Welcome to Maine


Samedi matin, je suis bien matinal, me voilà levée bien plus tôt qu’un jour de travail. Pourtant je n’ai point prévu de passer au laboratoire afin de lancer une expérimentation scabreuse ce matin. Après un petit déjeuner rapide, il faut partir cependant. Le soleil se lève, la journée promet d’être belle mais pourtant l’atmosphère est angoissante. Le Maine m’attend, ça a t’il encore frappé. Je quitte Sherbrooke, en plein vers l’est, par la route 212, jusqu’à Woburn. C’est là qu’il y a le poste frontière pour rentrer aux Etats-Unis, directement dans le Maine. Les deux douaniers m’interrogent sur mes intentions et contrôlent mon passeport. Que vient faire un français à ce poste frontière au milieu de nulle part. L’un me pose des questions tandis que l’autre fouille la voiture. Entre l’accent américain du gardien et mon accent français prononcé, la conversion n’est pas des plus fluides. Did you have an old passport before ? Non, c’est mon premier, celui que j’ai fait faire justement pour venir au Canada. Il contrôle son ordinateur et me repose la question plusieurs fois. Non je suis certain que c’est mon premier passeport, seul ma carte d’identité était nécessaire pour se déplacer en Europe avant ça. C’est lors d’une illumination soudaine que je me suis souvenu que je m’étais fait effectivement voler un passeport 15 jours après en avoir pris possession. C’est ainsi que j’ai tenté d’expliquer dans mon anglais approximatif que j’avais complètement oublié cette période de ma vie depuis ce matin.
Mon cas devenait louche; qu’est ce qu’allait faire un français dans le Maine avec seulement dix dollars américains et quarante livres sterling en poche ! En effet pendant ce temps l’autre gardien trouvait dans mon sac des objets dont j’ignorais l’existence, dont ces 40 livres datant d’un précédent voyage. Toutefois, après ces discussions, on m’a proposé de me scanner mes deux index ainsi que de me prendre en photo. Me voilà maintenant fiché auprès de l’administration américaine, je peux rentrer sur le territoire.
J’avais aussi des vivres afin d’éviter d’endurer la faim au cours du périple, deux bananes et une grappe de raisin. J’ai eu l’autorisation de conserver les bananes mais le raisin ne pouvait pas traverser la frontière, j’ai malheureusement avec regret dû m’en séparer.
Le premier village dans lequel je pénètre dans le Maine, c’est Coburn Gore. Il paraît toutefois un peu excessif de parler de village, en réalité il y a deux maisons, peut être celles des deux gardiens. C’est ainsi que j’amorce mon périple dans le Maine. Au début… il n’y a juste rien. La route défile au milieu de la forêt pendant pas mal de kilomètres, le paysage est parfois agrémenté d’un lac ou d’un marais puis au fur et à mesure, il s’enrichit d’une cabane abandonnée ou bien d’une ferme. Même les panneaux de circulation sont inquiétants. Je continue plus au sud, et c’est ainsi que j’ai commencé à traverser plusieurs bourgades du Maine. Plusieurs villages typiques, la plupart des maisons sont en bois donnant un caractère un peu amish au lieu. Quelques boutiques peuvent longer la main street, un general store, une station service, et toujours, plusieurs églises. La radio m’a proposé essentiellement de la musique country pendant ce voyage mais aussi du gospel de temps à autre. Je ne sais pas si c’est la période de pâque qui voulait ça, mais dans tous les cas, Jesus Christ était bien présent dans les paroles. Cette fois, je suis vraiment dans l’Amérique profonde, je pourrais être le personnage d’un roman de Stephen King qui décrit un monde tout à fait réaliste du Maine rural dans lequel se déroulent des phénomènes extraordinaires.
J’ai pris de nombreuses photo reflétant ma vision, forcément subjective du Maine car je suis un imparfait de l’objectif. Et afin de les rendre encore plus effrayantes et de vous mettre la chaire de poule, j’ai décidé de les mettre en noir et blanc. Cependant, j’ai pris soin d’éviter Castle Rock, la dernière fois que ce village avait fait parler de lui, les habitants s’étaient entretuer entre eux. C’est en soirée que j’ai atteint Bangor.
Si la journée était plutôt ensoleillée, à quelques kilomètres de Bangor le ciel s’est toutefois obscurcis. J’approchais en effet de la source mystérieuse et lugubre si particulière au Maine. C’est à Bangor qu’habite Stephen King et c’est avec angoisse que j’ai osé m’approcher de sa maison. Les ténèbres de la nuit approchant, j’ai préféré me trouver un abris pour dormir. Je voulais au départ refaire une expérience de couchsurfing pour ce voyage. C’est audacieux et téméraire de ma part, dormir chez l’habitant dans le Maine et rencontrer un séquestreur de post-doc, un tueur d’enfants ou bien la réincarnation d’une puissance maléfique. Je m’y suis malheureusement pris un peu tard et je n’ai pas contacté assez de personne pouvant m’héberger pour cette fois. Je me retrouve donc au Motel, typiquement nord-américain mais moins rigolo. C’est en prenant soin de nourrir mon estomac que j’ai eu le plaisir de discuter avec une américaine intriguée par cet accent bizarre.
Au cours du voyage, plus je descendais vers le sud, et plus la densité de la population augmentait. Me voilà finalement vers l’océan, mais pour le coup, la région est moins sauvage que plus au nord. De plus, la loi littorale qui préserve nos côtes bretonnes est inexistante en Amérique du Nord, c’est donc un peu la déception. Des propriétés privées tout le long de la côte et un accès à la mer difficile. Alors bien sûr, il y a belle espace protégé, c’est l’Acadia National Park. Accessible essentiellement à pied, la place mériterait grandement d’y rester plus longuement à la belle saison. Je me suis également attardé vers Penobscot Bay, Boothbay Harbor, les villages côtiers comme York, Kennebunks et Kittery. J’ai tout de même trouvé des endroits sympas, de jolies plages au coucher du soleil, retrouvé des algues à marée basse et enfin des phares. Je n’ai pas eu assez de temps pour tout voir comme d’habitude, je me suis plus concentré vers les villages côtiers et je n’ai pas pris le temps d’aller à Portland, la plus grande ville du Maine qui présentait sans doute quelques attraits. Le récit est maintenant terminé, j’ai tracé la route du parcours ici, et il ne vous reste plus qu’à observer les photos ici. Prenez garde toutefois, certaines pourraient bien être hantées. Rien ne dément en effet qu’un maléfice ne se soit incrusté aux différents clichés.

Commentaires

Zawir Al-Hamidi a dit…
Maine is the best place to be.
Anonyme a dit…
j'ai beaucoup aimé tes photos qui m'ont replongée un instant dans l'univers de mon auteur préféré à savoir le grand John Irving.Tous ses romans se situent dans le maine ou le new hampshire ( la prochaine fois il faudra que tu pousses jusque là cela n'a pas l'air loin de sherbrooke ).encore des maisons en bois bien délabrées pour certaines mais toutes majestueuses...on ne fera pas aussi grand.cath.
côté sud a dit…
de Dylan:
Bonjour bonjour ça va ? J'espère que oui.Bon on te fait de gros bisous et on te souhaite aussi bonne chance.
a+++++++++++++++++++++++++++++++

Nous découvrons grâce à toi le Maine ; côté architecture plutôt tristounet, heureusement que les douaniers sont là pour mettre un peu de piments dans les bananes !!! Bonne ballade, bisous Isa
Hey Man you'r under arrest !
Fred69 a dit…
De frederic.delolme@libertysurf.fr
Bonjour,
Nous planifions un voyage en famille cet été sur l'Est américain avec escapade à Montréal et Québec. Nous redescendrons de Québec à New York sur 3 jours et pour l'nstant nous hésitons sur le trajet à suivre. Soit via le Maine et Portland soit via Sherbrook et le Vermont. Vos photos du Maine sont vraiment belles et montrent beaucoup de nature constratée. Avez-vous expérimenté ou des idées quant à une escapade du Côté sud-ouest vers le Vermont ? En tous cas, bravo pour votre blog et bonne continuation. Fred