Le Yunnan

A partir de Kunming, j'ai pris la direction de Dali, un peu plus à l'ouest, en prenant le train de nuit. Les trains chinois sont propres et d'une ponctualité incroyable, j’appellerai ça la rigueur chinoise. Tout est en caractère chinois sur le tableau d'affichage, mais heureusement avec le numéro du train je peux trouver sur quel quai me diriger. La gare chinoise est presque l'opposé extrême de la gare indienne. Tout est organisé, tout est calme, propre, net, régulier. Mon billet est contrôlé une première fois à l'entrée du quai, puis à l'entrée du train et enfin une dernière fois dans le train, ce qui doit compliquer la vie des fraudeurs ! Une hôtesse se tient à l'entrée de chaque porte des wagons, ce qui donne un côté très officiel, la rigueur chinoise. A l'intérieur des trains chinois, les contrôleurs(euses) font également le ménage quand besoin est, vident les poubelles... Le matin, tout le monde est réveillé par une petite musique douce, zen, dont le volume augmente régulièrement.
Gare de Kunming
Le train termine sa course dans la nouvelle ville de Dali pas forcément intéressante. Le lonely planet me dit qu'il faut prendre le bus numéro 8 pour rejoindre la vieille ville de Dali et ça fonctionne !
Dali se situe à 1900 m d'altitude, à l'ouest, il y a des montagnes, à l'est c'est le Lac Erhai. La région de Dali est habitée par la minorité Bai et la vieille ville de Dali est intéressante à visiter pour son architecture caractéristique et ses fortifications, probablement pas d'origine mais reconstruites. La ville est aussi réputée pour son marbre.
Au nord de Dali, il y a le site des trois pagodes, qui elles sont originales, elles datent du IXe siècle. Autour, une suite de temples de constructions plus modernes agrémentent la visite. Toujours très poétique, c'est le Temple d'Admiration pour la Divinité !
Après Dali, je suis monté plus au nord, à Lijiang. La vieille ville de Lijiang est magnifique, avec des maisons en bois, des rues pavées en pierre, de jolis petits ponts traversant des rivières, c'est la ville romantique pour les Chinois. Mais c'est aussi la ville extrêmement touristique de la région, il y a un monde fou dans ces ruelles, c'est comme le Mont Saint Michel ! Là aussi, l'authenticité n'est pas au rendez-vous, on sent bien que la vieille ville à été en partie reconstruite, il n'y a pas vraiment de vie ici, pas d'habitants, mais seulement des touristes, des restaurants, des boutiques de souvenirs et des tams-tams !
Ça c'est vraiment rigolo, il y a plein de vendeurs de djembé à tous les coins de rue et les chinois aiment bien taper de l'instrument avec plus ou moins de réussite. Oui les Chinois sont très nombreux, parce qu'en Chine, sur les sites touristiques, près de 100% des touristes sont Chinois. Mais j'ai toutefois pu échanger quelques mots d'anglais avec un groupe de Coréens qui se fondaient dans la masse ! Il y a les Chinois en voyages organisés, ça fait des grands groupes en files indiennes ; il y a aussi les groupes de copains, plus jeunes, la culture du groupe semble importante ici ; il y a ceux qui viennent juste en couple et profitent du décor pour faire des photos romantiques ; mais il y a aussi des chinois routard en sac à dos.
Vieille ville de Lijiang
Autour de Lijiang, je suis allé visiter des villages un peu plus authentique, avec des vrais gens qui habitent dedans. Il y a beaucoup de personnes âgées et il semble ne pas s'y passer grand chose. A Baisha, il y a le Dr Ho, un taoïste herbaliste renommé ! Il y a aussi une série de palais et de temples en bois, vraiment anciens pour le coup, avec des fresques représentant le Bouddha assez jolies. Shùhé est un autre village dont l'architecture ressemble à celle de Lijiang, mais avec moins de touristes.
La région de Lijiang est habitée par la minorité Naxi, ils ont leur propre langue et aussi un système d'écriture pictographique. Il est encore possible de voir des femmes en costume traditionnelle, bleu, noir et blanc, dans la région.
A partir de Lijiang je rejoins facilement le site des Gorges du Saut du Tigre (Hǔtiào Xiá en chinois) : une randonnée de deux jours longe les gorges parmi les plus hautes du monde : au fond, c'est la rivière Yangzi qui coule à environ 2000 mètres d'altitude, elle est encadrée par des escarpements de 2000 mètres plus haut, et le sommet de la montagne Yulong Xue Shan atteint même 5596 mètres ! Le Yangzi qui n'est encore ici qu'un gros torrent de montagne deviendra le plus long fleuve d'Asie ! Dans le bus qui nous mène au début du sentier, je rencontre un couple de français en tour du monde, un troisième français qui voyage tout seul en Chine, mais pour ses vacances régulières, et un espagnol qui voyage sans prendre l'avion : il est parti d'Espagne et il a mis 10 mois pour arriver en Chine, en traversant la Turquie et l'Asie centrale.
Nous voilà donc parti gaiement sur les sentiers...
Tiger Leaping Gorge
Les français prendront un chemin différent après la randonnée, mais avec Luis, l'Espagnol, nous voulons monter plus au nord en direction de Shangri-La. En chemin, nous nous arrêtons dans un petit village, Baishuitai où nous passerons la nuit dans une famille. Il y a deux enfants qui font un peu des bêtises, mais qui sont tout de même contents que l'on soit là ! Le soir, la dame nous emmène dans sa cave pour nous montrer ses légumes, et c'est comme cela que l'on peut choisir ce que l'on va manger ! A Baishuitai, il y a des sources qui forment des terrasses calcaires que nous voulions voir, mais au final le plus sympa en voyage est toujours d'aller dormir dans les villages un peu isolés, la Chine rurale n'est pas la même que la Chine urbaine.
La ville de Zhongdiàn a été renommée Shangri-La en 1997 en référence au roman de James Hilton Lost Horizon. Pour compliquer le tout, Shangri-La a aussi un nom tibétain, Gyalthang. En effet, la région appartient en réalité au Tibet mais s'est retrouvée dans le Yunnan lors du découpage des frontières. Shangri-La est à une altitude de 3200 m, mais c'est tout de même une ville de 120 000 habitants avec beaucoup de Chinois Han, mais aussi des tibétains. Les panneaux de circulation et les devantures des magasins sont bilingues chinois tibétains, Shangri-La, c'est un peu comme le Finistère ! Tous les soirs, deux places sont animées par de la musique et des danses, tout le monde en cercle, c'est un peu comme le Fest-noz ! Je précise que ce n'est pas la première ville où j'observe ce phénomène, les chinois ont l'air d'avoir du fun !
Juxtaposé à la vieille ville, il y a un temple avec un moulin à prière géant, il faut au moins 25 personnes pour arriver à le faire tourner ! Un peu plus loin, sur une colline, c'est le temple des cents poulets, ce sont des poulets sacrés ! En Inde, c'était les rats, alors pourquoi pas les poulets... Dans les croyances et les superstitions du bouddhisme tibétain, il y a tout de même un peu d'Inde... Le temple offre en outre une belle vue sur la ville.
Shangri La
Juste à quelques kilomètres de la ville, je suis allé voir un complexe de monastères tibétains, le Songzanlin Gompa. Près de 600 moines vivraient ici, ils semblent bien cachés ; mais les intérieurs des monastères sont vraiment somptueux, avec des peintures tibétaines très colorées, des divinités du bouddhisme tantrique et des bouddhas géants.
Shangri-La, c'est aussi la porte d'entrée pour aller randonnée en montagne en s'approchant encore un peu plus du Tibet... Voilà une belle idée de prochain article...

Commentaires

Le voyageur hypothetique a dit…
Comme tu ne parles toujours pas de retour, je t'ai trouvé un petit bout de Louise Attaque qui te collerait bien à la peau :

Février en Chine, quelle joie quelle chance
on a marché regarde bien plus loin
que nous le laissaient penser les apparences
est-ce que l'on reste, est-ce que l'on revient?


Bien sûr que l'on reste, c'est une évidences
au bout du monde...


au bout du compte on reste un bout de la France
au bout du monde ici on se sent bien


Le vo