L’autre jour, le temps d’un weekend, je suis allé à Pékin, et je suis allé voir le Mur avec mon amie.
Le paradoxe du monde mondialisé actuel, on a à la fois une augmentation des modes de transport et des technologies de communication mais des murs se construisent partout. Il y a des murs de défense, des murs politiques et économiques, mais souvent, des murs qui divisent. Il y a eu le mur d’Hadrien en Grande Bretagne et les limes qui délimitaient les frontières de l’Empire romain, la grande Muraille de Chine, construite pour se protéger des Huns. Plus récemment, c’est la ligne Maginot, le Mur de Berlin, des barrières de séparation à Belfast ou à Chypre, les murs antimigrants, le mur qui sépare Israël et la Cisjordanie ou celui de Trump. Il y a aussi le mur de Planck et les mûres qu’on ramasse pour faire des confitures, mais là, ce n’est vraiment pas le sujet.
Mais il faut bien dire que les murs n’ont qu’une efficacité relative et partielle. S’il suffit d’un dragon pour détruire le mur dans Game of Thrones, les Huns, puis les Mongoles, n’ont eu qu’à contourner la Grande muraille de Chine pour faire leurs petites affaires.
D’ailleurs, on est allé marcher sur le mur. Tel des mouches ou des araignées, nous défions les lois de la gravité pour marcher sur le mur dans une sorte d’apesanteur. Bon, ce n’est pas tout à fait vrai, nous ne marchons pas à la verticale, mais nous marchons sur le dessus du mur.
Marcher sur la plus longue construction humaine au monde, c’est tout de même fascinant. Je l’ai déjà fait plusieurs fois, et cela à différentes saisons et en différents points, et vous pouvez aller voir ici, et là, où je raconte ces expériences enchanteresses. J’avais déjà fait de jolies photos à l’époque.
La Grande Muraille, chángchéng (长城) en chinois, ferait environ 8800 km de long, dont 6000 km de mur. Une étude estime sa longueur totale à 21 000 km, car il y a en fait plusieurs grandes murailles, construites à différentes époques de l’histoire chinoise mais qui n’existent plus aujourd’hui, détruites par le passage du temps.
Au nord de Pékin, il y a des montagnes recouvertes de forêt, et cette muraille qui serpente le long des crêtes des montagnes est un lieu propice à la randonnée. Comme vous le savez, certaines portions ont été restaurées et aménagées pour les touristes. La partie la plus proche et la plus accessible depuis Pékin est envahie de touristes, je n’y suis d’ailleurs jamais allé. Mais les parties plus difficiles d’accès sont peu fréquentées. C’est dans l’un de ces endroits là où j’ai emmené mon amie, sur le site de Jiankou.
Au pied de la muraille, nous avons dormi dans le village de Xizhazi dans une auberge tenue par une famille dont le père est originaire de la province de Jilin, tout comme mon amie. Ils ont ainsi pu se raconter des histoires dans leur dialecte commun.
Mon amie s’imaginait ensuite avoir une maison dans le village, accueillir les voyageurs de passage, cuisiner les légumes du potager. Il faut dire que le cadre de vie est agréable, c’est une jolie campagne, avec du relief, de la verdure, c’est bucolique et l’air est bien moins pollué que celui de Pékin.
Le repas à l'auberge |
Le soir nous dînons à l’auberge, c’est la maman qui nous prépare le repas avec des légumes du jardin. Je prends une bière pour accompagner le tout, à la chinoise, une bouteille de 600 mL accompagnée d’un petit verre shooter. D’ailleurs, mon amie ne boit qu’un seul petit verre, sinon elle devient toute rouge, alors je dois me dévouer pour finir la bouteille.
C’est le lendemain que nous allons crapahuter sur la muraille. Toutefois, nous ne nous sommes pas levés assez tôt pour voir le lever du soleil sur la muraille. Depuis le village, il faut tout d’abord marcher une heure dans la forêt, puis nous atteignons la muraille. Il y a une échelle en bois pour se hisser sur le mur, puis nous pouvons contempler le paysage.
Cette partie de la muraille est dégradée par l’érosion, il faut faire attention où l’on met les pieds et il y a parfois des zones à escalader. Habituellement, les chinois ne sont pas de gros marcheurs mais mon amie a bien marché sans rechigner, même dans les passages difficiles. Avec sa petite taille et son poids plume, elle se faufile entre les roches. Le monsieur de l’auberge lui avait fourni un gant, pour ne pas s’abîmer les mains lors de l’escalade. C’est une fois rentré à l’auberge qu’elle me dit qu’elle avait peur dans les passages délicats.
Le soir, nous retournons à Pékin, puis je prends le train de nuit qui me ramène à Shanghai pour retrouver le labo, mais avec de jolis souvenirs en tête.
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