Le jour où j’ai arpenté une montagne en forme de meule de blé : Gansu (6)

Chemin dans les prairies de Sangke
Aujourd’hui voici le dernier billet concernant mon périple au Gansu. C’était donc début août que j’ai passé ma dernière journée à Xiahe, puis, mon amie devait aller prendre un train pour rejoindre sa province natale, plus au sud de la Chine. Mais avant de partir, elle m’a organisé une excursion dans les prairies de Sangke, avec trois autres filles du dortoir, avec qui j’ai partagé les frais du taxi collectif.
Homestay, Sangke grasslands - La chambre à coucher, les yaourts, la salle de bain en plein air
Ces prairies semblent moins belles et moins sauvages que celles que nous avions traversées en bus, lors du trajet entre Tongren et Xiahe. Il y avait peu d’animaux dans les pâturages, toutefois, le coin est mignon. J’ai fait une longue randonnée dans la journée sur le chemin, avec des prairies sur ma droite, des prairies sur ma gauche, des pâturages, et loin devant moi, il n’y avait que des prés, tandis que derrière, c’est la steppe. Aucun arbre.
Nous avons passé la nuit en homestay avec une famille. Des nomades qui ne sont plus des nomades. Nous avons un peu rigolé avec les enfants, mangé une soupe des nouilles et des yaourts au lait de yak. Enfin, pour dormir, c’est très pratique, un lit à partager pour tout le monde !
Nous étions venus ici en parti pour contempler le ciel nocturne, à l’abri de la pollution lumineuse, mais un gros orage a éclaté dans la soirée, et le ciel est ensuite resté couvert toute la nuit.
Pour conclure le voyage, je suis passé par Tianshui (天水), au sud du Gansu, mais plus vers l’est. Je n’ai pas visité la ville, même si il parait qu’il y a des choses à voir, la ville était une étape le long de la route de la soie, entre XiAn et Lanzhou. Mais j’y ai seulement dormi et goûté à une spécialité de nouilles. Au lieu de visiter la cité, je suis allé dans un site assez renommé, à quelques kilomètres de la ville, dans la campagne. Il s’agit d’œuvres sculptées dans des grottes à flanc de montagne.
Le Mont Maiji
Le Mont Maiji (麦积山) est une montagne circulaire, un pic solitaire en pleine nature qui surgit du sol, un peu à la manière de la devils tower aux États-Unis. Le nom chinois peut d’ailleurs se traduire par meule de blé. Et ici, il y a des arbres.
Aujourd’hui, je vous passerai des détails sur son origine au Crétacé, les effets de l’érosion et tout ça, peut être que certains pensent que la montagne a été façonnée par une divinité tandis que d’autres proposent plutôt l’intervention d’extra terrestres. Il serait dommage de heurter certaines susceptibilités. Mais venons-en à la période historique. L’intérêt de la montagne, en plus de sa forme particulière, vient en effet de l’ensemble de grottes bouddhiques, percées dans la montagne et des sculptures de pierre et d’argile, ainsi que des peintures murales. D’après ce que j’ai compris, l’origine du site se trouverait au moment de l’époque des 16 royaumes (entre 304 et 439 de notre ère, avec la dynastie des Liang et celle des Wei du Nord, entre autres), à un moment où le bouddhisme s’est développé dans cette région. Le site a pu être choisi en raison de son aura spirituel particulière.
Puis, le site s’est construit sur plusieurs siècles, les grottes témoignant de l’histoire de différentes dynasties. Chaque dynastie régnant en Chine voulait poser son empreinte en construisant une nouvelle statue ou en rénovant les sculptures existantes. Ainsi, des sculptures datent de la dynastie Zhou du Nord (557-581), la dynastie Sui (de 581 à 618).
Les statues sont de toutes les tailles, des petites mais aussi des bouddhas géants.
Aujourd’hui, c’est un site très touristique, probablement celui où il y avait le plus de monde lors de ce voyage au Gansu. Il fait parti s’un ensemble de quatre sites célèbres : les grottes de Yungang à Datong où je suis allé, celle de Longmen à Luoyang que j’ai visité, et enfin celle de Mogao à Dunhuang que je n’ai encore jamais vu.
Afin de contempler les statues d’au plus près, il y a des escaliers suspendus à la montagne. Certains visiteurs, à cause du vertige, avançaient tout en restant collés à la paroi de la colline. C’est ce qu’on appelle longer les murs.
Il y aurait plus de 7 000 statues qui sont réparties dans 194 grottes, mais pour dire la vérité, je ne les ai pas compté. La roche étant très friable, certaines des sculptures ont été abimées par le passage du temps. Quelques statues ont aussi été endommagées par le tremblement de terre du Sichuan en 2008. Mais de nombreuses statues sont relativement bien conservées. Avec leurs visages aimables parfois, accusateurs d’autre fois, j’ai un peu le sentiment d’être observé.
C’est la fin du voyage et je vais manger des nouilles pour mon dernier soir à Tianshui. Sur la table, il y a une théière et je m'en sert un verre. Mais en pensant déguster un thé, je m’aperçois que le goût était très différent, c'était du vinaigre... Pour info, les nouilles, c'est 面条 (miàn tiáo). Je prends une bière aussi, 啤酒, ça se prononce píjiǔ. C’est la fin des vacances. Je ne sais plus si je vous ai déjà raconté à propos des verres à bière en Chine, ils sont minuscules.
Le lendemain, je prends le train pour retourner à Shanghai, un voyage de 27 heures, dans un wagon couchette. Mais cela, c’est une autre histoire.
A la gare
Les plats au resto, entre 10 et 15 yuans (1€50 à 2€)
Un ticket de bus

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