Tissage du toit pour la maison |
Hsipaw est une petite ville dans l’Etat Shan, au nord-est du Myanmar. La région est habitée majoritairement par les Shans, mais aussi par les Palaungs et d’autres minorités.
A l’hôtel j’arrive à avoir une photocopie d’un plan simplifié de la ville et je m’engage ainsi sereinement dans les rues. Sereinement, mais toutefois sur mes gardes, car si la ville n’est pas grande, il y a pas mal de circulation, tout le monde est à califourchon sur sa bécane, mois je les appelle des mobylettes, mais l’engin est toutefois plus puissant. Et tout ce beau monde se déplace ainsi dans l’anarchie et un brouhaha permanent. D’ailleurs, non loin de mon hôtel, un magasin vend des mobylettes flambants neuves, toutes alignées le long de la route, de toutes les couleurs, avec le carbu à l’air et le pot chromé, elles attendent leur destrier. Ici, un peu tout le monde roule à moto, le jeune qui va au travail, la mamie sortant du marché ou l’enfant à un âge ou moi-même je commençais à faire du vélo sans les roulettes avec un mélange de fierté et d’inquiétude.
Toutefois, en m’éloignant du carrefour principal, j’arrive rapidement dans des zones plus tranquilles.
La rivière vers Hsipaw |
Étonnante architecture végétale et minérale |
Le jour suivant, j’ai choisi de partir en randonnée tout seul en direction de Pan Kam et je démarre les hostilités de bonne heure et de bonne humeur. En chemin, je peux demander la direction aux gens du coin afin de ne pas me perdre. Toutefois, je dois parfois vérifier auprès de plusieurs personnes car les passants m’indiquent parfois des directions opposées.
Je longe à un moment un vieux cimetière dans lequel des vaches broutent paisiblement. Certaines des tombes possèdent des inscriptions en birmans tandis que d’autres sont en chinois. Je m’engage ensuite dans un chemin de terre séchée. Je m’enfonce un peu plus dans la campagne, il y a des bananiers le long du chemin, mais les champs ne sont pas très verdoyants. Je suis en plein dans la saison sèche et ni le riz ni le maïs n’a encore été planté.
Au croisement d’un chemin, deux militaires, assis à l’ombre d’une cabane faite de branchages, surveillent les allez et venues. J’ai lue qu’il y avait quelques tensions entre différentes milices il y a deux ou trois ans, mais maintenant, la situation semble s’être apaisée.
La balade est même plutôt paisible et sereine. Je traverse des petits hameaux, longe des plantations en devenir ou des champs qui attendent l’arrivé de la pluie pour être cultivés. De temps en temps, un buffle mâchouille nonchalamment au bord du chemin. Plus loin, un autre buffle se fait baigner dans la rivière.
J’arrive à un village de chaumières, puis à ce qui fait office à la fois de supermarché et de cantine, sous un cabanon en bois. Une affiche dit qu’il faut luter contre le paludisme et la tuberculose. Une dame prépare des shan noodles ce qui me permet d’avoir une collation avant de poursuivre la marche. Quatre hommes sont attablés et sirotent un thé. Un peu plus loin, deux jeunes filles papotent en même temps qu’elles préparent un nouveau toit pour leur maison à partir de branches et de feuilles séchées.
Je m’éloigne encore dans la campagne, le chemin se met maintenant à grimper, entre les villages je ne croise plus personne et il commence à faire de plus en plus chaud.
J’arrive enfin à Pan Kam, enfin je crois, mais la journée étant bien avancée, je n’irai pas plus loin car je dois penser au trajet du retour. Ici les maisons sont en bois, ou en bambous tressés, le toit est soit en taule ondulée, soit en chaume, je veux dire en feuilles séchées de je ne sais quelles plantes. Certaines maisons sont sur pilotis, le bas est destiné aux animaux, il y a des volailles, des cochons ou des buffles tandis que le haut est l’habitation pour les humains. Comme il fait chaud, je vois que la plupart des habitants sont à l’intérieur en train de discuter ou sur la terrasse à l’ombre devant leur maison. Je croise toutefois un monsieur qui m’appelle « only one man »(1) ; je le croiserai environ une heure plus tard sur le chemin de la descente pendant que lui-même descendait en mobylette et il m’appellera de la même façon.
Dans le village, un enfant joue avec un autre garçon et ils ont l’air de bien rigoler. Le jeu est simple, c’est un peu comme jouer aux boules : un bouchon en plastique sert de cochonnet et il s’agit de lancer sa tatane au plus proche du bouchon en plastique. Puis le jeu évolue, il s’agit alors de lancer sa tatane le plus loin possible.
Je vais me prendre une tatane |
Le village vue du sommet de la colline |
En haut de la colline, un temple est en train d’être bâtie avec des briques. Peut être pour le génie protecteur du village. Ce sont les hommes qui construisent le temple, mais ce sont les femmes qui se trimballent le sable, les briques et l’eau depuis le village jusqu’au sommet de la colline.
Je retournerai ensuite à Hsipaw par le même chemin, afin de ne pas me perdre, et après quelques heures de marche j’arriverai à la nuit tombée pour me repaître d’un repas mérité suivi d’un sommeil réparateur.
(1) Traduction approximative en français : « le gosse qui »
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