n’est pas le plus jolie temple de la ville, mais le plus fréquenté par les fidèles. Si le temple d’origine date de 1540, le bâtiment actuel a été construit en 1915. Il est considéré comme abritant l’esprit protecteur de Vientiane. En plus, l’un des bouddha aurait le pouvoir d’exaucer des vœux. Mais moi je ne lui ai rien demandé, comme cela, je suis sûr de ne pas être déçu. Les habitants viennent apporter des offrandes, ils confectionnent des trucs en papier et avec des fleurs, c’est jolie, ça sert à rien, mais peut-être que ça leur rapporte des bons points pour leur vie future. Pendant ce temps, un groupe est assis autour d’un moine, ils discutent pendant que certains s’amusent avec un bout de ficelle dont la signification m’échappe.
Que font-ils avec leur ficelle ?
J’aime bien me trimballer dans le parc autour des temples. L’ambiance est tranquille et paisible, c’est mon côté zen. Il y a souvent des vieux arbres, majestueux, tels les pipals, l’arbre du bouddha qui a pour nom latin Ficus religiosa. Le symbolisme de l’arbre est toujours très présent dans les imaginaires, les religions du monde entier. Ses racines puissent vers le sol, la Terre-mère, tandis que ces branches s’étirent vers le Ciel, le Supérieur. Et puis il y a aussi de magnifiques fleurs dont je vous épargnerai le nom puisque je ne le connais pas.
Dans un coin il y a des enfants qui s’amusent, sous le regard bienveillant des parents, assis à côté d’une statue d’un démon, peut-être pour effrayer les mauvais esprits.
En m’éloignant encore, je longe une grande avenue bordée de cocotiers, et à l’extrémité de l’avenue il y a un arc de triomphe. Le monument est un peu inspiré de l’arc de triomphe à Paris, mais dans le style laotien. Il a été construit à partir de 1957 en hommage aux personnes ayant combattu contre la France pour l'indépendance du pays.
Le soir, je suis allé au marché de nuit, au sud de la ville, au bord du Mékong. Enfin un peu d’animation dans cette ville ! Tout le monde est là ! Je peux m’installer à une petite table dans un restaurant improvisé au bord de la route. Sans le savoir (je le découvrirai quelques jours plus tard), j’ai mangé le plat national laotien, le laap (ou larb) : c’est une salade de viande (on peut choisir porc, poulet ou bœuf) avec pleins d’herbes fraîches, différentes salades et des feuilles de menthe par exemple, le tout avec des épices et une sauce vinaigrette qui n’en est pas vraiment une. Pour accompagner le tout, il y a du riz gluant (sticky rice) qu’il est plus facile de manger directement avec les mains qu’avec des baguettes.
Au marché de nuit.
Une jupe traditionnelle laotienne, laquelle vous préférez?
Une fois repus, je vais donc au marché, il y a des étals de vêtements, de textiles, des tenues traditionnelles pour les femmes. En effet, la plupart des filles du Laos, jeunes ou âgées, portent une longue jupe, en fait un sarong en soie ou en coton. Mais je porte mal la jupe, alors j’ai opté pour l’achat d’un tee-shirt. Il y a aussi des étals d’objets d’artisanats, des peintures, des souvenirs pour les touristes, et bien sûr, le plus important, la « street food ». Je peux trouver un coin pour prendre une bière, les laotiens sont calmes, mais j’ai l’impression que le soir, ils aiment bien faire la fête. Au bord du Mékong, le marché de nuit dans le dos, c’est aussi un bel endroit pour apprécier le coucher du soleil, un peu plus à l’ouest.
Coucher de Soleil sur le Mékong : en face, la Thaïlande.
Au petit matin, je suis allé à la boulangerie française et je me suis régalé de délicieux croissants avec du beurre et de la confiture, un café noir et un jus d’orange fraîchement pressé. Un instant de bonheur et de réjouissance.
Quand je voyage, j’aime aller faire un tour au marché : animé et coloré, je n’étais pas déçu. Au milieu des légumes que je rencontre fréquemment en Chine, il y en a quelques uns que je ne sais pas identifier. Tout le long de la rue stationne ces drôles de tuk-tuks chimériques, une moitié de moto à l’avant à laquelle on a soudé une espèce de charrette métallique à l’arrière, le tout formant un tricycle. 
A côté, il y a la gare routière, celle pour les bus locaux. Et il y a une dame qui vend des sandwichs, à mi-chemin entre la flûte et la baguette, en terme de diamètre. Mais j’ai déjà mangé et je veux aller à Xieng Khuan mais je ne sais pas quels bus prendre. Je demande autour de moi, je tourne, je vais et je viens, je demande à plusieurs chauffeurs. Le problème c’est que je ne sais pas prononcer le laotien. J’essaie de prononcer le X à l’européenne, puis à la chinoise, et je parviens finalement à trouver le bon bus. Une heure de trajet pour 25km. A un moment donné, il y avait même des bouchons, chose que je n’avais encore jamais vue à Vientiane. C’est que je suis à proximité du pont de l’amitié, le seul pont permettant le passage vers la Thaïlande voisine.
La dame et ses sandwichs
Des divinités au Xieng Khuan
Le site Xieng Khuan est surnommé bouddha park, c’est un espace vert avec une multitude de sculptures issues de la mythologie bouddhistes et hindouistes. Elles ont été réalisées par un moine en 1958. Il y a une énorme boule de pierre, avec une gueule béante par laquelle je peux pénétrer. A l’intérieur de la boule, c’est l’enfer, mais je peux emprunter un escalier étroit pour accéder au sommet de la boule, à l’air libre, c’est le paradis. De là haut, j’ai une vue sur l’ensemble du parc. Une belle occasion de contempler le paysage et de vous inviter à la suite du carnet de route au Laos, lors du prochain billet.
A bientôt.

Commentaires

Anonyme a dit…
Si le Royaume de Siam est de l'autre côté du Mékong je crois que tu as trouvé le "Chemin qui mène au peuple heureux ...
Manset ne disait-il pas :
Celui qui voit le monde par tes yeux,
Celui-là peut-être il peut être heureux."

A l'heure des croissants un joli petit billet qui met de bonne humeur, qui nous dit que tu vas bien, bref qui fait plaisir .

Bises Le voyageur hypothétique