Un peu plus au far ouest : Gansu (3)

Explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations et, au mépris du danger, avancer vers l'inconnu.
Je prends de nouveau le train, en direction du nord ouest, le long de la route de la soie chinoise pour aller à Jiayuguan (嘉峪关). En regardant par la fenêtre, avec ce paysage lunaire, j’ai l’impression d’être dans un vaisseau spatial. Mais par moment, grâce à l’irrigation, des champs verdoyants apparaissent ici de là. Je descends du train à Jiuquan. Oui c’est complètement stupide, je me suis trompé et suis descendu à la ville précédent Jiayuguan. Je ne m’en suis pas aperçu au début, j’ai pris un bus qui m’a bien emmené au centre ville, mais pas de la bonne ville. Je suis donc allé manger des nouilles afin de méditer un moment, puis il a fallu trouver un bus pour m’emmener jusqu’à l’autre ville. Pour l’anecdote, vers Jiuquan, dans le désert de Gobi, il y a une base de lancement de fusées et satellites dans l’espace, mais que je ne suis pas allé voir. D’ailleurs, je crois que le site est interdit aux étrangers. Non loin de là, il y a également un centre d’énergie atomique, à usage militaire et civil et celui-ci a participé à la mise au point de la bombe atomique chinoise dans les années 1960.
Une fois arrivé à Jiayuguan, je dois trouver un hôtel où il y a de la place. Ici, il n’y a pas d’auberge de jeunesse et aucune information en anglais. Ainsi, il est très important de connaître ces caractères 旅馆 (lǚguǎn), et 饭店 (fàndiàn), qui sont deux mots différents qui veulent dire la même chose, hôtel. A l’intérieur, le plus souvent, les prix des chambres sont affichés à l’accueil, mais le prix réel peut être moins cher, sans même négocier, tandis que d’autres fois, en négociant, le prix reste celui affiché. Ils font comme ils veulent, donc il faut en essayer plusieurs. Comme j’ai fait quelques progrès en chinois, je peux demander s’il y a une place, en mandarin et l’aubergiste peut me parler pendant 30 min, je ne comprends rien, à part qu’au final il n’y a pas de place.
Jiayuguan peut être considéré comme le lieu de la fin de la Grande Muraille de Chine. Ce n’est pas tout à fait vrai, car il existe des vestiges de la Muraille, encore bien plus loin au nord-ouest. Mais au-delà, c’est les contrées lointaines, le far west, la fin du monde civilisé et le lieu d’habitat des barbares. Je suis allé visiter le fort de Jiayuguan, qui est l’attraction majeure du coin. Le fort a été construit en 1372, sous la dynastie Ming, afin de protéger les dernières frontières de l’Empire chinois, bien qu’en réalité, la Chine contrôlait des territoires bien au-delà du fort.
Fort de Jiayuguan
J’ai bien aimé déambuler dans la forteresse qui comprend plusieurs bâtiments dont le bureau du général, un temple et un théâtre. Il y a des attractions pour les enfants, tirer à l’arc, faire du chameau et regarder le défilé de gardes en costume d’époque. Je peux aussi monter et flâner sur les remparts, aller voir les tourelles d’un peu plus prêt. Le musée associé au fort donne des informations, en chinois, sur la route de la soie et les techniques de construction du fort et de la muraille.
Le fort se trouvait aux confins de l’Empire du Milieu, et lorsqu’une personne devenait indésirable, si elle était bannie de l’empire, elle franchissait la porte de l’ouest, pour rentrer dans le désert et ne jamais revenir.
J’ai donc franchit la porte de l’ouest, pour m’éloigner un peu, et avoir un point de vue sur l’ensemble du fort. Au fond, il y a des montagnes enneigées qui font le contraste avec le désert tout autour. Et puis comme je suis particulièrement astucieux et perspicace, j’ai réussi à retrouver mon chemin et franchir la porte de l’ouest dans l’autre sens, et ainsi retrouver la civilisation.
La muraille, tout comme le fort, sont construits à partir du loess, des roches sédimentaires formées par l’accumulation de limons issus de l'érosion éolienne et qui recouvre tous les paysages ici. C’est ce qui donne cette couleur aux bâtiments et aux paysages. Parfois en briques, parfois en torchis.
Je suis allé marcher sur la muraille, en dehors de la ville. Il n’y a pas de transport public pour y aller, je dois négocier avec un chauffeur de taxi pour qu’il m’emmène et revienne me chercher plus tard. La muraille a été construite au XVIe siècle, pendant la dynastie Ming, mais en réalité, la partie sur laquelle on peut marcher a été reconstruite en 1987.
Toutefois, c’est une belle ballade, sous le soleil. Après la muraille, je me suis aventuré un peu plus loin, dans les montagnes sèches et rugueuses.
Plus loin encore, au milieu du désert, il y a des vestiges de la Grande muraille, qui pour le coup paraissent plus anciens. Il y a aussi une gorge plutôt impressionnante, avec au fond, une rivière, venu se perdre et faire son nid, faire son lit, au fond du désert.
Vestige de la Grande Muraille
Une rivière au milieu du désert
Je voulais aller m’aventurer un peu dans les montagnes Qilian que je voyais depuis Jiayuguan. Pour cela, j’ai pu prendre un train pour Jingtieshan (镜铁山). La plupart des voyageurs sont des ouvriers, en fait des mineurs, et pour cause, l’unique existence de Jingtieshan, c’est pour les mines de cuivre et de fer aux alentours.
Un train pas comme les autres
Il y a ainsi un train pas comme les autres, qui serpente dans la montagne un peu désolé, afin de s’y rendre. Ensuite, je peux prendre un bus qui nous emmène un peu plus loin, avec les quelques randonneurs chinois assez courageux pour venir jusqu’ici. Puis, c’est le début des hostilités, je commence l’ascension.
La montagne, ça vous gagne
J’ai beaucoup aimé cette randonnée. Le but, c’est de se rendre à un glacier, le glacier du 1er juillet, c’est son nom, car il a été découvert le premier juillet de l’an 1958. Mais finalement, le plus beau, c’est vraiment tout le chemin pour se rendre jusqu’au glacier. Le vrai but du chemin, c’est le chemin lui-même. La montagne est magnifique, il fait très beau, la lumière est superbe, peut être grâce à l’altitude. Le bas du glacier que j’ai rejoint se trouve à une altitude de 4300 mètres, tandis que le sommet, où je ne suis pas allé, dépasse les 5000 mètres.
J'ai pris plein de photos, en montant, en descendant.
De là haut, je ne voyais pas le mont blanc, mais j’ai pu apercevoir des mammifères poilus qui ne ressemblaient pas au yeti mais plutôt à des marmottes, et aussi, au loin, des genres de chamois locaux.
La montagne, rocheuse, est belle avec ses différentes tonalités de couleur ocre, sépia, parsemée de prairies vertes. J’avale encore un peu plus de paysage, puis il faudra retourner prendre le train qui me ramènera à la ville pour aller manger des nouilles.
Zoom. Soyez attentif, vous apercevrez des espèces de chamois
Pour conclure, je citerai Robert Louis Stevenson : « Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants ».
Vous pouvez cliquer sur les photos pour les apprécier en grand format et si vous aller voir ici, il y a toutes les photos du voyage au Gansu. Toutefois, attention aux spoilers ou divulgacheurs en québécois.
A suivre…

Commentaires

Sabrina a dit…
Photos absolument magnifiques qui ont balayé mes derniers petits doutes :) !

Next stop : la Mongolie Intérieure ;) ??
mamie a dit…
tu m'étonnes encore suis fière de toi
Anonyme a dit…
merci pour les infos....qui nous ont confirmé l'envie d'y aller