A la limite

Dernièrement, je racontais ma traversé de la frontière à pied pour aller aux Etats-Unis sans même m’en rendre compte et j’ai ainsi remarqué l’inconsistance, la virtualité de cette limite séparant deux Etats. Pour certains, les frontières peuvent être assimilées à une zone de rencontre, d’échange entre deux populations, mais elles sont également le produit de rapports de force. En suivant l’actualité, j’ai pris connaissance des tensions existant entre le Canada et la Russie concernant la frontière au niveau de l’Arctique. En effet, au niveau de l’océan, les frontières peuvent être plus floues, enfin il y a une histoire de plateau continental au niveau juridique. En raison des ressources énergétiques et minières, le pôle nord présente en effet un intérêt économique solliciter par ces états. 25% des réserves en hydrocarbure seraient présentes en Arctique ! Au fond de l’Arctique, il y a la fameuse dorsale de Lomonossov. La Russie revendique que cette dorsale est un prolongement de son plateau continental, tandis que le Canada affirme le contraire ! Ces revendications permettraient d’asseoir une propriété et une juridiction du plancher océanique autour de cette dorsale. Il existe ainsi une véritable guerre froide, non pas militaire, mais scientifique entre les deux pays. Ainsi, de nombreux chercheurs, géologues et océanographes cherchent à démontrer l’origine de cette dorsale. Le Danemark propose évidemment que la dorsale est une extension du plateau continentale du Groenland ! Avec le réchauffement climatique et la fonte de la banquise, l’accès à ces richesses est en effet facilité. Le cercle vicieux est ainsi en place, l’exploitation de nouvelles richesses apparues grâce au réchauffement climatique dont la combustion produira encore plus de CO2 qui bouleversera encore plus le climat. Le grand nord canadien intéresse lui aussi les industriels. Là aussi le réchauffement climatique rend accessible des ressources minières et gazières exploitables. Mais les populations locales amérindiennes sont toutefois divisées. L’exploitation des ressources permettrait en effet de donner un emploi aux populations locales et favoriserait le développement économique de la région. Cependant, elle modifierait le mode de vie traditionnel des amérindiens, plus en harmonie avec la nature, avec les effets dévastateurs que l’on peut rencontrer ailleurs (drogue et alcool) tout en menaçant l’écosystème et les équilibres écologiques de la région.
Ces réflexions mettent bien en évidence les intrications entre consommation, croissance, développement, société et environnement. La planète est finie, le gâteau est limité, celui qui s’enrichit le fait forcément au détriment des autres. Et l’Homme dans tout ça ? Il faudra bien trouver le moyen de vivre ensemble sur la planète.
En attendant, ici il a fait 15°C, j’ai déjà eu chaud lors de ma randonnée hebdomadaire ! Une très belle journée samedi, beaucoup de soleil. Les québécois disent qu’ils n’ont plus les hivers qu’ils avaient autrefois. Le lac Memphrémagog est encore gelé toutefois. Avec le printemps c’est le temps des sucres au Québec. Jeudi c’est la fête, nous irons à la Cabane à sucre… A suivre donc.

Commentaires