Bienvenue chez les chtis-nois : Jilin au nord de la Chine

A Shenzhen, il n’y a pas vraiment de saison. Mais nous avons profité de quelques jours de congés pour la fête nationale pour monter au nord et avoir un aperçu de l’automne.
Nous avons pris l’avion jusqu’à Changchun, la capitale de la province de Jilin, puis nous avons pris le train jusqu’à Jilin, une autre grande ville de la province et de là, quelqu’un est venu nous chercher en voiture pour aller jusqu’à Shulan, au nord de la province.
La famille de little miss tiny est là-bas, à Shulan, son pays natal.

La campagne à Jilin

Shulan est une ville à la campagne, avec de nombreux immeubles en bétons, neufs et laids, et d’autres en construction. De nombreux habitants préfèrent prendre un appartement plus confortable plutôt que de rester dans les maisons des villages. C’est le cas des parents de little miss tiny, depuis un an, ils vivent maintenant en appartement.
Le riz a été coupé devant le village
Nous avons toutefois visité la maison familiale. Toutes les maisons du village sont un peu semblables, elles sont construites sur le même modèle, en briques et en béton, par le père de famille aidé des voisins, il y a une trentaine d’années. Elles émergent des champs de maïs tout autour. Il n’y a qu’un seul étage, un couloir traverse la maison et sépare deux pièces principales. Au fond, c’est la cuisine. Les deux pièces principales sont légèrement surélevées par rapport au couloir. Elles servent à la fois de salle à manger, d’espace de vie et de chambres. Pendant les longs mois d’hiver, il fait très froid dans le nord de la Chine, et ces pièces sont chauffées par le dessous en faisant brûler du charbon ou des tiges de maïs. C’est le huo kang (火炕), qu’on pourrait traduire en français par lit-poêle chauffant.
La province de Jilin est couverte de grandes plaines fertiles, c’est plat avec un air de Saskatchewan. L’agriculture est centrée sur le riz, le maïs et le sorgho. Dans les villages autour de Shulan, les habitants récoltaient le riz quand nous y étions. En chemin nous pouvons discuter avec des ouvriers, la maman de little miss tiny est connue dans tout le village et elle me sert d’interprète.
Le riz coupé est déposé en motte dans le champ pour commencer à le faire sécher, il sera ramassé ensuite. Les maïs qui commençaient à devenir secs sont récoltés à l’heure où j’écris ces lignes avant l’arrivé de la neige.
Ici c'est du sorgho
Les chinois ne cultivent pas que du riz, et la Chine est le deuxième producteur de maïs au monde après les États-Unis. Dans la province de Jilin, ce sont des petites exploitations familiales et la récolte a lieu en famille. Little miss tiny me raconte que lorsqu’elle était petite, elle aidait ses parents pour ramasser les maïs. C’est un travail rude et difficile en l’absence de machine agricole.
La récolte du riz à Shulan
Nous avons beaucoup mangé durant ce séjour à Jilin, et pas que du riz et du maïs. Little miss tiny m’avait dit que ses parents ne mangeaient que deux fois par jour, un copieux petit-déjeuner et le dîner plutôt en milieu d’après-midi. Mais lorsque j’y étais, on me proposait à manger toutes les heures ! La maman m’a préparé des spécialités locales. Elle fait de la choucroute, qui trouve son origine non pas en Alsace mais dans le nord de la Chine. Elle a découpé les feuille de choux en Julienne qu’elle plonge avec de l’eau dans un gros pot en terre, puis après avoir assuré l’étanchéité, elle dépose une grosse pierre sur le dessus pour faire du poids. Il faut attendre plusieurs jours, des bactéries se chargent ensuite de la fermentation et donneront le goût et l’odeur caractéristique du met. Mais bien sûr, pas besoin d’attendre tout ce temps, la maman de little miss tiny en a préparé à l’avance et nous la mangeront ensemble le soir venu. 

A table !

Tantes, oncles, cousins, toute la famille est invitée et rassemblée autour de la table. Tous les plats sont sortis au même moment et recouvre totalement la table au centre du salon. Au centre de la table, c’est le plat de poisson, qui est un symbole de chance et de prospérité. Pendant que je goutte de tout, on me pose des questions. En tant qu’étrange étrangeté, j’éveil la curiosité et c’est little miss tiny qui sert d’interprète.
Le jour suivant, nous sommes allés au restaurant, à Shulan. Toute la famille est assemblée autour d’une grande table ronde. Un plateau tournant au centre de la table nous permet d’accéder aux plats à tour de rôle. La bière est servie dans un petit verre à peine plus gros qu’un verre à shooter. C’est vrai que c’est plus facile pour toaster, il faut boire cul-sec : ganbei !
Au petit-déjeuner, nous mangeons les restes de la veille avec du riz. Il y a donc du poisson, du tofu, du sang de cochon en forme de boudin, du foie et du chou. Moi j’ai conservé mon côté français, et je manque des croissants et de la confiture. Bref, j’aime commencer la journée en douceur avec du sucré. Alors je me rabats sur une préparation à base d’ail et de vinaigre sucré que j’utilise pour parfumer mon riz.
Entre les repas et les champs de riz et de maïs, nous avons aussi fait le tour d’autres membres de la famille, qui habitent des maisons du village décrites plus haut. Bien sûr nous sommes conviés à manger. Un gros poêle chauffé au feu de bois permet de cuisiner à l’extérieur, puis nous installons tous les plats sur une table basse et nous mangeons assis en tailleur sur le « kang » de la maison.
Assis sur le kang dans les maisons
Le soir, nous sommes allés au KTV, le karaoké, c’est l’un des divertissements les plus populaires en Chine, alors je n’ai pas pu y échapper. Nous nous installons sur un canapé dans un salon privé. Un écran tactile permet de sélectionner des chansons, en chinois ou en japonais, le micro est fournit et il faut régler le volume très fort. Ensuite tout le monde peut s’exercer avec plus ou moins de talent pour chanter sa chanson préférée.
Lors de ce séjour, nous sommes également allés à Changchun, la capitale provinciale. C’est une grande ville industrielle et universitaire, c’est là que little miss tiny a fait ses études, après avoir récolté le maïs. A Changchun, nous avons visité un parc forestier et, à la nuit tombée, un pont animé avec des effets de jets d’eau et de lumière. Ville grise pendant la journée, ils tentent d'ajouter un peu de féerie pendant la nuit.
Changchun n’est pas une ville avec une longue histoire à la différence d’autres villes chinoises, elle a pris son essor à la fin du XIXe siècle, avec la construction du transmandchourien par les Russes. Plus tard, pendant l’occupation japonaise, Changchun a été le siège du gouvernement fantoche de Manzhoukuo et le lieu de résidence de Puyi, le dernier empereur de Chine.
Les illuminations à Jilin et à Changchun

Dans la forêt

Une autre fois, nous sommes allés un peu plus au nord de la province de Jilin, il y a des forêts et c’est un peu vallonné. Je me retrouve dans un paysage canadien, les arbres arborant leur parure d’automne avec des feuilles ayant virées au brun, au jaune, au doré et au rouge. En chemin, nous gambadons avec des coccinelles qui ont décidé de naître toutes au même moment. Elles forment de véritables essaims et s’accroche à nos vêtements. Moi je m’amuse à compter les tâches noires sur leur carapace et je note que certaines, plus rares, sont noires avec deux tâches rouges. Un bel exemple de génétique des populations à étudier mais avec little miss tiny nous continuons dans un endroit moins couru pour prendre des photos.
Dans un autre bois, nous trouvons au sol un tas de noix de Grenoble, enfin je ne suis pas sûr pour l’appellation, mais en tout cas c’était bien des noix entourées de leurs péricarpes noirs. Nous en ramenons un peu à la maison et plus tard, nous tombons sur un producteur de miel et j’en achète un pot.
Nous sommes aussi passés rapidement par un village où ils cultivent des champignons noirs, ceux couramment utilisés dans la cuisine chinoise. Ils sont cultivés sur des espèces de buches artificielles en copeaux de bois déposé dans des champs si j’ai bien compris. J’aurai aimé avoir  un peu plus de temps pour en savoir un peu plus.
Culture de champignon
Pour terminer, nous avons fait une étrange escale dans un « village russe ». Il n’y a en fait aucun russe dans les parages et j’ai en fait entendue un enfant qui s’est exclamé, « ho un russe » en me voyant ! En réalité, quelques habitants auraient migré en Russie pour travailler il y a longtemps. Maintenant, il y a un gros monument en plastique rouge arborant la faucille et le marteau à l’entrée du village, ainsi que des poupées russes géantes. Il m’était difficile de savoir si le site était un projet en construction ou un projet abandonné. En tous cas, il n’y avait aucune animation et les bâtiments étaient déserts. Mais nous nous sommes amusés à poser pour faire quelques photos accompagnés de ces poupées géantes.
Le périple est maintenant terminé et vous pouvez retournez à vos occupations habituelles.

Commentaires

mamounette a dit…
Tu n'étais pas trop perdu au milieu de tous ces ch'tis-nois? Ç 'est quand même une grande famille !
bernadette a dit…
tu es quand même bien français et pas Russe mais on te remarque au milieu de cette grand famille qui t'a adopté