Bienvenue chez les ch’ti nois

Au mois de novembre, Pékin organisait le sommet de l’APEC, et, afin de diminuer la pollution de l’air et offrir un ciel bleu aux dirigeants des différents pays invités, la circulation automobile a été réglementée, des usine ont été fermées et des chantiers arrêtés. À cette occasion, on m’a dit que je pouvais prendre trois jours de congés, alors je suis allé dans le nord, là où il fait froid et où les chinois, « y parlent comme ça ».
Au Nord, c'était les corons. Au Nord Est de la Chine, c’est la Mandchourie avec une province difficile à prononcer, le Hēilóngjiāng (黑龙江 rivière du dragon noir) et la province de Jilin (吉林) à la frontière avec la Corée du Nord. Alors bien sûr, en quatre jours je n’ai pas pu explorer un territoire plus grand que la France mais j’ai visité seulement deux villes.
Je prends le train de nuit et arrive le matin à Haerbin 哈尔滨, c’est la capitale de la province au nom difficile à prononcer. Mais elle est également surnommée « Moscou d’Orient », ou bien « Paris d’Orient » en raison de son architecture, ou bien la « Ville de Glace ». Parce que les hivers sont rigoureux ici et la température peut descendre à -30°C. Ce n’est pas encore la période, mais en janvier, il y a un fameux festival de sculpture sur glace. Par ailleurs, Harbin est une escale de l'une des lignes du transsibérien, elle est aussi célèbre pour sa bière !
Le quartier, en travaux, de la gare de Harbin, un gros bâtiment stalinien en béton gris, ne laisse pas présager une ville élégante. Au cours du siècle dernier, la région a été influencée par les conflits avec ses voisins tels que la Russie et le Japon. Ainsi, Harbin surprend par ses quartiers anciens au centre-ville, avec une architecture baroque, d’influence russe, d’aspect presque européen. Zhongyang Dajie est une grande rue piétonne, pavée, et je peux m’y attarder longuement, sans être confronté aux embouteillages automobiles. Il y a des boutiques de vêtements, et des magasins de souvenirs avec des poupées russes et autres bibelots du folklore soviétique.
Architecture baroque de la Rue Zhongyang Dajie
Suite à la révolution russe de 1917, des réfugiés viennent s’installer à Haerbin, dans les années 1920, il y avait également une communauté juif de 20 000 personnes. Le dernier est décédé dans les années 80, mais il reste aujourd’hui une synagogue transformée en galerie d’art. Non loin de là, il y a une mosquée mais elle ne semblait pas être utilisée.
Il reste également des églises orthodoxes avec des dômes en bulbe, la plus imposante est la cathédrale sainte Sophie qui trône au milieu d’une grande place entourée de pigeons volants. Plus loin, il y a un temple bouddhiste imposant que je n’ai pas pu visiter. Je suis arrivé à la noirceur, au moment de la fermeture. Je rentre à l’auberge de jeunesse, j’ai un lit dans un dortoir pour quatre, mais je suis tout seul. Le soir, l’un des aubergistes pousse la chansonnette. Une chanson qui parle des gens du Nord qui ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors. Les chinois aiment chanter ! 
Des bâtiments à Harbin, une synagogue et une mosquée
Il y a une grosse rivière, un fleuve, qui traverse Haerbin, c'est la rivière Songhua. Tout le long du cours d'eau, c'est le parc Staline.
J’ai découvert par hasard une ruelle animée, loin de l’ambiance de Zhongyang Dajie (c’est un peu les Champs Élysées de Harbin), mais typiquement chinoise, ou on peut trouver toutes sortes de fruits et légumes, des poissons, des mets et substances non identifiés et des poules.
J’ai une amie qui habite à Jilin, alors j’ai profité de l’occasion pour aller lui rendre visite. J’ai donc passé deux jours à Jilin, une petite ville de province, enfin je dis cela car mon amie s’excusait tout le temps comme quoi Jilin était une toute petite ville avec pas grand-chose à voir… Il y a quand même 4,5 millions d’habitants ! Mon amie vient me chercher à la gare, et c’était plutôt agréable, je la suis dans les rues animées autour de la gare, un peu perdu mais même si je perds le nord, je n’ai pas de souci à me faire !
Nous nous promenons dans la ville, malgré le froid (il fait déjà -7°C en ce début novembre, c'est le vent du nord). Jilin est une ville moins développé sur le plan économique, ce n’est pas Shanghai ! Mon amie a un salaire ridiculement bas en comparaison des standards français, elle aimerait peut-être trouver un autre travail à Pékin dans l’avenir. Toutefois les grues et les grandes tours en béton poussent comme des champignons à la périphérie de Jilin.
Vue de Jilin de l'appartement de mon amie
Nous avons visité des parcs et différents restaurants de la ville. Alors c’est rigolo, il y a une spécialité du Nord Est de la Chine, c’est la choucroute ! C’est un plat traditionnel fait à partir de choux fermenté, grâce aux fameuses bactéries Leuconostoc mesenteroides et Lactobacillus plantarum (je dis cela pour le lecteur micro-biotique). Le chou nous viendrait effectivement de Chine, d'où il aurait été rapporté, suivant les versions, par les Mongols et Tatars, qui après s’être heurté aux genoux à la muraille de Chine, faites de gros cailloux, se sont dirigés vers l’Europe ; par Attila et ses Huns, le chou fermenté sous la selle ou sous les aisselles, jusqu’en Alsace ; ou dans les valises de Marco Polo avec les spaghettis.
La choucroute
Pendant ce temps, la Chine devient la première puissance économique mondiale. Bien sûr, il faut relativiser et diviser cette richesse par les 1,3 milliards de chinois, et moi, et moi, et moi. La Chine fait partie des pays où les écarts de richesse sont les plus grands. Le fossé est important entre les villes industrielles et les campagnes, mais aussi entre les différentes provinces de la Chine. Le salaire minimal à Pékin ou Shanghai est autour de 200 euros, alors qu’en Europe, il est de 180 euros en Roumanie et 160 en Bulgarie. Afin de relancer l’économie, le gouvernement chinois tente d’augmenter régulièrement les salaires. Certes, l’économie chinoise a connu de remarquables succès ces dernières années. Néanmoins, la croissance chinoise semble ralentir, les problèmes de corruption et la pollution restent importants, et, face à la rareté des ressources, il faudra bien que la Chine choisisse un nouveau model de développement économique pour préserver la qualité de vie de ses habitants.
Alors tous les chinois espèrent avoir leur part du gâteau. Attirés par les lumières de la ville, ils veulent tenter leurs chances à Beijing ou à Shanghai, par exemple. Alors je vous conseil deux très beaux reportages de Zoé Varié, diffusé sur France Inter il y a deux ans. Tout d’abord, il est impossible de rester insensible au charme de la voix de Zoé, elle qui fait de la radio par amour de l’autre. De plus, cette série de reportage sur la Chine propose deux rencontres, avec deux jeunes chinoises de Pékin. Enfin, cela vous permettra peut être de découvrir la langue chinoise, la parole, toujours essentielle dans les reportages de Zoé.
Ici, le portrait de Tsing Tsing est plein d’optimiste même si elle a eu un début difficile dans une usine, elle est plein d’espoir dans une nouvelle vie.
Wem Wem semble, elle, plutôt pessimiste et raconte les déceptions de sa vie, ses rêves et sa difficulté à trouver sa place dans la société. 
Je vous souhaite une bonne écoute et à bientôt.
Pour les curieux, en bonus, voici les photos de mon voyage dans le Nord.
Encore en train de manger...

Commentaires

Unknown a dit…
harbin a des allures de Budapest, étrange, on ne s'attend pas à çà en chine
bon Noêl chinois
cath