Me voilà à Kyoto sans sushis

Kinkaku-ji, le Temple d'Or
Je prends le train depuis Nara en direction de Kyoto avec plein de Japonais très polis et courtois ! Par exemple, ici les gens ne crachent pas par terre ! En Asie, c'est assez populaire, la palme revient aux indiens, puis il y a un gradient, les gens crachent au Népal mais moins qu'en Inde, puis ils crachent en Chine, mais moins qu'au Népal. Au Japon, cela s'arrête ! Mais au Japon, il ne faut pas se moucher non plus, cela ne se fait pas ! Les Japonais ne parlent pas au téléphone portable dans les lieux publics, cela ne se fait pas, même si on s'entend qu'ils l'utilisent tous pour s'envoyer des sms ou terminer leurs parties de leurs jeux video favoris !
J'ai choisi d'aller à l'auberge la moins chère de Kyoto, mais elle est très bien placée, au cœur de la ville, à proximité du quartier de Gion. Je rencontre un anglais, c'est un peu original, il vit depuis plusieurs années en Mongolie, il donne des cours d'anglais. C'est sûrement très bien la Mongolie, mais pour le moment, je suis au Japon !
Kyoto a été la capitale impériale du Japon de 794, quand l'empereur prit la décision de la déplacer depuis Nara, pour s'éloigner du clergé bouddhiste, jusqu'au transfert en 1868 à Edo (qui deviendra Tokyo), lors de la restauration de Meiji. Pendant tous ce temps, il s'en est passé des événements, et ils ont laissé des traces ! Ainsi Kyoto est comme un musée à ciel ouvert, avec ses palais, ses sanctuaires, ses jardins, il y aurait aussi 1600 temples disséminés dans la ville ! Plusieurs de ses monuments historiques sont classés au patrimoine mondiale par l'Unesco. Kyoto, c'est la ville des arts, des geishas et du raffinement, du thé. Ainsi le patrimoine architectural et artistique de Kyoto n'a pas d'équivalent ailleurs au Japon. C'est Nicolas Bouvier, qui vécu au Japon, qui disait « Je mettrais volontiers Kyoto au nombre des dix villes du monde où il vaille la peine de vivre quelque temps ».
Quartier de Gion
Kyoto, c'est l'élégance, l'harmonie, le calme et la sérénité, à mille lieux de l'agitation et de l'effervescence de Tokyo. Il n'y a pas de grand building, mais beaucoup de quartiers avec des maisons basses, et aussi parfois des ruelles. Je peux flâner dans le quartier de Gion, qui n'est pas très grand, avec ses maisons traditionnelles japonaises et les portes coulissantes en bois. C'est le quartier des Geishas et Maiko (apprentie Geisha) ! Les Geishas (qui peut se traduire par « personnes d'art ») sont des dames de compagnie raffinées, elles exercent la danse, la musique, le chant, l'art du thé, l'art de la conversation, elles doivent donc aussi avoir de la répartie. Avant 1750, les Geishas étaient tous des hommes pour divertir, l'équivalent des bouffons du Moyen-âge en Europe ; mais depuis 1800, les Geishas sont toutes des femmes. Aujourd'hui, il faut compter plusieurs centaines d'euro pour passer la soirée en compagnie d'une Geisha. Il n'est pas si facile d'en rencontrer, mais j'en ai toutefois vu une dans le quartier. Néanmoins, il est très facile de rencontrer des filles habillées en kimono traditionnel juste pour le fun.
Entrée du Sanctuaire Yasaka
Pas loin de Gion, j'ai aimé découvrir le sanctuaire de Yasaka pour son atmosphère particulière. C'est un sanctuaire Shinto. Il est dédié à Susanoo, dieu des mers et des tempêtes. Comme vous le savez, il y a deux religions au Japon, qui peuvent parfois se mêler, le bouddhisme et le shintoïsme : 84% des Japonais seraient shintoïstes et 71% seraient bouddhistes. Le shintoïsme est un genre d'animisme, avec une croyance aux kamis, des êtres spirituels attachés à la nature, aux animaux, aux sources, aux montagnes, aux phénomènes naturels... Le caractère des kamis est ambigu, il n'y a pas de manichéisme dans la religion shinto ; comme la nature elle-même, ils peuvent inspirer une crainte respectueuse. Si vous regardez le film, le Voyage de Chihiro, de Hayao Miyazaki, vous verrez ce qui arrive lorsqu'on pénètre dans le monde des kamis. Totoro pourrait également être assimilé à un kami. Mais il y a de nombreuses autres divinités liées à la nature dans les films de Miyazaki. Le shintoïsme est également lié à la mythologie japonaise, avec Amaterasu, la désse du Soleil : elle figure sur le drapeau du Japon, sous la forme du disque solaire, elle est l'ancêtre des empereurs japonais, mais une rumeur dit qu'elle serait également une Goa'uld !
Purification avant l'entrée dans le temple
A l'entrée des sanctuaires, il y a toujours une porte, orange à rouge, la torii, séparant l'enceinte sacrée et le profane, puis un petit bassin ou les Japonais peuvent se laver les mains et la bouche, avec une louche, pour se purifier. L'allée qui mène aux bâtiments du sanctuaire est bordée de lanternes, les tōrō. A l'entrée du bâtiment de culte, il y a souvent des statues de chiens, ou parfois c'est un renard (une fois, j'ai vu des sangliers!). En Chine, ce sont des lions, pour conjurer les mauvais esprits. Les Japonais tapent dans les mains pour appeler la divinité, puis après avoir sonner une clochette, ils peuvent faire un vœu. Il est également possible d'écrire son souhait, pour soi, pour les siens ou pour le monde entier, sur une plaque en bois ou en papier.
Les temples bouddhistes au Japon peuvent ressembler à ceux du shintoïsme, mais avec un Bouddha quelque part ! Mais celui qui en possède le plus, c'est le temple Sanjusangendo, avec 1001 statues représentant la déesse Kan'non (Avalokiteshvara, celui qui observe), datant du XIIe et XIIIe siècle. C'est assez impressionnant, il est interdit de prendre des photos, mais on peut toujours demander à google.
Le temple d'or, Kinkaku-ji, initialement construit en 1397, a d'abord été une villa pour un shogun, puis il deviendra un temple bouddhiste à la mort de celui-ci. C'est un des bâtiments les plus célèbre du Japon, voici donc une photo de ma tête avec le Kinkaku-ji en toile de fond !
Le Château de Nijo, résidence des Shoguns est entourée de fortifications, de douves et de jardins de ginkgos et de cerisiers du Japon. C'est un peu un château de Samouraï ! A l'intérieur, il y a de belles peintures représentant des oiseaux, des tigres, des arbres, dans un style très japonais, encore une évocation de la nature. Il y a une salle de réception où il devait déjà probablement à l'époque suivre le protocole de Kyoto !
Château de Nijo
J'ai aussi errer sur le chemin de la philosophie, emprunter par le philosophe Kitarō Nishida, le fondateur de l’École de Kyoto, qui a cherché à marier la philosophie occidentale avec la spiritualité issue des traditions extrême-orientales. C'est une balade calme, au bord d'une rivière où je peux réfléchir à tout le chemin parcouru pour arriver jusqu'ici.

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