Un peu plus à l'oued...

Aït-ben-Haddou
Avant le grand départ pour la Chine il me restait encore un peu de temps pour un dernier voyage. C’est par hasard ou par contingence que j’ai choisi d’aller au Maroc. Je n'ai rien préparé, je ne connais pas vraiment le Maroc ni les mœurs des habitants, mais quelques heures après mon choix, j’étais à Marrakech…
Avec d’autres hôtes rencontrés à l’auberge de jeunesse, nous sommes partis en excursion un peu plus au sud, sud-oued en réalité afin de voir un peu les montagnes et le désert. Pour ce faire, nous empruntons la route du Tizi-n-Tichka qui traverse la chaîne de l’Atlas. C’est une route toute en lacet construite dans les années 1920 lors de la colonisation française. Si le voyage commence dans des vallées fertiles, entre culture et champ d’arganier, le décor devient de plus en plus minéral et aride au cours de la montée.
Puis nous voilà au fameux col de route du Tizi-n-Tichka à 2260 m d’altitude et il faut redescendre de l’autre côté de la montagne. Tout le long du trajet il y a des petits villages berbères aux maisons de pisé qui s’intègrent parfaitement dans le paysage. Le long de la route fleurissent également des petits vendeurs de poteries et de minéraux, notamment au niveau des points de vue. Le paysage me rappel parfois le Népal ou le Tibet. C’est promis, si je reviens un jour au Maroc, je partirai en randonnée dans les montagnes de l’Atlas.
Route du Tizi-n-Tickka
Puis nous passons des terres grises aux terres rouges, puis beiges puis les couleurs tendent vers le jaune, c’est la plaine désertique, des palmiers apparaissent et aussi quelques oasis. Grâce à l’irrigation, les habitants peuvent pratiquer l’agriculture ce qui donne de jolies touches de vert au milieu du jaune sablonneux.
Un peu avant d’arriver à Ouarzazate nous allons visiter le ksar d’Aït-ben-Haddou. C’est en fait un groupement d’habitation traditionnel, un ancien village fortifié, qui rassemble des kasbahs en pisé ocre, au bord d’un oued. Le site est particulièrement bien conservé, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Particulièrement populaire, dans son environnement quasi désertique, le site a souvent servi de décor de cinéma tel que les films Lawrence d’Arabie, un James Bond (Tuer n’est pas jouer), La Momie, Gladiator, Prince of Persia ou la série Games of Throne.
Située entre montagne et désert, Ouarzazate est la ville du coin. Elle est connue pour abriter les studios de cinéma Atlas que nous n’avons pas visité. De nombreuses oasis parsèment le paysage tel des îlots de verdure. Leur existence est liée à la présence de l’eau qui est amené des montagnes proches ou qui provient d’une nappe souterraine. Mais entouré d’un milieu hostile et aride, l’oasis ne survit que grâce aux soins des habitants qui entretiennent l’irrigation. Les palmiers dattiers procurent de l’ombre et en dessous sont cultivés des légumes et des céréales.
Nous allons ensuite vers Zagora, le centre administratif de cette région désertique. Le panneau « Tombouctou, 52 jours » rappelle l’époque des grandes caravanes transahariennes. Nous avons fait la randonnée à dos de dromadaire comme de parfaits touristes ! Mais après l’Inde, je maîtrise bien l’animal maintenant ! Et nous avons dormi dans le désert sous la tente. Les habitants locaux sont des berbères, Amazigh comme ils aiment se présenter, ce qui signifierait les « hommes libres ».
Le soir, c’est le tajine, l’heure du thé puis la musique au coin du feu. Mais avec l’absence de pollution lumineuse, c’est la contemplation des étoiles qui est magnifique. Notre Galaxie contient 300 milliard d’étoiles, alors il y a de quoi faire. Plonger son regard dans l’espace, c’est aussi un voyage à travers le temps. Cartographier les étoiles, c’est mesurer les étendues de temps qu’a mis la lumière pour nous parvenir, mesurer l’étendue de l’espace c’est mesurer l’étendue du passé. Dans le passé, le Sahara n’était pas le désert que nous connaissons, il y a 15 000 ans, il a connu une période verdoyante. Le sable du Sahara provient de l'érosion de roches continentales, des anciennes montagnes. Alors assis sur le sable, cette poussière de montagne, les yeux tournés vers le ciel, je deviens un peu plus humble et je me souviens de la célèbre phrase de Hubert Reeves « Nous sommes des poussières d’étoiles ».

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