Je vais vous raconter une devinette : Savez-vous ce qui est vert et qui vit sous l’eau ? Réfléchissez un peu, je vous donnerai la réponse plus bas.
Lorsque je fais le voyage entre la Chine et la France, je survole la Russie et je me dis à chaque fois qu’entre la Mer du Japon et les frontières de l’Europe, c’est quand même pas mal grand. On peut se demander comment les Russes ont conquis un territoire aussi grand. Toujours un peu plus à l’est, dans des zones au climat rude et à l’environnement hostile. Est-ce par une soif d’aventure, un désir de liberté ? Est-ce la déportation dans des camps de travail en Sibérie ou l’appas de richesse à exploiter ? L’influence russe est même présente jusqu’en Chine, quand j’étais allé à Haerbin qu’on surnomme la « Moscou d’Orient ».
Mais de mon côté, lors d’un voyage entre la Chine et la France, j’ai juste fait un arrêt à Moscou. Moscou, une des villes les plus grandes du monde, dans un pays aussi vaste, on a néanmoins l’impression que tous les Russes habitent à Moscou.
Alors la réponse à la devinette, c’est un chou marin. Et pendant qu’on y est, savez-vous ce qui est vert, qui vit sous l’eau, et avec plein d’abeilles sur le dos ?
C’est un chou marin ruche.
Avant de se rendre en Russie, il y a quelques démarches administratives incontournables : avant d’obtenir son visa, il faut avoir une réservation d’hôtel sur place, une preuve d’assurance, une lettre d’invitation, ils appellent ça un voucher. Heu… c’est quoi ? Il faut ensuite remplir des formulaires sur internet puis réserver en avance une visite au centre des visas russes de Shanghai. Avec tout mon dossier bien ficelé j’arrive tout fier au centre des visas, mais comme je ne lit pas le russe, il y a une erreur entre les formulaires que j’ai remplis et le voucher, et je dois ainsi remplir à nouveau tout le dossier. Mais finalement les lourdeurs administratives russes, c’est comme en Chine, il faut juste remplir avec rigueur chaque papier, suivre avec minutie et exactitude l’ordre de la procédure. Et finalement, j’arrive à obtenir le laissez-passer.
Le train rouge puis une station de métro |
J’arrive à Moscou dans l’après midi d’un fuseau horaire entre la Chine et la France, et pour rejoindre la ville depuis l’aéroport, je prends un joli train rouge. Après une heure de trajet, je me retrouve à la gare de Smolenskaya Belorussky, à l’architecture russe et au mur bleu pâle. Comme je suis entouré de caractères cyrilliques que je ne comprends pas, j’ai un peu l’impression d’être dans la même situation que mes débuts en Chine. D’ailleurs, sur le panneau d’affichage de la gare, les noms des destinations des trains sont indiqués en russe et en chinois.
Mais je dois maintenant prendre le métro pour rejoindre l’auberge. Alors au début, j’étais un peu perdu. Il y a la liste des arrêts affiché sur le mur en face du quai. Parmi tous ces mots imprononçables, je dois déchiffrer celui qui semble ressembler le plus à la station que je veux rejoindre. Plus tard, lors d’un changement de métro, une connexion, en pensant suivre le numéro correspondant à la ligne que je voulais prendre, dans les dédales de couloirs souterrains, j’ai en réalité suivie le numéro correspondant à la sortie de la station. Il n’y a pas de retour possible, je dois ainsi m’acquitter d’un autre ticket.
Une autre caractéristique du métro de Moscou, c’est que j’ai l’impression d’entamer un voyage au centre de la terre. Pendant que j’emprunte un escalator qui m’emmène dans les profondeurs, je me demande comment faisait les moscovites du siècle dernier, ils devaient se taper 1 km d’escalier à pied à chaque trajet de métro !
Par ailleurs, au pied de chaque escalator, il y a une mamouchka qui surveille si tout se passe bien.
Par ailleurs, au pied de chaque escalator, il y a une mamouchka qui surveille si tout se passe bien.
Les palais souterrains |
Je suis également impressionné par la fréquence des métros, toutes les 30 secondes, j’en entends un qui arrive et qui s’arrête. D’ailleurs, il y a un monde fou, c'est l'heure de pointe, je suis là au moment où chacun sort du travail pour retourner chez lui. Dans la catégorie de métro transportant le plus de passager au monde, celui de Moscou arriverait à la deuxième place après celui de Tokyo.
Si l’idée de construire un Métro à Moscou émerge dès 1870 sous l’impulsion d’un tsar, c’est seulement en 1931, sous Staline, que débute la construction, la première ligne est ouverte en 1935. Mais en plus de sa profondeur et de sa fréquence hors du commun, il y a encore une autre originalité que je souhaite aborder : la beauté de ses stations. J’étais vraiment surpris, moi je voulais juste rejoindre mon auberge depuis la gare, mais en fait je peux vraiment flâner dans les stations de métro, même avec mon sac de 20 kg sur le dos. C’est un chef d’œuvre architectural, avec ses différentes stations, dans le style baroque, réalisme soviétique, art déco, du marbre, des dorures, les couleurs, l’éclairage idéal, c’est le palais des russes. Les galeries sont voutées, il y a de grands lustres au plafond, on y aurait presqu’envie d’y danser une valse. Le décor de chaque station est différent. Pour Staline, le métro devait être la vitrine du socialisme, la mise en valeur du peuple. Ce sont des prisonniers du goulag et des paysans fuyant la pauvreté des campagnes qui ont participé à la construction. Sur les murs, des peintures, des mosaïques ou des vitraux, représentent des travailleurs, ailleurs c’est l’étoile rouge ou Lénine en souvenir d’une autre époque. Dans une autre station, il y a des statues en hommage aux révolutionnaires. L'un d’entre eux a un chien, lui toucher le museau porte bonheur. A côté, c’est un coq que les passants aiment caresser, toutefois, il est mois populaire que le chien. Il y a d’autres statues qu’on tripote en Europe, pour avoir de la chance, les pieds, la poitrine, ou même des coucougnettes, mais ici, à Moscou, c’est le museau du chien qui est tout lustré.
Des décorations des stations de métro |
Après la visite de ces palais sous-terrain, je me rends dans mon propre palais, beaucoup plus sobre, l’auberge de jeunesse ou je vais passer la nuit. Il n’y a que des russes et personnes ne parlent anglais mais l’auberge n’était ni trop bruyante, ni trop loin du fameux métro, c’était donc très pratique. Il y avait aussi une grand-mère d’au moins 100 ans, toute voutée, elle marchait à l’aide de deux cannes. Mais elle a passé la nuit dans le dortoir avec les autres.
Moscou la nuit |
Une autre gare de Moscou |
Quelques gratte-ciels soviétiques jalonnent le paysage de la ville, ils ont été construits à l’époque de Staline, avec l’aide de prisonniers allemands et de détenus du goulag. En fait, il y en a sept, surnommés les Sept Sœurs de Moscou. Un autre des bâtiments de ce style est à Shanghai, un jour je vous le montrerais.
Mais à côté de ces grandes avenues, il y a de nombreuses rues avec des bâtiments aux belles façades aux couleurs pastels de bleu, de vert ou de jaune. Je me suis retrouvé plusieurs fois dans des rues piétonnières. A plusieurs coins de rues, il y a des groupes de musiciens : un violoncelle, une contrebasse et une batterie, le tout avec un ampli donnant un son saturé et le violoncelliste arrive à imiter le son d’une guitare électrique et joue des reprises de Nirvana, Michael Jackson et même un thème de Game of Thrones.
Rues piétonnes de Moscou |
De-ci de-là, des artistes exposent leur peinture et bien sûr, il y a également les vendeurs de matriochkas, les fameuses poupées russes. Les plus classiques sont les moins chères tandis que d’autres sont de véritables œuvres d’art, certaines dans le style traditionnel, d’autres plus original. Elles représentent des paysannes, des personnages du folklore russe ou bien Poutine (pas celle qu’on mange). C’est à la fin du XIXe siècle que les poupées russes ont commencé à être façonnées. Elles trouvent leur origine avec l’œuf de Fabergé avec son concept d’emboîtement, et des poupées traditionnelles du Japon. Un mélange d’occident et d’orient à l’image de la grandeur de la Russie. D’ailleurs, ces poupées sont aussi une forme de propagande symbolisant la grandeur soviétique et les valeurs familiales. Des poupées illustrent les différentes nationalités de la Russie qui s’imbriquent les unes dans les autres. C’est aussi un symbole de fécondité, la famille nombreuse, les enfants qui s’imbriquent les uns dans les autres et confèrent un sentiment de sécurité. Enfin, c’est aussi l’idée que les apparences sont parfois trompeuses, une poupée peut en cacher une autre.
J’ai eu beaucoup de chance avec quatre jours ensoleillés et un joli ciel bleu. Je me trimballe le long du fleuve Moskova. Il y a aussi un grand parc où les moscovites viennent se promener ou se prélasser le weekend.
Cathédrale du Christ-Sauveur |
J’ai aussi aimé visiter les églises orthodoxes, les célèbres et les moins connues, l’intérieur est souvent grandiose mais les photos y sont malheureusement interdites.
Mais j’ai fait plein d’autres photos à Moscou, cela sera donc présenté dans le prochain article. Par exemple, je ne vous ai pas encore parlé du Kremlin. Et Moscou recèle d’autres surprises à découvrir.
A bientôt donc, et rester curieux.
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