Une année à Shenzhen

Une publicité dans le metro de Shenzhen
Depuis presque un an, nous vivons à Shenzhen et je voulais aujourd’hui vous parler de cette ville, le tout illustré par quelques photos.
Shenzhen symbolise un peu le « miracle chinois » ou comment une ville est passée, en 40 ans, d’une zone de marécage à l’une des mégalopoles les plus grandes et dynamiques du monde.
En effet, après la mort de Mao en 1976, Deng Xiaoping lance un programme de modernisation de l’agriculture, de l’industrie, de la défense nationale, de la science et de la technologie. La Chine commence à s’ouvrir au monde. C’est en 1980 que s’ouvrent les premières zones économiques spéciales avec Xiamen dans le Fujian (une ville à visiter qui aura droit bientôt à son article), Shantou, Zhuhai et donc Shenzhen. Depuis cette époque, Shenzhen multiplie les constructions et la croissance économique est phénoménale.
Vous voulez en savoir plus sur la ville, vous souhaitez connaitre comment on vit ? Vous pouvez donc continuer à lire cet article.

Un peu de géographie

Shenzhen est dans le Guangdong, au sud de la Chine, à l’est du delta de la rivière des Perles, tandis que Zhuhai est à l’ouest du delta, et Guangzhou, un peu plus au nord. Au sud de Shenzhen, c’est Hong Kong, autant dire que la région est l’une des plus densément peuplée au monde !
Shenzhen est une ville allongée de 40 km de long pour la partie « centre ville » et près de 80 km en comptant la partie suburbaine, elle est divisée en huit districts.
Le dessous des cartes. Shenzhen, où c'est que c'est?
Nous vivons dans le district de Luohu, le « vieux Shenzhen », non loin de la bordure avec Hong Kong. C’était autrefois une place où était concentrée des usines avant qu’elles migrent à l’extérieur du centre ville et c’est maintenant un quartier commercial avec de gigantesques shopping mall, des restaurants mais c’est aussi surtout résidentiel et il reste encore de nombreux vieux immeubles qui n’ont pourtant pas plus de 40 ans mais qui ont l’air vieux et insalubres. C’est le contraste de Shenzhen, comme une dichotomie, entre des bâtiments ultra moderne et des quartiers vétustes, un peu comme l’une de ces villes d’un film de science fiction.
Le district de Futian est le « business district » avec des immeubles modernes, des tours de fers et de verres qui s’élancent vers le ciel, c’est le quartier de la finance. Avec son emplacement central, c’est aussi le quartier le plus cher de la ville pour se loger.
Le district de Nanshan abrite les entreprises high tech et Internet, c’est la silicon valley chinoise. C’est également un quartier résidentiel, en bord de mer, et c’est aussi là où il y a les universités. Pour vous rendre compte de l’immensité de la ville, le district de Nanshan à une superficie un peu supérieure à celle de Paris, tout comme les deux districts précédents. Les autres districts sont encore plus grands.
Futian : le Ping An Finance Centre, avec 599 mètres, le plus haut building de Shenzhen
Avec little Miss Tiny, nous prenons le métro pour nous déplacer d’un district à l’autre, les trajets sont longs pour traverser la ville de part en part, mais le métro est propre et tout neuf. Avant de monter dans le métro, il faut montrer pattes blanches, des caméras de surveillance scannent nos visages, ainsi le gouvernement peut connaître nos habitudes de déplacement et épier où nous allons. Les sacs sont également scannés et si nous avons l’infortune de trimballer une bouteille d’eau, il faut également la passer dans une machine où bien en boire un peu ostensiblement devant le gardien. Comme je trouve cela insupportable, nous prenons aussi parfois le bus, c’est moins contraignant.
Le district de Bao’an est un centre industriel, il y a aussi l’aéroport, mais c’est loin de chez nous, en fait, on n’y met jamais les pieds. Pour être complet, les autres districts sont, dans le désordre, Longgang, Yantian et Guangming.
La plupart des habitants de Shenzhen sont des migrants, ils viennent de toutes les provinces de la Chine ce qui est plutôt intéressant. La moyenne de la population est jeune. Par exemple, au labo, je suis le plus âgé de la bande et les collègues de little Miss Tiny sont aussi ici depuis quelques années, après avoir fini l’université. Les salaires à Shenzhen sont également plus élevés que dans le reste de la Chine, mais les écarts sont toutefois gigantesques entre un ouvrier et un cadre d’une entreprise par exemple. C’est vrai qu’il y a de nombreuses berlines flambant neuves qui paradent dans la ville, mais, s’il n’y a pas d’extrême pauvreté, une grande part de la population, la classe moyenne, doit travailler dur ou s’endetter pour payer loyer ou achat d’un appartement et l’école pour les enfants.
Les immeubles s'illuminent, un soir à Futian

La vie à Shenzhen

Au bout d’un an, je trouve que la vie est peut être plus agréable à Shenzhen qu’à Pékin ou Shanghai. Evidemment, Pékin et plus intéressante sur le plan monument historique et quartier populaire à voir, mais il y a, d’une part une pollution terrible, et d’autre part, une culture rigide car c’est la capitale, le centre du pouvoir du parti unique chinois. J’aime bien Shanghai, avec son côté plus « occidentale », l’ancienne concession française, la proximité de Hangzhou et des villes d’eau. Toutefois, les Shanghaiens sont considérés par les autres chinois comme un peu froids, arrogants ou outrecuidants. Shanghai est la ville la plus riche de Chine, et les habitants ne veulent pas se mélanger aux autres « barbares » de la Chine.
Des joueurs de carte dans la rue
L’hiver à Shenzhen est agréable, il ne fait pas froid, ni trop chaud, mais l’été est lui très chaud et humide. Il y a ainsi une végétation luxuriante, en plus, ce sont des arbres qui conservent leurs feuilles toute l’année. Il y a de nombreux parcs, dispersés un peu partout en ville, certains assez grands pour satisfaire la population en besoin de verdure le weekend.
Nous aimons aller au parc Lianhuashan, au nord du district de Futian, pendant le weekend. Nous allons pique-niquer et jouer au badminton. Beaucoup d’habitants viennent ici avec un cerf-volant. Au milieu du parc, il y a une petite montagne dont nous pouvons faire l’ascension. Au sommet, c’est un peu comme le Mont Royal à Montréal, nous pouvons contempler la ville et ses gratte-ciels. Au sommet, il y a également une grande statue de Deng Xiaoping. Il est en train de marcher. On peut le photographier, par contre, il y a un gardien qui fait des remontrances si des personnes se font photographier en posant devant la statue.
Le parc Lianhuashan, des arbres majestueux et la sculpture de Deng Xiaoping
La vue au sommet de la colline
Le district de Futian abrite aussi un grand bâtiment aux formes contemporaines, c’est le Civic Center qui héberge des bureaux du gouvernement, mais aussi un musée que nous avons visité. Tout autour, il y a de grandes places et lorsque nous y allons le weekend, nous voyons souvent des groupes de danseurs qui s’entraînent. Il y en a pour tous les goûts, de la danse classique chinoise au hip-hop en passant par la salsa.
Il y a aussi une grande bibliothèque et une librairie dans le coin, c’est peut être l’une des plus grandes librairies au monde. J’y vais parfois pour errer dans les rangées de livres et les caractères chinois. Il n’y a pas de livres en anglais ou en français, et j’ai toujours cette impression étrange, même si j’ai progressé, d’être un analphabète. Il y a beaucoup de monde dans cette librairie, certains s’installent ici pour la journée, assis au milieu des rangées, prenant le frais tout en bouquinant.
La gigantesque librairie
Nous aimons également aller vers OCT bay harbour, c’est une zone piétonnière, et nous pouvons longer le bord de mer tout en regardant la skyline de Shenzhen qui se dresse à l’horizon. Des petits groupes viennent aussi ici prendre un bain de soleil ou se reposer à l’ombre des arbres, tandis que d’autres improvisent un air de guitare ou une chansonnette.
Se rafraichir un été à shenzhen
Pendant l’hiver, il y a des oiseaux migrateurs qui passent quelques temps au bord des côtes, notamment plusieurs espèces de canards. Non loin de là, il y a une mangrove, cet espèce de marais maritime aux arbres les pieds dans l’eau. Nous allons patauger à l’intérieur pour voir les choses de plus près et prendre quelques photos.

Au marché, tu peux tout trouver

Souvent nous allons au marché pour acheter légumes et fruits et comme nous sommes dans le sud, il y a une plus grande diversité de fruits et légumes frais que dans le nord. Nous allons aussi au marché pour acheter viandes et poissons. En Chine, il n’y a pas de viande emballée dans des barquettes, nous devons choisir nous-mêmes notre morceau avec le boucher. Aussi, ici, un peu tout le monde tripote la viande avec ses doigts pour comparer et choisir le morceau convoité. C’est pourquoi nous ne cuisinons pas de rosbeef bien saignant mais nous faisons bouillir la viande un moment ou bien nous la faisons frire à la poêle.
Nous ne sommes pas loin de la mer, et près de la maison, nous avons un grand marché couvert, de poissons et fruits de mer. J’aime y aller autant pour me promener que pour aller faire des courses. Il y a toute une palette de couleurs et d’odeurs, des étalages de saveurs et tout cela se mélange dans une ambiance un peu chaotique.
Little Miss Tiny fait les courses
Il est frais mon poisson, il est frais !
Pendant que litlle Miss Tiny est en train de marchander l’affaire du siècle, je déambule dans les étales comme dans un musée d’histoire naturelle. Avec de drôles d’espèces animales que je ne connais pas, la biodiversité se parade devant mes yeux. Il y a ici toutes sortes de coquillage, de crabes et de crevettes aux couleurs chatoyantes, des poissons qui tournent en rond dans leur aquarium.
Little Miss Tiny a choisi des crevettes. Nous aimons toujours les bons repas, soit cuisinés par nous-mêmes, soit dans un restaurant agréable, un boui-boui ou une gargote du coin. La nourriture chinoise, c’est tout un programme ! D’ailleurs, cela fera l’objet du prochain article.
A bientôt.

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